«‘Nous le peuple’. Notre Constitution commence par ces trois mots simples, des mots que nous avons appris à connaître et qui signifient toutes les personnes, pas seulement certaines; mots qui insistent pour que nous nous élevions ou chutions ensemble. Cela m’amène à (…) la chose la plus importante que je veux dire ce soir.
L'avenir que nous voulons – les opportunités et la sécurité pour nos familles, une progression du niveau de vie et, une planète pacifique et durable pour nos enfants – tout ceci est à notre portée. Mais cela ne se produira que si nous travaillons ensemble. Cela ne se produira que si nous pouvons avoir des débats constructifs, rationnels.
Cela ne se produira que si nous réparons notre vie politique.
Une meilleure politique ne signifie pas que nous avons d'accord sur tout. Nous sommes un grand pays, avec différentes régions, attitudes et intérêts. Voilà une de nos forces, aussi. (…)
Mais la démocratie exige cette obligation de base qu'est la confiance entre ses citoyens. Elle ne fonctionne pas si nous pensons que les gens qui sont en désaccord avec nous sont tous motivés par la malveillance, ou que nos adversaires politiques sont antipatriotiques. La démocratie s’enraye sans volonté de compromis; ou quand même des faits fondamentaux sont contestés, et que nous n’écoutons que ceux qui sont d'accord avec nous. Notre vie publique flétrit lorsque seules les voix les plus extrêmes attirent l'attention. Plus que tout, la démocratie tombe en panne lorsque la classe moyenne sent que sa voix n'a pas d'importance; que le système est truqué en faveur du riche ou du puissant ou pour certains intérêts étroits.»
Lors de son dernier discours sur l’état de l’union, le 12 janvier, Barack Obama qui va quitter la Maison blanche en janvier 2017, a regretté que sa présidence ait été un moment où les différences partisanes se soient accrues et que le dialogue entre les deux principaux partis ait été plus agressif que jamais, bloquant souvent tout le processus législatif et le bon fonctionnement de l’administration (nombre de postes importants, par exemple, sont ainsi vacants par le refus des républicains de confirmer les personnes choisies par Obama pour les occuper).
Il a même estimé avoir une part de responsabilité dans cet état de fait.
Par ce regret, Barack Obama rappelle ainsi son centrisme viscéral qu’il voulait imposer à Washington en 2009 par sa vision «post-partisane» où le gouvernement se faisait sur une majorité d’idées qui dépassait le clivage traditionnel et le fonctionnement partisan.
Sans doute que cette attente était trop idéale, voire naïve, car éloignée de la manière dont se déroule le débat politique dans une démocratie où les factions s’opposent le plus souvent vis-à-vis de leurs intérêts divergents plutôt que de coopérer dans la recherche d’un consensus d’équilibre.
Mais, même s’il ne se faisait pas trop d’illusions étant un pragmatiste, il aurait au moins souhaité que le dialogue bipartisan soit la règle, ce qui n’a pas été le cas, loin de là, essentiellement par la faute des républicains et de leur aile droitière influencée par le Tea Party et les activistes proches de l’extrême-droite.
D’ailleurs, pour dire son attachement à ce travail en commun, il a entamé son discours, en s’est félicitant que des mesures puissent avoir été prises récemment par le Congrès, notamment le vote d’un budget, alors même que c’est une année d’élection traditionnellement peu prolixe en mesures législatives.
Il a également défendu le vivre ensemble face aux attaques du populiste démagogue Donald Trump, candidat à la candidature républicaine qui est actuellement en tête dans les sondages pour représenter son camp à la présidentielle du 8 novembre prochain.
Alexandre Vatimbella
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