Les douze Etats (côté républicain) et les onze (côté démocrate) qui ont voté ce mardi 1er mars pour les primaires de la présidentielle de novembre prochain ont accouché comme prévu de deux vainqueurs, Hillary Clinton (démocrate) et Donald Trump (républicain).
Même si leurs victoires (sept Etats sur onze pour Clinton et huit Etats sur douze pour Trump) sont impressionnantes, elles n’ont pas été aussi écrasantes que certains pouvaient le penser.
Néanmoins, ils ont tous les deux gagner les grands Etats qui étaient en jeu (sauf le Texas où, chez les républicains Cruz devance Trump dans l’Etat où il est sénateur) et ils sont, plus que jamais, les grands favoris pour s’affronter le 8 novembre.
Le bilan après le «Super Tuesday»:
- Clinton au Centre
Les victoires très larges d’Hillary Clinton dans des Etats comme la Géorgie, la Virginie et surtout le Texas, font d’elle la super-favorite du camp démocrate même si elle a perdu quatre primaires (dont celles du Minnesota et du Colorado) et qu’elle n’a pas encore, loin de là, le nombre de délégués nécessaires pour l’emporter.
Néanmoins, Bernie Sanders a montré une nouvelle fois ses limites, incapable d’une percée significative dans les électorats afro-américain et hispaniques qui sont indispensables pour prétendre être le candidat du Parti démocrate à la présidentielle.
De même, sa défaite dans le Massachussetts montre également qu’il n’est pas imbattable dans les Etats à majorité blanche et avec un nombre important d’étudiants.
Même si ses discours sont parfois plutôt au centre-gauche et qu’elle a toujours été plus à gauche que son mari et ancien président Bill Clinton, Hillary Clinton continue à appeler à l’union de tous les Américains face aux clientélismes de gauche et de droite.
Surtout, elle a commencé à se positionner face à Donald Trump en vue d’un duel qui semble de plus en plus se dessiner au fil des primaires et des sondages dans les Etats qui ne se sont pas encore prononcés.
Enfin, elle est la seule candidate centriste.
Si jamais elle était éliminée, la présidentielle opposerait un populiste de gauche et un conservateur radical ou un populiste démagogue, à moins qu’alors Michael Bloomberg ne se présente.
Concernant ce dernier, il est sûr que la bonne tenue de Clinton lors de ce «super Tuesday» ne l’incite pas à annoncer sa candidature alors qu’il doit se prononcer au début de ce mois.
- Trump le populiste qui veut se recentrer face à l’extrémiste droitier Cruz
Donald Trump a remporté huit Etats et même s’il n’a pas enfoncé ses adversaires républicains comme certains observateurs le pensaient, il est, plus que jamais, le favori pour être e candidat républicain.
Dans cette optique, il a développé un nouveau discours où il se présente comme le seul capable d’unifier non seulement le Parti républicain mais les Etats-Unis.
Il a indiqué qu’il avait le profil de rassembleur et que le pays pourrait s’en rendre compte dans les semaines à venir, une affirmation que ses discours ainsi que la résistance à l’intérieur du Parti républicain semblent contredire fortement.
Le seul qui semble capable désormais d’empêcher Donald Trump de gagner est un homme encore plus dangereux que lui, Ted Cruz, homme de la droite extrême du Parti républicain, idéologue rigide qui s’est opposé durement et systématiquement à Barack Obama et en condamnant tous les compromis et accords entre les républicains et les démocrates.
Son élection serait plus inquiétante encore que celle de Trump.
Après sa victoire dans l’Etat dont il est le sénateur, le Texas, Il tente désormais de se présenter comme le seul qui peut barrer la route à Trump en demandant aux autres candidats de se retirer.
Mais, si tel était le cas, personne ne sait exactement s’il serait capable de récupérer les voix qui se portent sur Marco Rubio, le conservateur opportuniste, et sur John Kasich, le conservateur le plus modéré du lot.
Sans doute, il aura plus de facilité à récupérer celles qui se portent sur Ben Carson, qui viennent essentiellement des évangélistes réactionnaires.
- Sondages nationaux: Sanders bat tous les républicains, Clinton uniquement Trump
Si Hillary Clinton et Bernie Sanders battraient selon les sondages actuels Donald Trump le 8 novembre prochain, Sanders est le seul à battre les deux autres candidats potentiels républicains, Ted Cruz et Marco Rubio.
Ceux-ci, en revanche, sont devant Hillary Clinton mais dans des duels très serrés qui entrent dans les marges d’erreur sondagières.
Néanmoins, il ne faut pas trop se focaliser sur ces sondages qui, à ce stade de la campagne, ne veulent pas dire grand-chose et qui ne reflètent pas, de toute façon, ce qui se passera lors de l’élection générale comme c’est le cas à chaque présidentielle.
Il faudra attendre la fin des primaires et, plus sûrement, la campagne générale pour obtenir des sondages plus fiables et encore puisque ceux-ci se contredisent souvent comme on l’a encore constaté en 2012 où, par exemple, Mitt Romney, le candidat républicain, sur la foi de sondages réalisés par certains instituts proches des républicains, était certain le soir de l’élection d’être élu alors qu’il a été largement battu par Barack Obama…
En outre, il faut rappeler que l’on peut être élu président sans avoir la majorité des voix puisque le scrutin se déroule Etat par Etat en élisant des Grands électeurs.
Même si ce cas de figure est rare, il s’est produit en 2000 lors de l’élection de George W Bush face à Al Gore.
Alexandre Vatimbella
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