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vendredi 27 mai 2016

Présidentielle USA 2016. Les libertariens vont-ils faire perdre Trump?

Le parti libertarien s’apprête à présenter son candidat à la présidence qui sera désigné officiellement à sa convention qui se tient se week-end à Orlando (Floride).
Il s’agira, selon toute vraisemblance, de Gary Johnson, l’ancien gouverneur républicain du Nouveau Mexique et son colistier sera William Weld, un autre ancien gouverneur républicain mais du Massachussetts.
Dans les derniers sondages ce «ticket» obtient 10% des intentions de vote, le double de ce que Johnson obtenait lors de l’élection de 2012 où il était déjà le candidat républicain.
Après le grave échec du sénateur républicain Rand Paul dans la course des primaires en tant que candidat estampillé libertarien, cette candidature à l’élection du 8 novembre pourrait prendre de l’ampleur alors que Donald Trump est officiellement le candidat républicain (il vient d’obtenir le nombre requis de délégués requis), ce dernier n’étant absolument pas compatible jusqu’à présent avec les thèses et les thèmes défendus par le mouvement libertarien.
Or, si l’on compte des libertariens du côté des démocrates, c’est surtout du côté de républicains qu’ils sont nombreux.
Dès lors, celui qui devrait pâtir le plus de cette candidature sera certainement Trump.
Le premier objectif de Gary Johnson sera d’atteindre les 15% d’intentions de vote qui lui permettrait de participer aux débats télévisés de la présidentielle aux côté de Trump et Clinton afin de populariser sa personne et son programme.
Cela dit, jusqu’à présent et malgré la forte minorité de libertariens dans les rangs républicains et dans ceux des «independents» proche du parti de droite, cela n’a jamais permis au Parti libertarien d’empiéter sur les plates-bandes du Parti républicain et rien ne dit que ce sera différent cette année.
Le réflexe légitimiste des républicains qui s’apprêtent à voter en masse pour Donald Trump alors même qu’une forte minorité le déteste montre la difficulté qu’auront les libertariens pour attirer à eux les déçus et les adversaires déterminés du promoteur newyorkais.
Cependant, cette élection présidentielle est tellement atypique qu’on a l’impression que tout pourrait arriver.
Et les dérapages, à nouveau multiples de Trump, pourraient être un événement déclencheur dans le sens d’une migration de nombreux électeurs républicains vers le candidat libertarien.
On n’en est pas encore là, néanmoins.
Dernier épisode abracadabrant, le possible débat télévisé entre Donald Trump et… Bernie Sanders!
Afin de marginaliser la future candidate du Parti démocrate le plus possible, Trump a proposé à Sanders un débat avant les primaires de Californie que ce dernier, tout à sa haine envers la centriste et l’establishment démocrate ainsi que dans son fantasme de pouvoir encore être le nominé à la convention de Philadelphie, a accepté, sachant bien que s’il est organisé, cela rendra encore plus difficile ses relations avec l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama.
Et, déjà, de nombreuses chaînes de télévision se sont proposé de l’organiser…
Le monde politico-médiatique américain joue aujourd’hui à se faire peur et à faire peur au à l’ensemble de la planète, sans bien prendre en compte l’énorme responsabilité qu’il prend.
Car il ne faudrait pas que son irresponsabilité rende de plus en plus sceptiques les citoyens du monde entier sur les qualités de la démocratie républicaine.


Alexandre Vatimbella

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mercredi 25 mai 2016

Présidentielle USA 2016. Trump se dédiabolise à grande vitesse

Comme l’écrit la lettre quotidienne sur les présidentielles du magazine Time, «Le top des leaders, des permanents et des donateurs républicains réfléchissent à deux fois à leurs positions #NeverTrump (#Jamais Trump) après une série de sondages montrant que les électeurs républicains ont plus confiance en Trump qu’en Paul Ryan, le Speaker (président) de la Chambre des représentants (ndlr: qui a été un moment pressenti pour être candidat contre Trump par l’establishment républicain et qui a refusé, pour l’instant, d’apporter son soutien à ce dernier). L'opposition franche contre Trump s'efface rapidement alors que la plupart des républicains se préparent à contrecœur à monter à bord du «Train Trump» afin d’éviter d’être ostracisés par le parti s'il gagne et d’être accusés de sa défaite s’il chute».
Ceci résume bien ce qui se passe actuellement dans le Parti républicain.
Car il faut les voir, tous ces républicains qui juraient, main sur le cœur, qu’ils ne soutiendraient jamais ô grand jamais, cet infâme personnage qu’est, selon eux, Donald Trump, qu’ils ne voteraient pas pour lui, même le nez bouché et les yeux fermés, venir désormais faire allégeance au promoteur immobilier newyorkais avec plus ou moins de forfanterie et de ridicule.
Parmi les plus pathétiques on trouve certainement Megyn Kelly, la journaliste de la chaîne d’extrême-droite Fox news traitée de tous les noms par Trump qui avait même fait allusion à ses règles pour justifier son agressivité supposée à son encontre.
Là voilà maintenant ralliée à ce dernier ainsi que son patron, le milliardaire des médias ultraconservateurs, Rupert Murdoch.
Rien de plus normal, évidemment, personne ne pensait sérieusement que la grande majorité des républicains tournent le dos à celui qui peut gagner la Maison blanche, aussi détestable soit-il.
D’autant qu’il ne l’est pas plus que les membres du Tea Party à la violence et aux insultes constantes ainsi qu’aux menaces de mort récurrentes envers Barack Obama, que les représentants et sénateurs républicains qui bloquent le pays depuis des années au seul motif qu’il faut faire perdre les démocrates sans se préoccuper des intérêts du pays, que les médias conservateurs qui diffusent fausses informations et diffamations en chaîne à tout ce qui n’est pas de leur côté, qu’un Ted Cruz ou qu’un Newt Gingrich.
D’ailleurs, dans les sondages, les sympathisants républicains veulent majoritairement que le parti s’unisse derrière Trump.
De même, une grande majorité d’entre eux s’apprêtent à voter pour lui en novembre.
En réalité, la vague anti-Trump chez les républicains était essentiellement due au fait que le promoteur newyorkais semblait inéligible tant il cristallisait de haine à son encontre et tant il insultait les électorats dont ont besoin les conservateurs pour l’emporter.
Or ce n’est plus le cas.
Donald Trump s’est rapproché d’Hillary Clinton et des sondages le donnent même gagnant.
C’est le cas du dernier en date réalisé par la chaîne ABC et le quotidien le Washington Post.
Si la centriste Hillary Clinton demeure en tête chez les Américains de plus de 18 ans avec 48% des intentions de vote contre 42% à Trump, chez les électeurs enregistrés, c’est le populiste démagogue Trump qui a l’avantage avec 46% contre 44% à l’ancienne secrétaire d’Etat.
Mais ce qui est nouveau et inquiétant à la fois c’est que même des démocrates «conservateurs», les «blue dogs» (démocrates élus dans des circonscriptions et des Etats à majorité républicains), affirment dans un article du magazine Politico, qu’ils pourraient travailler avec Trump s’il occupe la Maison blanche.
Bien entendu, ils demeurent très réservés sur le personnage.
Cependant, ils estiment que certains aspects de son programme ne sont pas à rejeter et peuvent faire l’objet d’un consensus.
Dire cela, il y a quelques mois, pour un démocrate aurait été inimaginable et sans doute sanctionné par les instances du parti.
En outre, le phénomène du changement, bien connu en politique, surtout ces dernières décennies où l’on est toujours tenté de «sortir les sortants» jouera en faveur de Trump puisque la Maison blanche est occupée par un démocrate depuis huit ans et que Clinton se met dans les pas d’Obama, se voulant sa continuatrice, ce qui, aux yeux de certains électeurs, ferait douze ans d’obamisme-clintonisme.
Dès lors, dans le camp républicain qui est frustré de ne pas être au pouvoir depuis longtemps, le phénomène «tout sauf Clinton» couplé avec celui de «un républicain quel qu’il soit» pour enfin gagner joueront à plein.
Et ce réflexe se trouvera sans doute également chez nombre d’«independents» (les électeurs qui se disent ni démocrates, ni républicains) qui ne sont pas uniquement de droite.
Par quel que bout qu’on la prenne, il faut bien constater que l’entreprise de dédiabolisation de Donald Trump et sa volonté de devenir «respectable» tout en continuant à transgresser les règles de la civilité politique à tour de bras, fonctionnent.
Reste à savoir si, une fois qu’Hillary Clinton devenue la candidate officielle du Parti démocrate, les sympathisants de Bernie Sanders la choisiront.
L’histoire nous montre – ainsi que ce qui se passe au Parti républicain avec Trump qui est une des raisons de sa bonne tenue actuelle dans les sondages – qu’après les joutes, parfois sanglantes, des primaires, le candidat officiel parvient à réunir sur son nom une grande majorité de son camp.
Ce sera dans les déperditions de chaque côté que se jouera peut-être l’élection et les démocrates peuvent s’inquiéter de la hargne de Sanders contre l’establishment du parti qui n’est pas de bon augure pour la suite de la campagne de Clinton.
Reste que le plus effarant dans cette élection et que l’on a tendance à oublier c’est qu’un personnage comme Donald Trump puisse atteindre plus de 40% d’intentions de vote et à devenir le candidat officiel d’un des deux grands partis politiques américains.


Alexandre Vatimbella

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jeudi 19 mai 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Trump: réconciliation avec Murdoch dont la chaîne, Fox news, le donne vainqueur!

Rupert Murdoch n’aimait pas du tout Donald Trump.
Le milliardaire ultraconservateur qui a fait fortune dans les médias, avec, notamment, la chaîne d’extrême-droite Fox news, ne voulait surtout pas du milliardaire populiste et démagogue qui a fait la sienne dans l’immobilier, à la Maison blanche.
Il avait même demandé à sa journaliste vedette de Fox news, Megyn Kelly, de mener la charge en attaquant le candidat à la primaire républicaine lors du premier débat au cours duquel, on s’en rappelle, celle-ci lui avait demandé, exemples à l’appui, pourquoi il était si grossier envers les femmes.
Les insultes que Trump avait proféré pendant plusieurs jours envers Kelly pour se venger avaient fait le buzz et avait montré sa misogynie maladive que maints autres exemples ont depuis confirmé.
Mais ça, c’était avant.
Dorénavant, Trump est un bon candidat et fera un bon président pour Murdoch.
Il a même demandé à sa journaliste de faire la paix avec le désormais candidat officiel du Parti républicain.
Celle-ci s’est exécutée sans scrupules et aucun problème déontologique selon ses dires en allant interviewer Donald Trump dans un entretien assez pathétique où ce dernier fait amende honorable avec sa bouche pendant que son regard dit tout le contraire…
Dans la foulée, Fox news sort un sondage où – heureux hasard! – Donald Trump est donné vainqueur de la présidentielle devant Hillary Clinton avec trois points d’écart, 45% contre 42%.
Dans le même temps, l’institut McLaughlin, lui donne la centriste gagnante devant le populiste de droite, 46% contre 42%, soit quatre points d’avance, confirmant la tendance des autres sondages qui la donnent en tête avec un resserrement des intentions de vote entre les deux candidats.
Bien entendu, on peut se poser la question du sérieux des sondages effectués pour Fox news.
Si l’on prend toutes les enquêtes d’opinion effectuées depuis que Trump a annoncé sa candidature, en juin 2015, alors que l’énorme majorité le voit perdant, quelques sondages l’ont donné vainqueur.
Et dans ces quelques sondages, Fox news se taille la part du lion.
C’est aussi le média qui a donné le plus grand nombre de fois Hillary Clinton battue par l’ensemble des candidats à la primaire républicaine…
On se rappelle que lors de la réélection de Barack Obama en 2012, Fox news donnait gagnant son opposant républicain Mitt Romney.
Lors de la soirée électorale, alors que tous les autres médias avaient déclaré Obama vainqueur, Fox news avait continué à dire le contraire, ce qui avait permis à nombre de dirigeants républicains de nier la victoire du président sortant pendant plusieurs jours.


Alexandre Vatimbella

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dimanche 15 mai 2016

Etats-Unis. Présidentielle 2016 - Sondages: Trump s’est rapproché de Clinton

L’histoire des instituts de sondage américains est jalonnée d’erreurs et d’approximations qui viennent de la complexité de sonder un pays comme les Etats-Unis mais également de toute une série de biais sur les échantillons qui sont choisis, voire du sérieux avec lequel sont conduites les enquêtes ou les méthodes utilisées.
On ne parle même pas des instituts qui sont proches des partis politiques et qui brouillent encore plus les cartes en publiant des sondages qui sont souvent plus favorables à leur camp.
Ou bien les médias qui ne publient que ceux qui vont dans leur sens idéologique et partisan.
C’est pourquoi, les deux derniers sondages qui viennent de sortir sur la présidentielle du 8 novembre et qui montrent une montée de Donald Trump doivent être interprété avec précaution.
D’abord parce qu’ils sont encore beaucoup trop loin du scrutin pour donner le sens que va prendre celui-ci.
Ce qui vaut évidemment pour tous les autres publiés jusqu’à présent.
A la même époque, Jimmy Carter battait Ronald Reagan, George H Bush battait Bill Clinton, John Kerry battait George W Bush et Mitt Romney battait Barack Obama…
Ensuite, parce que la récente victoire de Donald Trump aux primaires républicaines lui a donné – s’il en avait besoin de plus! – une couverture média supplémentaire ainsi qu’une dynamique de la victoire qui a toujours eu une répercussion dans les sondages lors de toutes les présidentielles.
D’autant que n’étant plus que le seul républicain en course, il commence à récupérer tout doucement les intentions de vote qui se portaient sur les autres candidats du parti même si des résistances ont encore lieu actuellement.
Toujours est-il que l’institut Ipsos pour Reuters donne Hillary Clinton à 41% et Donald Trump à 40% alors que l’institut Gravis pour One America news network donne Hillary Clinton à 48% et Donald Trump à 46%.
Même si les deux instituts sont connus pour favoriser souvent les candidats républicains face à ceux du Parti démocrate et que Gravis se soit singularisé en donnant des résultats farfelus lors de nombre de scrutins, il semble bien qu’il y ait, actuellement, un resserrement des intentions de vote entre les deux candidats.
Côté démocrate, une des explications que l’on peut donner, c’est que la bataille pour les primaires continue.
Si Bernie Sanders ne peut plus l’emporter, son duel avec Hillary Clinton produit naturellement de la division et de l’animosité entre les deux camps.
Ainsi, comme ce fut les cas en 2008 lorsque nombre de sympathisants de Clinton affirmaient à la même époque qu’ils ne voteraient pas pour Obama à l’élection générale, nombre de sympathisants de Sanders disent la même chose à propos de Clinton aujourd’hui.
Mais, après la Convention démocrate de Denver, les électeurs de Clinton se tournèrent sans problème vers Obama et l’on peut supposer que ceux de Sanders feront de même avec Clinton après la Convention de Philadelphie, d’autant que le sénateur du Vermont a affirmé qu’il avait, au moins, une chose en commun avec l’ancienne secrétaire d’Etat, la volonté de faire battre Trump par tous les moyens possibles.


Alexandre Vatimbella

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jeudi 12 mai 2016

Etats-Unis. La scandaleuse équation Clinton = Trump

Donald Trump sera donc le candidat du Parti républicain.
Et si la logique est respectée, il devrait être opposé le 8 novembre prochain à Hillary Clinton qui a toutes les chances de remporter la primaire démocrate face à Bernie Sanders.
Au vu de qui est Trump, de ses propos injurieux envers tous ceux qu’il hait – et ça en fait du monde –, de son inculture tant en matière politique, économique ou dans le domaine des enjeux de la planète, on pouvait supposer que les médias américains, qui portent une très lourde responsabilité dans la montée en puissance du démagogue populiste – un peu comme les médias français ont «fait» le clan Le Pen – allaient rectifier le tir et, surtout, se placer derrière Hillary Clinton, la seule candidate clairement en faveur de la défense de la démocratie républicaine, libérale et représentative.
Pour continuer le parallèle avec la France, on ne peut imaginer une seule seconde que ses médias, si Marine Le Pen est au second tour de la présidentielle en 2017, ne s’unissent pas autour du candidat démocrate et républicain qui sera face à elle, qu’il se nomme Juppé, Sarkozy, Hollande, Le Maire ou d’un autre nom.
Et bien pas du tout!
Dans l’optique d’un duel Trump-Clinton, voilà que ressort immédiatement la grosse artillerie anti-Clinton dans la plupart des médias américains qui continuent, en parallèle, à faire une couverture sans précédent de tous les faits et gestes du promoteur newyorkais, lui offrant des milliards de dollars de publicité politique gratuite, un comble pour un milliardaire.
Nettement plus grave, ces mêmes médias salivent déjà à l’empoignade qui va avoir lieu, parlant d’un combat «nasty», c’est-à-dire sale et méchant avec une envie souvent écœurante.
Mais ce n’est pas le plus scandaleux…
Car voilà qu’une improbable équation a été posée par nombre de journalistes et d’experts, soi-disant indépendants (on ne parle pas bien sûr de ceux qui sont publiquement engagés politiquement), comme quoi Hillary Clinton = Donald Trump.
Oh, évidemment, il ne s’agit pas de dire que leurs programmes ou leurs dires sont les mêmes.
Mais cela signifie que, selon les promoteurs de cette équation, la personnalité et le comportement des deux se ressemblent beaucoup.
Sur quoi se base une telle comparaison?
Sur pas grand-chose en réalité sauf sur les attaques sans fondement que subit Hillary Clinton depuis des années à propos de sa malhonnêteté, son caractère exécrable, sa volonté de dissimulation et ses secrets inavouables.
Récapitulons.
Sur son honnêteté, il convient de rappeler qu’elle n’a jamais été condamnée et que les innombrables enquêtes journalistiques et les ouvrages à charge n’ont jamais réussi à prouver des agissements malhonnêtes.
Sur son caractère, le plus gros reproche qui lui est fait c’est qu’elle agit comme… un homme!
Imaginons qu’elle agisse comme une «faible femme» et l’on est sûr que les mêmes contempteurs seraient les premiers à le lui reprocher, estimant qu’elle n’aurait pas les qualités pour être la présidente de la première puissance du monde et la «commander in chief» de la première armée de la planète.
Sur sa dissimulation, les critiques viennent des journalistes qui détestent les personnalités publiques qui ne veulent pas se livrer à eux sans réserve, comme l’extraverti Donald Trump, ou qui ne veulent pas les séduire, un peu comme le charmeur Barack Obama.
De la viennent d’ailleurs les accusations sur ses secrets inavouables dont, bien sûr, les enquêtes journalistiques et les ouvrages à charges n’ont jamais apporté la moindre preuve qu’il en existait.
Un exemple parmi d’autres dans l’acharnement dont elle est la victime est fourni par cette affaire des emails lorsqu’elle était à la tête du département d’Etat.
On lui reproche d’avoir gardé une boîte aux lettres électronique personnelle qui aurait pu permettre à des hackers malveillants, voire à des puissances étrangères, de prendre connaissance de secrets d’Etat.
Or, tel n’a pas été le cas et les juristes les plus sérieux disent et redisent qu’il n’y a aucune preuve de son irresponsabilité pour pouvoir l’attaquer en justice.
Pire, au fur et à mesure des épisodes de ce feuilleton médiatico-politique sans fin, on apprend que moult hauts responsables ont fait exactement comme elle, avant elle et en même temps qu’elle, comme les anciens secrétaires d’Etat républicains Colin Powell et Condoleeza Rice.
Mais cela ne semble pas émouvoir les médias qui, dès qu’ils le peuvent, ressortent cette histoire pour fragiliser la candidate.
En face, on trouve, comme on l’a dit, un Donald Trump qui ment neuf fois sur dix selon les statistiques des sites spécialisés dans l’analyse des propos politiques, qui insulte et qui dit des énormités tout en flattant les pires instincts humains auprès de foules qui veulent leur revanche sur tout et n’importe quoi ou qui.
Comment peut-on, dès lors, oser dire ou écrire que Trump et Clinton sont des personnages qui se ressemblent?
D’autant qu’en l’affirmant, on dédiabolise Trump, on le rend respectable et donc légitime à être élu.
Si jamais c’était le cas au soir du 8 novembre, on pourra faire le constat, avec Barack Obama, qu’il doit une fière chandelle aux médias, non seulement pour l’avoir couvert outre-mesure mais pour avoir affirmé qu’Hillary Clinton lui ressemblait.
A noter, par ailleurs, qu’en France, toute la droite radicale et extrême se trouve soudainement décomplexée par les succès de Donald Trump.
Si l’on est guère étonné que le Front national apporte son soutien, voire voue une grande admiration à Trump, on est néanmoins surpris qu’une certaine droite qui jusqu’à présent avait joué profil bas dans ses accointances avec le parti des Le Pen, grâce à un événement qui se déroule à plusieurs milliers de kilomètres, puisse montrer sans gêne aucune ses proximités avec toute la logorrhée populiste et démagogique du promoteur newyorkais.
Ainsi, par exemple, dans les colonnes du Figaro, les correspondants aux Etats-Unis du quotidien commencent à trouver nombre de qualités à Trump, tout en s’en prenant constamment à Hillary Clinton, la représentant en candidate d’extrême-gauche et en reprenant à leur compte toutes les accusations sur sa malhonnêteté.
Sans parler des «experts» en tout genre des Etats-Unis qui viennent faire du «Hillary bashing» et de la propagande pro-Trump.
Récemment, un de ceux-ci est venu affirmer que les sondages avaient tourné en faveur de Trump en sortant le seul, parmi des dizaines et des dizaines, qui lui ait jamais donné une avance dans les intentions de vote!
Bien entendu, ce fait a été omis dans l’article ainsi que le fait que l’institut de sondage, Rasmussen, favorisait systématiquement les candidats républicains.
Rasmussen, rappelons-le, s’était fait connaitre en étant le seul institut à publier des sondages négatifs sur Obamacare, la loi sur l’assurance santé honnie par les républicains, au moment où tous ses confrères montraient justement dans les leurs que les Américains pensaient le contraire…
Pour finir, le plus important, désormais, n’est pas que l’on aime ou que l’on n’aime pas Hillary Clinton, c’est qu’il n’est pas imaginable pour ceux qui sont attachés à la démocratie républicaine, de voir un Donald Trump à la Maison blanche, comme il n’est pas concevable de voir une Marine Le Pen à l’Elysée.
C’est aussi simple que cela.

Alexandre Vatimbella


mercredi 11 mai 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Trump est un danger pour la démocratie républicaine

Donald Trump n’est pas encore le président des Etats-Unis et Bernie Sanders a peu de chances (mais il en a) de battre Hillary Clinton.
Avant de dramatiser à l’extrême la situation, il faut attendre quelque peu.
Néanmoins, ce qui se passe actuellement lors des primaires démocrates et surtout républicaines ne peut que susciter l’inquiétude de tous les démocrates, dont les centristes, sur le devenir de la démocratie républicaine aux Etats-Unis et, par contrecoup, dans toutes les démocraties républicaines, libérale et représentative du monde.
Du côté républicain, donc, Donald Trump sera le candidat du parti à l’élection du 8 novembre prochain après sa victoire dans l’Indiana et la défaite cuisante de son principal adversaire, Ted Cruz, qui a décidé de «suspendre» sa campagne, prémices à un abandon pur et simple.
Aucun démocrate responsable ne pleurera la défaite de Cruz qui était certainement un danger plus grand encore pour la démocratie américaine que Trump.
Homme d’extrême-droite qui avait réussi l’exploit d’être plus détesté dans son propre parti que chez ses adversaires, il était porteur d’un projet réactionnaire et d’une vision de gouverner l’Amérique particulièrement néfaste et toxique.
Ayant dit cela, la perspective de voir Donald Trump à la Maison blanche – même si tous les sondages le donnent perdant actuellement face à n’importe quel candidat du Parti démocrate – n’est guère plus réjouissante.
Narcissiste, menteur (91% de ses déclarations sont des mensonges selon l’organisation PolitiFact), démagogue et populiste aux idées courtes qui pourraient plonger son pays et le monde entier dans l’abîme, il bénéficie de tout le travail de sape mené par les dirigeants républicains contre le système politique américain depuis plusieurs décennies ainsi que d’une responsabilité coupable des médias qui ont gonflé sans cesse sa candidature pour faire du taux d’audience à peu de frais.
Mais les sympathisants républicains lui ont également accordé leurs votes en nombre.
De ce point de vue, force est de reconnaitre que le fonctionnement de la démocratie américaine pose problème, surtout que le système mis en place par les Pères fondateurs de la nation et son évolution dans le temps risque de permettre à leur pire cauchemar de s’emparer de la présidence du pays.
Car c’est bien pour éviter des personnages comme Donald Trump mais aussi Bernie Sanders que le système politique américain a été modelé, afin d’empêcher que le peuple, tombant sous le charme des sirènes d’un démagogue populiste aux courtes vues, puisse devenir le premier personnage de l’Etat.
Bien sûr, des dangers et des menaces de ce type ont existé depuis la création des Etats-Unis en 1783.
On cite principalement Barry Goldwater, candidat républicain malheureux face à Lyndon Johnson en 1964, mais d’autres personnages «à la Trump» et «à la Sanders» ont jalonné l’histoire des élections présidentielles sans être, néanmoins, dans la situation de l’emporter.
Pour autant, la montée en puissance des deux hommes se fait sur fond d’une montée concomitante dans les démocraties républicaines d’une autonomisation irresponsable, égoïste et égocentrique, des individus qui menace les fondements mêmes de leur fonctionnement.
Et les médias, dont particulièrement internet, y jouent un rôle de premier ordre en répandant toutes sortes d’informations de moins en moins vérifiables et en exaltant une sorte de rébellion larvée qui trouve son exutoire aux Etats-Unis dans le Tea Party (mouvement d’extrême-droite populiste) et Occupy Wall Street (mouvement d’extrême-gauche populiste) mais aussi ailleurs, en Europe en particulier, dans des mouvements comme Nuit debout en France actuellement, sans aucune relation avec le réel.
Le 8 novembre est encore loin mais c’est en même temps demain.
Il faut espérer pour les Etats-Unis mais aussi pour l’ensemble des démocraties républicaines mais aussi pour le monde entier que Donald Trump ne sera pas le 45° président des Etats-Unis.
De même, à un degré moindre, Bernie Sanders.
C’est pourquoi, même si elle n’est pas la candidate parfaite – mais qu’elle n’est pas non plus la démoniaque malhonnête que certains se complaisent à présenter sans aucune preuve tangible comme l’ont rappelé récemment encore Nicholas Kristol dans le New York Times et Jill Abramson dans le Guardian –, Hillary Clinton est celle du Centre et de la démocratie républicaine.

Alexandre Vatimbella 


mardi 10 mai 2016

Présidentielle USA 2016. Michael Bloomberg dénonce les démagogues

Il s’est résolu à ne pas se présenter à l’élection présidentielle pour ne pas donner un avantage à Donald Trump et parce qu’Hillary Clinton sera la candidate du Parti démocrate.
Mais cela n’empêche pas le centriste Michael Bloomberg de continuer son combat contre le populisme et la démagogie que représentent selon lui, et Donald Trump du côté républicain, et Bernie Sanders du côté démocrate.
Ainsi, dans une tribune publiée sur «Bloomberg view», adaptée d’une adresse aux nouveaux diplômés de l’université du Michigan, l’ancien maire de New York estime que «Nous assistons à un changement inquiétant dans la nature de la politique américaine: une hausse de l'esprit partisan extrême et de l'intolérance sur d'autres points de vue.
» En politique, je suis un ‘indépendant’, mais au cours de ma vie, pour des raisons non idéologiques, j’ai été républicain et démocrate. Donc, je peux vous le dire: aucun des partis n'a le monopole des bonnes idées, et chacun diabolise l'autre de façon injuste et malhonnête.
» Ce ne sont pas des phénomènes nouveaux, mais ils ont atteint un nouveau niveau dangereux. George Washington avait mis en garde contre les dangers des partis, mais nous avons survécu plus de 200 ans aux partis politiques essentiellement parce que les Pères fondateurs avaient créé des freins et contrepoids pour tempérer les feux de l’esprit partisan. Bien sûr, ils ont également exclu la plupart des Américains de leur vision de la démocratie parce qu'ils craignaient ce que la démocratie pourrait produire. Mais au cours des deux derniers siècles, à travers les sacrifices de tant de leaders des droits civiques et de soldats, la promesse de l'égalité des droits s’est diffusée dans les domaines du revenu, de la religion, de l’égalité entre les races et les sexes ainsi que de l'orientation sexuelle.
» Nous avons encore un long chemin à parcourir, et ce serait une erreur de penser que notre progrès est irréversible. Démocratie et citoyenneté auront toujours besoin d'une vigilance constante contre ceux qui attisent les flammes de l’esprit partisan d'une manière qui nous consument et conduisent à, selon les termes de Washington, ‘les ruines de la liberté publique’.
» Nous avons déjà vu ces situations dans les deux partis. Dans les années 1930, il y avait le despotisme d’Huey Long en Louisiane et le père Coughlin dans le Michigan, qui blâmait les ‘conspirateurs juifs’ pour les troubles qui se déroulaient en Amérique. Puis vint Charles Lindbergh dans les années 40, Joe McCarthy dans les années 50, George Wallace dans les années 60 et Pat Buchanan dans les années 90. Chaque génération a dû faire face à ses propres démagogues. Et chaque génération a résisté et les a tenus à l'écart de la Maison Blanche. Au moins jusqu'à présent.
» Dans l'élection présidentielle de cette année, nous avons vu plus de démagogie issue des deux partis que je peux me rappeler en avoir vu dans ma vie. Notre pays est confronté à des défis sérieux et difficiles. Mais plutôt que d'offrir des solutions réalistes, les candidats des deux partis rejettent nos problèmes sur des cibles faciles afin de susciter le ressentiment. Pour les républicains, ce sont les Mexicains qui sont ici illégalement et les musulmans. Et pour les démocrates, ce sont les riches et Wall Street. La vérité est: nous ne pouvons pas résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés en blâmant quiconque.
» Alors, pourquoi est-il devenu si difficile de trouver des dirigeants qui mèneront le combat en première ligne, plutôt que de suivre le mouvement?
» Voici la raison, sur la base de mon expérience: aujourd'hui, les élus qui décident de soutenir une politique controversée ne vont pas seulement recevoir des lettres d’insultes, des appels téléphoniques et des fax. Ils reçoivent également des millions de tweets et de messages Facebook de colère qui les dénoncent dans les termes les plus durs. Ceci est la démocratie en action. Mais ce genre de condamnation instantanée a comme conséquence également que les élus ont peur de faire des choses qu’ils savent pourtant, au fond d’eux-mêmes, être les bonnes.
» Une démocratie en action qui peut réellement produire beaucoup d'inaction, comme nous le voyons tous les jours à Washington mais aussi à d’autres niveaux du gouvernement. Lorsque les gouvernements ne parviennent pas à répondre aux besoins de la population, les électeurs des deux partis se mettent en colère et certains politiciens exploitent cette colère en offrant des boucs émissaires au lieu de solutions.
» Si nous voulons arrêter les démagogues, nous devons commencer à gouverner à nouveau, ce qui nous oblige à être plus civils afin de soutenir les politiciens qui ont le courage de prendre des risques, et de récompenser ceux qui parviennent à trouver des compromis.
» Faire cela ne sera pas facile, en partie parce que ce ne sont pas seulement les médias sociaux qui ont changé le dialogue public. Le bombardement constant de nouvelles que nous consultons sur nos téléphones, nos ordinateurs et nos téléviseurs nous donne l'impression que nous faisons l'acquisition de connaissances. Pourtant, la plupart des sources, des faits et des interprétations sont douteuses ou partisanes ou des mensonges.
» Je suis le propriétaire d'une société de médias qui a vu comment le marché a changé. Aujourd'hui, les gens choisissent les chaînes de télévision par câble et les sites Web qui vont dans le sens de leurs propres convictions politiques plutôt que ceux qui informent et remettent en question leurs croyances. En conséquence de quoi, nous avons grandi politiquement plus cloisonnés et plus intolérants vis-à-vis de ceux qui ont des opinions différentes.
» Réfléchissez à ceci: en 1960, seulement 4% à 5% des démocrates et républicains déclaraient qu'ils seraient en colère si un membre de leur famille épousait quelqu'un du parti adverse. En 2010, une personne sur trois côté démocrate et une sur deux côté républicain affirment qu'ils désapprouvent un tel mariage. En 1960, la plupart des gens n’auraient jamais cru que le mariage interpartis susciterait une telle résistance, tandis que le mariage interracial et celui de personnes de même sexe seraient largement acceptés.
» Face à tous les progrès que nous avons fait sur la tolérance sociétale, en ce qui concerne la tolérance politique, nous allons dans la mauvaise direction – avec des meetings électoraux qui se transforment en confrontation violente, avec des discussions sur les médias sociaux qui tournent au vitriol, et sur les campus universitaires, avec des étudiants et des professeurs qui tentent de censurer leurs opposants politiques.
» Aussi résistant que le système américain de gouvernement ait été, la démocratie demeure fragile – et les démagogues sont toujours tapis. Les arrêter commence par donner une prime à l'ouverture d’esprit, au vote, tout en exigeant que les politiciens offrent des solutions pratiques, et non pas des boucs émissaires ou des promesses irréalisables.
En 1928, les républicains avait promis un ‘poulet dans chaque marmite et une voiture dans chaque arrière-cour’. Ils ont gagné le contrôle du Congrès et de la Maison Blanche, et un an plus tard, au lieu d'un poulet et d’une voiture, nous avons eu la Grande Dépression.
» Aujourd'hui, quand un candidat populiste promet la scolarité gratuite à l’université, des soins de santé gratuits et un poney ou qu’un autre candidat promet de faire payer d'autres pays pour nos besoins, rappelez-vous: ceux qui vous promettent un repas gratuit sont toujours ceux qui vous mangeront pour le petit déjeuner.»


Alexandre Vatimbella

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mercredi 4 mai 2016

Présidentielle USA 2016. Clinton-Trump, la bataille des deux New York

Comme le titre le New York Times, «Donald Trump et Hillary Clinton ont gagné facilement à New York», ce qui devrait les mener sans problème vers l’élection présidentielle.
Les deux gros succès de Clinton (près de 58% des voix et plus de 63% pour la ville de New York) et de Trump (aux alentours de 60% des voix) aux primaires de cet Etat du Nord-est font d’eux, en effet, les grandissimes favoris pour représenter, l’une le Parti démocrate, l’autre le Parti républicain le 8 novembre prochain.
Même s’ils étaient déjà largement en tête de la course dans leurs partis respectifs, les deux Newyorkais (Trump est né dans la ville et Clinton en a été la sénatrice) ont vu leurs positions confortées, non seulement arithmétiquement mais politiquement.
Il n’y a aujourd’hui quasiment plus aucune chance à moins d’un séisme politique majeur, que Bernie Sanders puisse obtenir le nombre de délégués nécessaires à la Convention démocrate de Philadelphie pour être le représentant du parti à l’élection générale.
Du côte républicain, on savait depuis longtemps que ce serait très dur pour Ted Cruz de remonter son handicap et, d’ailleurs, les dirigeants du parti, la plupart opposés fermement à Trump, espèrent simplement que ce dernier ne puisse avoir le nombre de délégués requis pour être élu au premier tour à la Convention de Cleveland.
Ce qui pourrait permettre, lors des tours de scrutin suivants de voir se former une coalition majoritaire contre le natif du Queens pour lui barrer la route dans ce que l’on appelle une «contested convention» (que l’on peut traduire par convention «disputée» où aucun des prétendants ne pouvant obtenir la victoire dès le premier tour à la majorité ce qui permet aux délégués des différents candidats de voter pour qui ils veulent par la suite).
Mais si Clinton et Trump sont deux Newyorkais, ils sont les deux pendants de la personnalité complexe de la capitale économique et financière des Etats-Unis et de la mondialisation, cette métropole où le monde se donne rendez-vous depuis la fin du XIX° siècle.
Car s’ils sont les représentants assumés des «valeurs newyorkaises», honnies par l’extrême-droite – Ted Cruz en ayant fait un repoussoir pour sa campagne – pour qui la ville est celle du péché, «Sin city», au même titre que Las Vegas, ils ne défendent pourtant pas exactement les mêmes…
Cette différence entre une ville ouverte et tolérante défendue par Clinton et une ville à la dureté légendaire où fait constamment rage une compétition entre tous défendue par Trump sera, cette année, au cœur de la bataille pour la Maison blanche.
Ces deux New-York existent et s’entrechoquent constamment.
La ville de Clinton est aujourd’hui majoritaire comme l’est le Parti démocrate qui écrase le Parti républicain dans la Grosse pomme.
Cette alchimie improbable et, évidemment, très imparfaite, mais qui marche montre au reste du monde ainsi et surtout qu’au reste du pays comment l’on peut bâtir une Amérique du XXI° siècle, diverse et capable de relever tous les défis en s’unissant au-delà des différences grâce au fait que les Etats-Unis sont une idée, voire un idéal, avant d’être un pays.
La ville de Trump, celle du «struggle for life» (combat pour la vie) et du chacun pour soi, même si elle est minoritaire, est également dans l’ADN de New York depuis toujours avec ces vieilles familles assagies et ces nouveaux riches suffisants, ces entrepreneurs aux dents longues et ces financiers sans morale.
C’est le New York des Morgan, Vanderbilt, Rockefeller, Carnegie et bien d’autres dont… Trump.
Mais, comme pour ces deux facettes de New York, les lignes politiques de Clinton et de Trump offrent un mélange newyorkais original.
Ainsi, Hillary Clinton défend des valeurs «liberals» qui sont aussi celles d’une partie des classes supérieures de la ville qui vivent dans l’Upper East Side et Donald Trump défend une vision réactionnaire et protectionniste de l’Amérique que l’on peut trouver notamment dans ses classes moyennes inférieures comme, par exemple, dans le «borough» de Staten Island.
Mais Clinton représente aussi le centrisme d’une ville qui, si elle a élu le démocrate liberal Bill de Blasio comme maire en 2014, a souvent également choisi des démocrates et des républicains modérés comme Fiorelle LaGuardia ou Michael Bloomberg, se voulant toujours progressiste mais pas extrémiste.
Et, paradoxe avec ce que nous venons de voir, pendant que Trump défend bec et ongles les avantages et les privilèges des milliardaires de l’Upper East Side, Clinton est la préférée des communautés noires et hispaniques, en particulier dans les coins les plus pauvres du Bronx, de Harlem, de Brooklyn.
Quant à la tradition politique newyorkaise, elle se divise entre celle des personnalités fortes et aux grandes qualités dans la lignée des Theodore Roosevelt, seul président des Etats-Unis à être né à New York, Franklin Roosevelt ou Grover Cleveland et à laquelle se rattache Hillary Clinton, et celle des personnalités populistes et démagogiques, à la réputation parfois sulfureuse, comme le tristement célèbre William «boss» Tweed et à laquelle Donald Trump serait proche.
Quoi qu’il en soit, si duel Clinton-Trump il y a, il sera la revanche d’une mégalopole qui fascine toute l’Amérique mais qui a souvent été marginalisée pour sa personnalité trop sulfureuse.

Alexandre Vatimbella

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mardi 3 mai 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Brexit or not Brexit, that is the question?

Pour certains, l’Union européenne serait bien mieux sans le Royaume Uni, sorte de ver de la confusion dans le fruit de l’union.
Pour d’autres, l’Union européenne aurait beaucoup à perdre si le Royaume Uni décidait de s’en aller lors du référendum du 23 juin prochain.
C’est vrai que le Royaume Uni a presque tué l’Europe telle que les pères de celle-ci la voyaient, cet idéal fédéral pour lequel les centristes se battent depuis les années 1950.
Avant que ne se produise l’implosion finale, il vaudrait mieux qu’il s’en aille pour l’en préserver.
Et s’il le fait de lui-même, tant mieux.
Mais l’idéal européen – celui-là même des pères fondateurs – est et était bien de réunir tous les pays démocratiques sous la même bannière.
Le Royaume Uni est loin d’être le dernier et son départ serait extrêmement dommageable pour un continent uni dans la paix et, quoi que l’on pense, dans le progrès.
Une majorité d’Européens – et de Français – souhaitent que le Royaume Uni demeure dans l’Union européenne.
Et le plaidoyer de Barack Obama en faveur de la construction européenne et de la présence des britannique dans l’UE lors du discours de Hanovre ce 25 avril montre que le monde entier se sent concerné par le devenir de cette Europe qui, au sortir de la Deuxième guerre mondiale qu’elle avait provoquée, est devenue un modèle à imiter aux quatre coins de la planète.
La réponse à la question de savoir si le Royaume Uni doit demeurer dans l’Union européenne n’est donc pas si simple.
Oui, les Britanniques ont été d’exécrables européens, dans la lignée de tout ce qu’ils avaient entrepris avant d’y rentrer, c’est-à-dire en essayant vainement de la détruire de l’extérieur.
Les agissements du Margaret Thatcher laissaient d’ailleurs à penser que faute de la tuer de l’extérieur, ils avaient décidé de le faire de l’intérieur comme l’avaient pressenti de nombreux défenseurs de l’Europe lors de l’entrée du pays dans ce qui était à l’époque la CEE (Communauté économique européenne, ancêtre de l’Union européenne) en 1973.
Leur mauvais exemple a d’ailleurs donné des idées à tous les ennemis de l’UE, de la France à l’Allemagne en passant par les Pays Bas ou la Grèce.
Sans parler des nombreux pays de l’Est qui y sont entrés tout en refusant de jouer le jeu d’une vraie union, comme la Pologne, la Hongrie, la République tchèque ou la Slovaquie.
Du coup, avant d’être un espace d’intégration fédéraliste, l’Union européenne est devenu, avant tout, un espace de paix doublé d’un grand marché,  ce qui n’est déjà pas si mal.
Fort de constat, la sortie des Britanniques peut donc être une chance pour un nouveau départ de l’Union européenne débarrassée de l’obstacle le plus conséquent à son approfondissement qui est indispensable pour tous ceux qui ne veulent pas jouer l’avenir des Européens à la roulette russe.
On peut imaginer que des initiatives soient prises en France et en Allemagne, voire dans d’autres pays en cas de départ du Royaume Uni, pour relancer et consolider l’Europe.
En tout cas, il faut l’espérer.
Mais, oui aussi, le Royaume Uni a sa place en Europe et dans une Union européenne.
Non seulement pour assurer la paix à ce continent qui a été particulièrement touché par les guerres sanguinaires au cours de son histoire mais également pour continuer à avancer vers une meilleure intégration parce que le XXI° siècle et ses défis demandent que les Européens soient unis pour défendre la démocratie, la république ainsi que leur économie avancée que nous envie la planète.
Sauf qu’ils ne doivent plus être, à la fois, dedans et dehors.
Ce n’est pas viable et pas acceptable.
Pour autant, si les Britanniques décident de demeurer dans l’Union européenne, ce ne sera pas une grande victoire pour cette dernière, loin de là.
Car il faudra, quoi qu’il arrive, relancer la machine, à la fois, pour que l’intégration européenne devienne plus forte afin de rendre chacun des membres de l’UE plus fort, surtout pour que les peuples européens y voient à nouveau leur avenir et non un monstre froid et bureaucratique qui manipule leurs vies.
Les vrais travaux herculéens des Européens commenceront le 24 juin avec ou sans le Royaume Uni.
Et il faudra sans doute que se mette enfin en place une nouvelle organisation regroupant les pays de l’Union européenne qui veulent aller plus loin dans leur destin commun, certainement sans le Royaume Uni.4

Alexandre Vatimbella
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lundi 2 mai 2016

Présidentielle USA 2016. Clinton-Sanders, les deux Partis démocrates

Il est faux de dire qu’il n’y a que deux partis politiques aux Etats-Unis.
Il y en a autant, voire plus, que dans les autres démocraties.
On trouve des partis communistes (dont le Communist party USA), des partis socialistes (dont le Socialist party USA), des partis centristes (comme le Modern whig party), un parti libertairien (Libertarian party), un parti écologiste (Green party), des partis d’extrême-droite et d’extrême-gauche comme le Socialist workers party ou le parti nazi, National socialist movement.
Mais il est vrai que le Parti démocrate et le Parti républicain dominent outrageusement la vie politique étasunienne.
C’est pourquoi, lorsque Bernie Sanders, socialiste revendiqué, se présente à l’élection présidentielle, il préfère concourir à la primaire démocrate que de se présenter sous la bannière du parti socialiste.
De même, le libertarien Rand Paul a préféré concourir à la primaire républicaine plutôt que de se présenter à celle du Libertarian party.
Résultat, les deux grands partis couvrent, chacun, un large spectre de l’échiquier politique.
Du côté républicain, jusque récemment, cela allait de l’extrême-droite au centre-droit, voire au centre.
Aujourd’hui, la tendance centriste chez les républicains est devenue quasi-inexistante.
Du côté démocrate, cela va de l’extrême-gauche au centre.
Ainsi, pour la primaire actuelle, les deux candidats représentent deux grandes tendances qui agitent le parti depuis le début du XX° siècle, surtout les deux seules restantes depuis le départ de l’aile conservatrice (et souvent raciste) des démocrates du sud, les «dixicrats», à la fin des années 1960 pour rejoindre les républicains.
Si en matière sociétale, les deux ailes démocrates sont libérales, la ligne de partage entre la tendance de gauche et celle du Centre se fait surtout sur la politique économique et sociale ainsi que sur la politique étrangère.
Ainsi, il y a une vraie différence entre les propos de Bernie Sanders et le programme d’Hillary Clinton.
Le premier parle d’interventionnisme étatique, de redistribution sociale, de lutter contre les milliardaires, de prendre nombre de mesures protectionnistes et d’installer une social-démocratie européenne aux Etats-Unis, tout en indiquant que le rôle de l’Amérique dans le monde ne sera plus celui d’une grande puissance qui se mêle de toutes les affaires de la planète et qu’il mettra un frein à la globalisation.
La deuxième, elle, parle, d’opportunités, de libéralisme économique, de solidarité sociale et veut libérer les énergies entrepreneuriales, tout en affirmant que les Etats-Unis continueront à être les leaders du monde libre et qu’ils prendront toutes leurs responsabilités dans la mondialisation.
C’est évidemment la différence entre un programme de gauche et un programme centriste.
Actuellement, la majorité du Parti démocrate est sur la ligne politique d’Hillary Clinton comme viennent de le montrer le résultat des primaires du mardi 26 avril où celle-ci a remporté quatre scrutins sur cinq dont la Pennsylvanie et le Maryland.
Elle est désormais pratiquement assurée d’être la candidate du parti le 8 novembre prochain, démontrant que les démocrates ont choisi une nouvelle fois une ligne modérée, pragmatiste et basée sur le réel.
Il faut dire qu’ils ont essuyé de sévères échecs quand ils lui ont tourné le dos, préférant des candidats marqués à gauche.
Pour autant, la ligne socialiste et social-démocrate n’a pas été enfoncée, loin de là.
Et même si elle a bénéficié du fait que Sanders était le seul opposant à Clinton, ce qui a apporté des voix au sénateur du Vermont qui se seraient portées sur des candidats moins à gauche s’il y en avait eu, Hillary Clinton va devoir récupérer tous ceux qui soutiennent Sanders.
Sa chance est qu’elle aura en face d’elle un populiste démagogue comme Donald Trump qui a remporté facilement les cinq primaires républicaines du 26 avril, ce qui fait de lui, désormais l’ultra-favori pour être le candidat du parti.
Car les sondages le disent, les pro-Sanders voteront pour Clinton contre la menace Trump.
Mais même si c’était par un hasard extraordinaire Ted Cruz, son extrémisme de droite et son personnage largement détesté par une majorité d’Américains en fait un repoussoir encore plus puissant pour les électeurs démocrates, «independents» et républicains modérés.
Surtout que, dans une dernière tentative pour survivre dans cette élection, il vient de choisir celle qui serait sa vice-présidente, Carly Fiorina, une républicaine très à droite et controversée qui a été une dirigeante d’entreprise, à la fois, très antipathique et aux résultats catastrophiques, ce qui ne devrait pas l’aider beaucoup s’il se présentait le 8 novembre prochain.

Alexandre Vatimbella

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