Les Actualités sur www.ecoinfosmonde.com

lundi 29 février 2016

Présidentielle USA 2016. Hillary Clinton: «momentum» et discours rassembleur

La primaire démocrate de Caroline du Sud qui s’est tenue le samedi 27 février a vu un raz-de-marée d’Hillary Clinton face à Berrnie Sanders.
L’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama l’a emporté avec 73,5% des voix contre 26% au sénateur du Vermont.
Surtout, ce vote a montré sa capacité à mobiliser en sa faveur l’électorat afro-américain après avoir rassemblé autour d’elle la majorité de l’électorat hispanique dans le Nevada.
De plus, en Caroline du Sud, elle a réduit l’écart avec Sanders dans l’électorat blanc.
Pour les commentateurs, cette victoire nette et sans appel pourrait bien être pour Clinton ce fameux «momentum», cette dynamique, qui permet à un candidat de décoller réellement dans une élection et éventuellement de ne plus pouvoir être rejoint par ses adversaires.
Nous n’en sommes pas encore là d’autant que Bernie Sanders qui n’était même pas en Caroline du Sud lors du scrutin a non seulement indiqué qu’il continuait la course à l’investiture mais qu’il était persuadé d’en sortir vainqueur fin juillet à la Convention démocrate de Philadelphie.
Dans son discours de remerciement aux électeurs démocrates de l’Etat, Hillary Clinton a, encore une fois, parlé de rassemblement et d’unité du peuple américain, s’en voulant la leader alors que cette campagne électorale est marquée par des discours, tant du côté républicain que du côté de son opposant démocrate, Bernie Sanders, diviseurs, partisans et clientélistes.
De ce point de vue, même si ses déclarations se déportent parfois un peu vers le centre-gauche ces dernières semaines, particulièrement sur la question sociale et les inégalités de revenus, Clinton n’en garde pas moins les fondamentaux de son positionnement centriste traditionnel de ces vingt dernières années.
«Malgré ce que vous entendez, nous ne n’avons pas besoin que l'Amérique soit forte à nouveau – l'Amérique n’a jamais cessé d’être forte. Mais nous devons vraiment faire de l’Amérique un pays uni. Au lieu de construire des murs, nous devons démolir des barrières. Nous devons montrer, par tout ce que nous faisons, que nous sommes vraiment ensemble pour le faire.»
Sans oublier la référence aux opportunités pour tous.
Des propos qui rappellent une nouvelle fois qu’elle veut continuer les politiques centristes de Barack Obama:
Même si cette dernière affirmation n’est pas une surprise pour ceux qui veulent bien se souvenir que la primaire démocrate de 2008 opposant Obama à Clinton s’est déroulée au centre entre deux centristes assumés, elle lui permet de montrer qu’elle est la championne naturelle d’une majorité de l’électorat américain et même démocrate.
Ainsi, en Caroline du Sud, les désormais traditionnels sondages sur les motivations et les positionnements politiques des électeurs aux primaires réalisés par les chaînes de télévision, ont montré qu’une grosse majorité des démocrates qui se sont déplacés veulent que le prochain président des Etats-Unis continue l’œuvre d’Obama et qu’ils sont majoritairement modérés ou «liberals» modérés (centre-gauche).
Tout ceci alors qu’il ne faut pas l’oublier, Hillary Clinton est la seule centriste encore en lice tant chez les républicains que chez les démocrates pour occuper la Maison blanche en 2017.


Alexandre Vatimbella

© 2016 LesNouveauxMondes.org


mercredi 24 février 2016

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’Europe, oui, mais pas à n’importe quel prix

Réunir les hommes et les femmes du Vieux continent pour qu’ils construisent le présent et l’avenir ensemble dans la paix et le partage au lieu de s’entretuer et de se détruire mutuellement demeure un idéal mais aussi une nécessité pour que les Européens demeurent libres et puissent bénéficier tous du progrès face aux défis de toute sorte auxquels ils doivent et devront faire face.
Que les peuples européens comprennent de moins en moins ce qu’ils ont a gagné à vivre ensemble et à se rassembler est une bien triste constatation.
Qu’ils aient oublié les leçons de l’Histoire, qu’ils tournent le dos à la réalité du monde, qu’ils pensent être plus forts chacun de leur côté, en écoutant les populistes démagogiques de tous bords leur vanter le divorce, ils paieront le prix fort de leur erreur si celui-ci survient.
Pour autant, si le mot union a un sens, ce ne peut être à n’importe quel prix.
Or, c’est bien à quoi l’on assiste aujourd’hui dans cette Union européenne de plus en plus à la carte et dont le Royaume Uni, comme à son habitude, veut en profiter au maximum en s’affranchissant des règles communes et de l’indispensable solidarité tout en agitant l’épouvantail de son départ, ce fameux Brexit qui pourrait faire l’objet d’un référendum fin juin.
Mais il n’est pas le seul avec une Pologne qui vire au nationalisme le plus primaire, tout comme la Hongrie proche du fascisme, pourtant deux pays qui ont payé le prix fort d’une Europe de la haine et de la confrontation par le passé.
Même dans les pays où l’idée européenne était un moteur et un espoir d’un monde meilleur, le scepticisme envers l’UE progresse, que ce soit en France, en Allemagne, en Italie, pays pourtant signataires du Traite de Rome, fondateur de la Communauté économique européenne.
Si l’Europe doit continuer à exister, il faut qu’elle ait un projet et une volonté, deux choses qui n’existent plus.
Aujourd’hui, la seule raison d’agir est de sauver les meubles dans un immobilisme qui n’est qu’une régression où les aspects les plus négatifs de l’union ressortent et sont, évidemment, mis en avant par ses adversaires.
Bien entendu, l’idéal serait d’aller vers ce fédéralisme européen que promeut depuis toujours le Centre dans son écrasante majorité.
Mais le réel nous montre que le chemin, s’il existe encore, sera très long.
Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’une Europe auberge espagnole, où l’on ne vient que pour profiter des bienfaits tout en refusant de mettre sa part à l’ouvrage fera imploser tôt ou tard l’Union européenne.
Rappelons que les Britanniques avaient essayé de torpiller la construction européenne avec leur zone de libre-échange avant de frapper à la porte pour éviter de devenir une nation secondaire en proie à de graves difficultés.
Rappelons que l’on a ouvert n’importe comment la porte de l’Europe lors de la chute du Rideau de fer, tétanisés que nous étions d’une possible guerre des nationalismes ce qui fait que nous avons aujourd’hui des pays qui n’ont jamais eu envie de jouer le jeu de l’union comme la Hongrie, la Slovaquie ou la Pologne, par exemple.
Peut-être que le projet européen doit être refondé avec ceux qui veulent vraiment qu’il aille vers une intégration de plus en plus forte, seul moyen de faire face au monde de demain.
Pour cela, pas besoin de détruire l’Union, elle peut fonctionner comme une zone de libre-échange et de paix, ce qui n’est déjà pas si mal, surtout ce qu’elle est devenue depuis la disparition des régimes communistes des pays de l’Est.
D’autant que l’Union européenne n’est pas les Etats-Unis d’Amérique où la question de la séparation a été réglée définitivement lors de la Guerre de sécession de manière négative (même si des illuminés tentent de faire croire le contraire).
Ainsi, on peut quitter le navire européen et ceux qui ne veulent plus en faire partie ne doivent pas être stigmatisés, c’est leur droit.
Mais il faut que les Européens convaincus mettent en place une sorte de noyau dur autour de la France et de l’Allemagne afin de bâtir une nouvelle architecture, reprenant les idéaux des Pères fondateurs de l’Europe, ceux de l’après-guerre avec les Monnet, Schuman, De Gasperi, Spaak, Adenauer, Beyen et autres, mais aussi tous ceux qui de Victor Hugo à Aristide Briand avaient compris que l’Europe devait être un seul pays pour réellement achever le projet de sa civilisation.
Oui, il nous faut ces Etats-Unis d’Europe dont Victor Hugo voulaient qu’ils préfigurent l’union de toute l’humanité.
Il faut que tous les pro-européens se retroussent les manches pour cela.
En attendant, il faut arrêter de brader l’Europe et permettre à ceux qui veulent s’en aller de partir, à leurs risques et périls, afin de (re)construire une union qui sera d’autant plus forte qu’elle bénéficiera de l’expérience de celle d’aujourd’hui.
Si tel n’est pas le cas, prédisons que, à terme plus ou moins éloigné, les peuples européens en reviendront à leurs nationalismes belliqueux qui ont produit tant de tragédies au XIX° et XX° siècles.
Mais il faut qu’ils sachent que cette dérive n’est pas inéluctable et que c’est de leur responsabilité que le pire ne remporte pas la partie.

Alexandre Vatimbella


copyright 2016 LesNouveauxMondes.org 

mardi 16 février 2016

Présidentielle USA 2016. Et si les républicains avaient enfin réussi à gauchiser les démocrates

Depuis les années 1990, les républicains ont pris un virage de plus en plus à droite qu’ils ne contestent pas même s’ils en discutent l’importance.
Un virage à droite qui s’est amplifié ces dernières années et dont les candidats à la primaire du Parti républicain sont le reflet, notamment Ted Cruz, Marco Rubio et Ben Carson, qui restent en course, mais aussi ceux qui ont jeté l’éponge comme Rick Santorum, Mike Huckabee, Rand Paul, Carly Fiorina, Scott Walker, Rick Perry et quelques autres.
Donald Trump, lui, utilise ce virage à droite tout en surfant sur la montée du populisme engendrée par le mécontentement grandissant des électeurs vis-à-vis de la classe politique, tant à droite qu’à gauche et au centre.
Ce qu’il y a certainement de plus emblématique dans cette nouvelle ligne politique est que trois des candidats encore en lisse, Jeb Bush, Marco Rubio et John Kasich, sont présentés comme plus ou moins centristes alors qu’ils sont en réalité des conservateurs sans états d’âme.
George W Bush, l’ancien président des Etats-Unis de 2001 à 2008, pourtant peu soupçonné de progressisme, a dit un jour que son père George H Bush et même Ronald Reagan, pourtant héros de tous ces candidats que l’on vient de citer, ne seraient sans doute pas élus candidats du Parti républicain s’ils se présentaient aujourd’hui parce que pas assez à droite.
Et il n’avait sans doute pas tort.
Rappelons tout de même que Reagan lors de sa victoire en 1980 représentait l’aile droite du Parti républicain et qu’il avait été un supporter de Barry Goldwater, le candidat républicain à la présidentielle de 1964 et homme d’extrême-droite.
Cela montre la dérive droitière des républicains.
Dans le même temps, sortant d’années de plomb et battus systématiquement à la présidentielle depuis 1968 (sauf en 1976 avec Jimmy Carter mais surtout parce que l’on était en plein après-Watergate et les mensonges de Nixon empêchaient l’élection d’un président républicain), les démocrates avaient entrepris de se recentrer en marginalisant leur aile gauche qui avait préempté le parti à la fin des années 1960 après la décision de Lyndon Johnson de ne pas se représenter et la candidature dramatique de Robert Kennedy aux primaires.
Cette entreprise s’est concrétisée par cette fameuse «Third way», Troisième voie, mise en place par de jeunes loups démocrates, dont Bill Clinton qui accéda avec surprise à la fonction suprême en battant le président sortant George H Bush en 1992 lors d’une triangulaire (avec la présence du candidat conservateur «independent», Ross Perot).
Celle-ci a connu un véritable succès puisque, depuis cette date, les démocrates auraient du occuper la Maison blanche sans discontinuer.
En effet, lors de l’élection l’an 2000, c’est le candidat démocrate et vice-président sortant, Al Gore, qui a, non seulement, gagné me vote populaire mais aussi très certainement le nombre le plus important de délégués (qui élisent le président américain dans une élection populaire indirecte) si l’on avait réellement recompter les votes en Floride.
Il aurait donc été élu et non George W Bush.
Une réalité électorale qui suit une réalité sociologique d’un pays où, certes, les conservateurs sont puissants mais où ils ne sont pas majoritaires, notamment parce que toutes les groupes ethniques en dehors des blancs, penchent très majoritairement en faveur des démocrates (afro-américains, hispaniques, américains asiatiques).
Dès lors, le Parti républicain s’est trouvé devant un dilemme: comment imposer son tournant à droite au pays qui n’en veut pas.
Il a trouvé une première réponse dans le charcutage électoral pour les élections à la Chambre des représentants.
Grâce à une mobilisation beaucoup plus grande de leurs sympathisants pour les élections locales, les républicains sont devenus majoritaires dans les Congrès de chaque Etat de l’Union (ainsi que pour le nombre de gouverneurs).
Et c’est une des prérogatives de ces Congrès de dresser la carte électorale des Etats en découpant les circonscriptions à leur envie (on appelle cela le «gerrymandering»).
Résultat, les républicains se sont assurés, au fil des ans, une majorité de circonscriptions homogènes où ils ne peuvent être battus et d’autres où il reste une petite chance aux démocrates de pouvoir être élus (et évidemment des circonscriptions homogènes où les démocrates sont sûrs de gagner).
Dans bien des Etats, cela leur permet de faire élire en masse des représentants républicains au Congrès de Washington et de contrôler, de ce fait, la branche législative au niveau fédéral.
Pour bien se rendre compte du caractère inique de ce redécoupage, il faut retenir un chiffre.
En 2012, lors de la réélection de Barack Obama, les candidats démocrates à la Chambre des représentants ont obtenus un million de voix en plus que ceux du Parti républicain mais n’ont jamais été aussi peu nombreux à être élus depuis des décennies…
Néanmoins, malgré le fait que l’élection du président des Etats-Unis se réalisent, à la fois, par le vote de super-délégués et que ceux-ci ne sont pas redistribués par rapport au vote national mais au vote dans chaque Etats (ce qui permet de ne pas forcément être élu avec plus grand nombre de voix mais de l’être en s’adjugeant les Etats-clés, comme la Floride ou l’Ohio, que l’on appelle aussi les «Swing states» parce qu’ils ne sont pas imprenables par les deux camps et qu’ils fournissent le nombre de délégués nécessaires pour l’emporter), les républicains n’ont pu faire main basse sur la Maison blanche.
Ce qui les empêche de mettre en œuvre leur programme très conservateur et de remodeler le pays de manière très idéologique et clientéliste (d’autant que jusqu’au 13 février, ils contrôlaient aussi le Cour suprême avant la mort soudaine de son membre le plus conservateur, Antonin Scalia).
C’est pourquoi ils ont décidé de diaboliser les démocrates, particulièrement les candidats à la présidentielle.
Pour y parvenir, leur tournant à droite s’est accompagné d’un déni d’être devenus extrémistes associé à une violente et constante campagne de propagande menée entre autres par le biais des idéologues de l’aile radicale du parti qui n’a eu de cesse, devant le recentrage du Parti démocrate de lui dénier celui-ci tout en le présentant comme un repère d’infâmes socialistes et gauchistes.
Lors de la présidence de Bill Clinton mais surtout depuis l’élection de Barack Obama, deux présidents centristes qui revendiquent ouvertement cette appellation, ils ont affirmé constamment que ceux-ci n’étaient que de dangereux socialistes (ou même des communistes, faisant, par exemple, des rapprochements entre Obama et… Staline!).
En outre, leur haine viscérale d’Hillary Clinton ne s’explique pas autrement.
Idéologiquement il s’agissait donc de présenter leur nouvelle ligne politique suite à leur virage à droite comme le nouveau centre de la politique américaine, donc le point d’équilibre de la politique.
Cette supercherie permettait ainsi de prétendre que les démocrates avaient viré à gauche alors, qu’en réalité, c’est eux qui avaient viré à droite.
Elle permet également de présenter John Kasich, comme le candidat à la candidature pour la présidentielle le plus centriste du Parti républicain alors qu’il est en réalité un conservateur bon teint et un des responsables de la politique très conservatrice de Ronald Reagan au Congrès.
Cette campagne de communication des républicains a pris un tour systématique et virulent, avec insultes à la clé, pendant les premières années de la présidence d’Obama qui était un véritable danger pour eux car il se présentait en modéré, voulant travailler avec tout le monde et avait même inventé le terme «post-partisan» qui signifiait dans son esprit, la fin des affrontements camp contre camp avec la mise en place de majorités de circonstances sur des sujets variés.
Pour nombre de républicains, qui l’ont dit plus ou moins ouvertement (notamment lors d’une réunion des élus du parti au Congrès début 2009), il fallait empêcher par tous les moyens Obama de réussir en bloquant systématiquement les institutions.
Cette entreprise de caricaturer Barack Obama en homme de gauche a, étonnamment, obtenu un certain succès auprès de certains médias pourtant peu réputés pour être conservateurs ou de droite radicale.
Dans le même temps, en mettant en œuvre concrètement le blocage des institutions par une opposition de tous les instants et jamais vue au Congrès (ce qui en fait une des institutions les plus détestées des Américains), en refusant toute augmentation de salaires et tout partage de la richesse et en promouvant l’enrichissement indécent de quelques uns, en s’opposant à toute mesure sociale (comme l’assurance santé), en glorifiant le port d’arme, en voulant remettre en question le droit à l’avortement, en attaquant toute politique d’intégration de certains immigrants illégaux, en niant le réchauffement climatique ils sont effectivement parvenus, petit à petit, à radicaliser une partie des sympathisants et des électeurs démocrates ainsi qu’à redonner voix à cette frange très «liberal» (très à gauche) du Parti démocrate qui existe toujours même si elle demeure minoritaire depuis qu’elle avait été largement marginalisée après le désastre électoral de 1972 avec la candidature de George Mc Govern à la présidentielle face à Nixon.
Et cela s’est traduit par le phénomène Bernie Sanders qui est une victoire pour les radicaux républicains.
Sa popularité auprès d’une partie des démocrates, mais aussi de la jeunesse et des «independents» de gauche (les «independents» sont des gens qui ne sont pas affiliés à un parti et dont le positionnement peut aller de l’extrême-droite à l’extrême-gauche), est bien la résultante de cette tentative de gauchiser le Parti démocrate en provoquant une réaction de ses sympathisants face une droitisation extrême du Parti républicain.
Cette gauchisation venue d’un homme extérieur au parti – Bernie Sanders n’est pas un démocrate, il est seulement affilié au groupe sénatorial du parti – est en train de prendre une tournure plus importante avec les attaques contre le progressisme d’Hillary Clinton par le camp Sanders, comme si un progressiste était nécessairement une personnalité à gauche de l’échiquier politique.
Quand Clinton se définit comme «une progressiste qui veut des résultats concrets», elle ne fait que définir ce qu’est un centriste, un réformateur pragmatiste qui préfère des avancées réelles à des incantations idéologiques qui n’ont aucune chance de réussir.
Le site internet américain de l’Huffington Post affirme ainsi ce n’est que Clinton n’est pas progressiste mais qu’elle est «prudente».
Mais cette prudence est bien l’apanage de ceux qui recherchent le juste équilibre qui ne se construit pas par un coup de baguette magique comme l’espèrent ceux qui, à droite et à gauche, portent les mesures clientélistes et s’enorgueillissent de mauvaises réformes parce que décidées dans une sorte de ferveur partisane peu propice à une bonne gouvernance.
Mais il est évident, par exemple, qu’entre Barack Obama et Hillary Clinton, le premier est du Centre-centre alors que la deuxième a un tropisme un peu plus centre-gauche.
Et l’énorme erreur faite par les liberals en 2007 pour leurs idées est d’avoir soutenu Obama face à Clinton.
Toujours est-il que la nomination de Bernie Sanders comme candidat du Parti démocrate, même si elle reste largement hypothétique mais pas impossible désormais, serait une victoire du Parti républicain et une grande chance pour lui de gagner la présidentielle du 8 novembre prochain.
Elle serait une défaite du centrisme américain et installerait, sans doute, à la Maison blanche, un conservateur très à droite.
Elle renverrait le Parti démocrate à ses démons gauchistes et à une grave crise d’identité.
Le rêve des idéologues républicains serait enfin devenu réalité.
A moins qu’une candidature de Michael Bloomberg, rabatte les cartes.

Alexandre Vatimbella

© 2016 LesNouveauxMondes.org



mercredi 10 février 2016

Présidentielle USA 2016. Bloomberg confirme son intérêt pour une candidature

Alors que et parce que Donald Trump et Ted Cruz, du côté républicain, et Bernie Sanders, du côté démocrate, continuent à faire le buzz dans les primaires américaines, l’ancien maire de New York et centriste, Michael Bloomberg a confirmé pour la première fois à la presse son intérêt pour se lancer dans la course à la présidentielle en tant que candidat «independent» (affilié à aucun parti).
Dans une interview au Financial Times, il a affirmé qu’il étudiait toutes les options en vue d’une éventuelle candidature.
En outre, il s’est dit choqué par l’inanité des débats politiques à l’occasion des primaires des deux grands partis (républicain et démocrate) en estimant que le peuple américain méritait beaucoup mieux.
Propriétaire du groupe d’information financière éponyme, Bloomberg pourrait consacrer un milliard de dollars à sa candidature sur sa propre fortune estimée à 39 milliards de dollars.
Sa candidature pourrait devenir officielle début mars même s’il a expliqué qu’il était encore à écouter ce que les candidats avaient à dire et les souhaits des électeurs.
Car il a plus ou moins conditionné d’entrer dans la course si les républicains semblaient choisir un extrémiste comme Cruz ou un populiste démagogue comme Trump et si les démocrates se tournaient de plus en plus vers le socialiste Sanders.
Néanmoins, si sa décision intervient début mars, il est peu probable que l’on sache déjà qui seront les candidats républicain et démocrate en novembre prochain, ni même que l’on connaisse réellement la tendance dans chaque parti.
Selon les enquêtes, Michael Bloomberg qui a été un démocrate, puis un républicain et enfin un «independent» devrait prendre plus de voix à un candidat démocrate qu’à un candidat républicain.
Et, en tant que centriste proche politiquement du positionnement d’Hillary Clinton et de Barack Obama, il est en effet plus proche de l’aile droite du Parti démocrate que du Parti républicain.
C’est sans doute pourquoi l’ensemble des candidats républicains espèrent qu’il va se présenter ce qui augmenteraient les chances de celui qui sera choisi par la Convention du parti en juillet prochain à Cleveland (Ohio) de gagner la présidentielle.


Alexandre Vatimbella


© 2016 LesNouveauxMondes.org



Présidentielle USA 2016. ¨Primaire New Hampshire: victoire du populisme

Leurs programmes ont beau être inapplicables, leurs propositions économiques ont beau être irréalisables selon les experts, leurs chance d’être élus ont beau être proches de zéro, les populistes démagogues républicain et démocrate, que les médias préfèrent appeler de manière euphémistique «anti-establishment, Donald Trump et Bernie Sanders, ont remporté facilement la primaire du petit Etat du Nord Est des Etats-Unis, le New Hampshire.
Donald Trump a dominé l’ensemble des candidats républicains avec aux alentours de 35% des voix tandis que Bernie Sanders battait très largement Hillary Clinton avec 22 points d’avance (aux alentours de 60% contre 38%).
Bien sûr, l’histoire électorale nous apprend que dans les dernières décennies, un seul candidat démocrate victorieux dans cet Etat a remporté la Maison blanche (Jimmy Carter en 1976) et deux républicains ont fait de même (Ronald Reagan en 1980 et Gerorge W Bush en 2000, et encore, ce dernier ayant été élu de manière contestable), ce que l’on retiendra de cette primaire est que la «rage» des Américains que montrent les sondages s’est particulièrement exprimée dans le New Hampshire et que rien ne dit que ce ne sera pas le cas dans d’autres Etats.
Donald Trump et Bernie Sanders vont évidemment en profiter avec, sans doute, une certaine dynamique politique.
Néanmoins, celle-ci est difficile à apprécier avec exactitude.
Pour Donald Trump parce que ses poursuivants, même s’ils sont loin, n’ont pas dit leur dernier mot (notamment ceux qui sont soutenus par l’establishment républicain) et que les prochaines primaires pourraient leur être plus favorable.
Pour Bernie Sanders parce que le New Hampshire, Etat voisin de celui dont il est le sénateur, le Vermont, lui était destiné quasi-sûrement comme le prédisait Hillary Clinton déjà voici quelques mois devant ses collaborateurs.
D’autant que nombre d’«independents» ont pris part au vote (ce que permettent certains Etats) et qu’il faut toujours rappeler que cette catégorie d’électeurs est celle qui ne se reconnait pas dans les deux grands partis mais qui ne sont pas pour autant au centre ou des centristes, une grande partie d’entre eux étant soit plus à droite que le Parti républicain, soit plus à gauche que le Parti démocrate (en l’occurrence plus proches des thèses socialistes de Bernie Sanders).
De plus, c’est un Etat pratiquement monocolore (blanc) qui ne représente pas du tout l’électorat démocrate multiethnique (blancs, latinos, afro-américaine, américains asiatiques) et vivant dans les grandes villes, ce que ne possède pas le New Hampshire seulement 42° Etat en terme de population (un peu plus de 1,3 million d’habitants dont un peu plus de 100.000 pour la cité la plus peuplée, Manchester).
Le prochain test important pour tous les candidats se déroulera en Caroline du Sud, premier Etat du Sud à voter.
Dans cette soirée électorale très décevante pour les centristes, en particulier pour la démocrate Hillary Clinton, deux bonnes nouvelles néanmoins.
D’une part, le bon score de John Kasich, le candidat le plus au centre du côté républicain qui arrive en deuxième position avec aux alentours de 16% des voix.
D’autre part, toujours du côté républicain, les défaites cuisantes de l’extrémiste Ted Cruz (troisième avec 12% des voix) et surtout du radical opportuniste Marco Rubio (cinquième  avec un peu plus de 10% des voix).
A noter que ce résultat conforte très certainement le centriste Michael Bloomberg dans sa volonté de se présenter à la présidentielle.

Alexandre Vatimbella

© 2016 LesNouveauxMondes.org

mardi 2 février 2016

Présidentielle USA 2016. Caucus de l’Iowa: les centristes à la peine

Ça y est, le processus de désignation des candidats des deux principaux partis américains pour l’élection présidentielle du 8 novembre est entrée dans sa phase active avec le caucus de l’Iowa (qui est une primaire sans en être une au vue de son organisation particulière).
Et même si les votes de ce petit Etat sont sans grande importance en terme de comptabilité du nombre de délégués obtenus par chaque candidat (les primaires fonctionnent comme l’élection générale avec un vote à deux niveaux, les électeurs pour des délégués aux primaires, les délégués pour les candidats à la convention), il en a en termes médiatiques mais aussi en dynamique électorale, «momentum» en langage politique américain, pour ceux qui arrivent en tête, surtout si on les attendait pas dans cette position.
Ainsi, l’Iowa avait créé la dynamique Obama en 2008 alors d’Hillary Clinton dominait outrageusement les sondages, et avait porté le premier afro-américain à la Maison blanche dix mois plus tard.
Cette année, les résultats du caucus de l’Iowa montrent les centristes à la peine, tant du côté démocrate que du côté républicain.
Chez les républicains, d’abord, tous les candidats espérés par l’establishment du parti et qui se rapprochent le plus du centre de l’échiquier politique, ont tous connu une sévère déculottée avec des scores catastrophiques: Jeb Bush à 3%, John Kasihn et Chris Christie à 2%.
Cependant, cela ne remet pas encore en cause leurs chances de victoire.
Et c’est le représentant de la droite extrême du parti, Ted Cruz, champion du Tea Party (organisation largement d’extrême-droite) du Texas qui l’a emporté avec 28% des suffrages devant le populiste démagogue newyorkais Donald Trump, pourtant en tête dans les sondages, qui obtient 24% des voix devançant de peu l’ancien héros du Tea Party de Floride et représentant de la droite radicale, Marco Rubio avec 23%.
Chez les démocrates, Hillary Clinton peut pousser un ouf! de soulagement puisque la centriste l’emporte de justesse avec un peu plus de 50% des voix devant le socialiste Bernie Sanders avec un peu moins de 50% des voix, ce qui lui donne un délégué de plus pour la convention (néanmoins, il en demeure un à attribuer).
Ce soulagement de ne pas avoir perdu cet Etat qui avait révélé Obama en 2008 et lui avait permis de remporter la convention démocrate (même s’il faut toujours le rappeler avec moins de voix populaires que Clinton) est évidemment contrebalancé par la bonne tenue de Sanders même si cela était prévu dans les sondages.
La prochaine primaire sera dans le New Hampshire (et en réalité la première puisque l’Iowa est un caucus) aura lieu le 9 février.
Côté républicain, les sondages donnent vainqueur assez largement Donald Trump devant la paire Cruz-Rubio.
Chez les démocrates, c’est Bernie Sanders qui est en tête, notamment parce qu’il s’agit d’un Etat mitoyen à celui dont il est sénateur, le Vermont.
A noter que Mike Huckabee, champion des évangélistes radicaux s’est retiré de la course républicaine après les résultats de l’Iowa tout comme Martin O’Malley, l’ancien gouverneur du Maryland, de la course démocrate qui ne compte plus désormais que deux candidats, Clinton et Sanders.

Alexandre Vatimbella

© 2016 LesNouveauxMondes.org