En regardant les sondages sur la présidentielle américaine,
on peut se demander qu’elle «machine perdre», de la démocrate ou de la
républicaine va l’emporter le 8 novembre prochain laissant ainsi gagner
l’adversaire!
Tout le monde connait le fonctionnement d’une machine à
perdre qui est en l’occurrence, pour un parti, de nommer un candidat à la
présidentielle qui n’a aucune chance de l’emporter.
Une machine particulièrement efficace aux Etats-Unis pour
couler un parti depuis que les primaires sont vraiment démocratiques, a qui a
abouti à des situations où, du côte républicain, la candidature de Barry Goldwater
face à Lyndon Johnson en 1964, et du côté démocrate, la candidature de George
Mc Govern face à Richard Nixon en 1972, furent de véritables désastres.
Or, en cette année 2016 où le populisme et la démagogie sont
présents en force du côté républicain mais aussi du côté démocrate avec cette
«rage» de ces sympathisants des deux bords qui constituent la base de
l’électorat des primaires, on pourrait aboutir à la nomination de ce que l’on
appelle deux candidats inéligibles!
Bien évidemment, un de ces deux l’emporterait, à moins qu’un
troisième larron ne sente le coup et se présente en «independent» avec une
grande chance, pour la première fois de l’histoire politique des Etats-Unis, de
se faire élire.
On n’en est pas encore là mais la domination de Donald Trump
dans la course à la candidature républicaine (avec en second Ted Cruz, tout
aussi «inéligible») et la remontée actuelle dans les sondages de Bernie Sanders
dans la course à la candidature démocrate montrent que cette éventualité de
deux candidats inéligibles n’est pas tout à fait une vue de l’esprit, loin de
là.
Quant au candidat «independent», plusieurs personnalités y
ont pensé même si aucune (à part Trump s’il n’obtenait pas l’investiture
républicaine) n’y a fait réellement allusion jusqu’à présent sérieusement et/ou
officiellement.
Mais, de l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, à
l’ancien candidat républicain en 2012, Mitt Romney, les prétendants à cette
candidature pourraient être nombreux.
Ils se présenteraient sans doute comme des candidats
responsables, modérés, voire centristes pour contrer les candidats populistes.
S’il devait y avoir un duel Donald Trump ou Ted Cruz face à
Bernie Sanders (et donc sans troisième homme) et si l’on se fie à ce que
rejette en priorité la société américaine, les deux premiers devraient l’emporter.
Donald Trump, démagogue populiste, et Ted Cruz, démagogue
conservateur voire proche de l’extrême-droite sur certains sujets, devraient faire
moins peur que le socialiste Bernie Sanders même si les trois sont aujourd’hui
des antisystèmes et des pourfendeurs de tous les «profiteurs» (même si ceux-ci
ne sont pas toujours les mêmes…).
Mais rien n’est simple pour cette élection puisque des
sondages ont montré que Bernie Sanders pourraient l’emporter plus aisément face
à Trump ou Cruz qu’Hillary Clinton.
Ainsi, la moyenne des derniers sondages calculée par le site
RealClearPolitics donne à Bernie Sanders une avance de deux points sur Donald
Trump et plus de trois points sur Ted Cruz alors que la centriste Hillary
Clinton possède moins de deux points d’avance sur Donald Trump et est en retard
de deux points sur Ted Cruz.
Même si l’on sait que ces sondages sur l’élection générale
ne veulent pas dire grand-chose aux Etats-Unis si loin de l’échéance et que
ceux-ci donnent souvent des résultats peu fiables, le sénateur du Vermont de 74
ans, admirateur de l’ancien candidat radical du parti socialiste américain,
Eugene Debs, s’en est évidemment emparé pour affirmer un peu partout, comme
dernièrement sur CBS qu’il est le mieux placé pour gagner la présidentielle du
côté démocrate.
Si l’on assiste à une duel Trump-Sanders, au-delà du fait qu’il
s’agira des candidats qui n’étaient pas ceux de l’establishment de deux grands
partis, on aura affaire à deux candidats qui ne viennent pas, non plus, de l’intérieur
des partis.
Si Donald Trump se dit aujourd’hui républicain, il a été
beaucoup plus longtemps démocrate, voire sans affiliation particulière.
De son côté, Bernie Sanders n’est pas membre du Parti
démocrate mais seulement rattaché au groupe démocrate du Sénat à Washington.
L’élection d’un des deux serait à coup sûr une grande claque
pour le Parti démocrate et le Parti républicain.
Sans doute ceux-ci la méritent-ils tant ils ont une image
désastreuse dans l’opinion avec un Congrès souvent incapable de fonctionner
normalement depuis des années à cause d’une incapacité à travailler ensemble et
à des visions idéologiques de plus en plus clivées, surtout du côté républicain
mais aussi présentes chez certains démocrates.
Néanmoins, ce serait une très mauvaise nouvelle pour les
Etats-Unis (et le monde), car les programmes des deux hommes sont dangereux,
particulièrement en matières économique et de politique étrangère.
Leur populisme et leur démagogie ainsi que leur
isolationnisme les rend, néanmoins, largement inapplicables sauf à provoquer
une grave crise qu’aucun ne prendra le risque de prendre, sans doute.
Mais les mesures emblématiques que les deux hommes
pourraient prendre ainsi que l’atmosphère générale de leur présidence recèleraient
un véritable danger.
Les observateurs avaient (à tort) la manie d’affirmer que
les élections américaines n’étaient pas idéologiques comme en Europe et
mettaient aux prises des candidats «blanc bonnet et bonnet blanc» qui étaient
largement interchangeables et d’accord sur presque tout.
Cette élection pourrait être un exemple du contraire.
Malheureusement.
Alexandre Vatimbella
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