Donald Trump sera donc le candidat du Parti républicain.
Et si la logique est respectée, il devrait être opposé le 8
novembre prochain à Hillary Clinton qui a toutes les chances de remporter la
primaire démocrate face à Bernie Sanders.
Au vu de qui est Trump, de ses propos injurieux envers tous
ceux qu’il hait – et ça en fait du monde –, de son inculture tant en matière
politique, économique ou dans le domaine des enjeux de la planète, on pouvait supposer
que les médias américains, qui portent une très lourde responsabilité dans la
montée en puissance du démagogue populiste – un peu comme les médias français
ont «fait» le clan Le Pen – allaient rectifier le tir et, surtout, se placer
derrière Hillary Clinton, la seule candidate clairement en faveur de la défense
de la démocratie républicaine, libérale et représentative.
Pour continuer le parallèle avec la France, on ne peut imaginer
une seule seconde que ses médias, si Marine Le Pen est au second tour de la
présidentielle en 2017, ne s’unissent pas autour du candidat démocrate et
républicain qui sera face à elle, qu’il se nomme Juppé, Sarkozy, Hollande, Le
Maire ou d’un autre nom.
Et bien pas du tout!
Dans l’optique d’un duel Trump-Clinton, voilà que ressort
immédiatement la grosse artillerie anti-Clinton dans la plupart des médias
américains qui continuent, en parallèle, à faire une couverture sans précédent
de tous les faits et gestes du promoteur newyorkais, lui offrant des milliards
de dollars de publicité politique gratuite, un comble pour un milliardaire.
Nettement plus grave, ces mêmes médias salivent déjà à
l’empoignade qui va avoir lieu, parlant d’un combat «nasty», c’est-à-dire sale
et méchant avec une envie souvent écœurante.
Mais ce n’est pas le plus scandaleux…
Car voilà qu’une improbable équation a été posée par nombre
de journalistes et d’experts, soi-disant indépendants (on ne parle pas bien sûr
de ceux qui sont publiquement engagés politiquement), comme quoi Hillary
Clinton = Donald Trump.
Oh, évidemment, il ne s’agit pas de dire que leurs
programmes ou leurs dires sont les mêmes.
Mais cela signifie que, selon les promoteurs de cette
équation, la personnalité et le comportement des deux se ressemblent beaucoup.
Sur quoi se base une telle comparaison?
Sur pas grand-chose en réalité sauf sur les attaques sans
fondement que subit Hillary Clinton depuis des années à propos de sa malhonnêteté,
son caractère exécrable, sa volonté de dissimulation et ses secrets
inavouables.
Récapitulons.
Sur son honnêteté, il convient de rappeler qu’elle n’a
jamais été condamnée et que les innombrables enquêtes journalistiques et les
ouvrages à charge n’ont jamais réussi à prouver des agissements malhonnêtes.
Sur son caractère, le plus gros reproche qui lui est fait
c’est qu’elle agit comme… un homme!
Imaginons qu’elle agisse comme une «faible femme» et l’on
est sûr que les mêmes contempteurs seraient les premiers à le lui reprocher,
estimant qu’elle n’aurait pas les qualités pour être la présidente de la
première puissance du monde et la «commander in chief» de la première armée de
la planète.
Sur sa dissimulation, les critiques viennent des
journalistes qui détestent les personnalités publiques qui ne veulent pas se
livrer à eux sans réserve, comme l’extraverti Donald Trump, ou qui ne veulent
pas les séduire, un peu comme le charmeur Barack Obama.
De la viennent d’ailleurs les accusations sur ses secrets
inavouables dont, bien sûr, les enquêtes journalistiques et les ouvrages à
charges n’ont jamais apporté la moindre preuve qu’il en existait.
Un exemple parmi d’autres dans l’acharnement dont elle est
la victime est fourni par cette affaire des emails lorsqu’elle était à la tête
du département d’Etat.
On lui reproche d’avoir gardé une boîte aux lettres
électronique personnelle qui aurait pu permettre à des hackers malveillants,
voire à des puissances étrangères, de prendre connaissance de secrets d’Etat.
Or, tel n’a pas été le cas et les juristes les plus sérieux
disent et redisent qu’il n’y a aucune preuve de son irresponsabilité pour
pouvoir l’attaquer en justice.
Pire, au fur et à mesure des épisodes de ce feuilleton
médiatico-politique sans fin, on apprend que moult hauts responsables ont fait
exactement comme elle, avant elle et en même temps qu’elle, comme les anciens
secrétaires d’Etat républicains Colin Powell et Condoleeza Rice.
Mais cela ne semble pas émouvoir les médias qui, dès qu’ils
le peuvent, ressortent cette histoire pour fragiliser la candidate.
En face, on trouve, comme on l’a dit, un Donald Trump qui
ment neuf fois sur dix selon les statistiques des sites spécialisés dans
l’analyse des propos politiques, qui insulte et qui dit des énormités tout en
flattant les pires instincts humains auprès de foules qui veulent leur revanche
sur tout et n’importe quoi ou qui.
Comment peut-on, dès lors, oser dire ou écrire que Trump et
Clinton sont des personnages qui se ressemblent?
D’autant qu’en l’affirmant, on dédiabolise Trump, on le rend
respectable et donc légitime à être élu.
Si jamais c’était le cas au soir du 8 novembre, on pourra
faire le constat, avec Barack Obama, qu’il doit une fière chandelle aux médias,
non seulement pour l’avoir couvert outre-mesure mais pour avoir affirmé
qu’Hillary Clinton lui ressemblait.
A noter, par ailleurs, qu’en France, toute la droite
radicale et extrême se trouve soudainement décomplexée par les succès de Donald
Trump.
Si l’on est guère étonné que le Front national apporte son
soutien, voire voue une grande admiration à Trump, on est néanmoins surpris
qu’une certaine droite qui jusqu’à présent avait joué profil bas dans ses
accointances avec le parti des Le Pen, grâce à un événement qui se déroule à
plusieurs milliers de kilomètres, puisse montrer sans gêne aucune ses proximités
avec toute la logorrhée populiste et démagogique du promoteur newyorkais.
Ainsi, par exemple, dans les colonnes du Figaro, les
correspondants aux Etats-Unis du quotidien commencent à trouver nombre de
qualités à Trump, tout en s’en prenant constamment à Hillary Clinton, la
représentant en candidate d’extrême-gauche et en reprenant à leur compte toutes
les accusations sur sa malhonnêteté.
Sans parler des «experts» en tout genre des Etats-Unis qui
viennent faire du «Hillary bashing» et de la propagande pro-Trump.
Récemment, un de ceux-ci est venu affirmer que les sondages
avaient tourné en faveur de Trump en sortant le seul, parmi des dizaines et des
dizaines, qui lui ait jamais donné une avance dans les intentions de vote!
Bien entendu, ce fait a été omis dans l’article ainsi que le
fait que l’institut de sondage, Rasmussen, favorisait systématiquement les
candidats républicains.
Rasmussen, rappelons-le, s’était fait connaitre en étant le
seul institut à publier des sondages négatifs sur Obamacare, la loi sur
l’assurance santé honnie par les républicains, au moment où tous ses confrères
montraient justement dans les leurs que les Américains pensaient le contraire…
Pour finir, le plus important, désormais, n’est pas que l’on
aime ou que l’on n’aime pas Hillary Clinton, c’est qu’il n’est pas imaginable
pour ceux qui sont attachés à la démocratie républicaine, de voir un Donald
Trump à la Maison blanche, comme il n’est pas concevable de voir une Marine Le
Pen à l’Elysée.
C’est aussi simple que cela.
Alexandre Vatimbella