Si l’on se fiait aux sondages actuels, les deux candidats à la présidentielle américaine de novembre 2016 seraient la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump.
Sauf catastrophe pour elle, la centriste Clinton sera la représentante démocrate tant elle domine son opposant interne, le socialiste Bernie Sanders.
En revanche, il peut se passer encore bien des choses du côté républicain, comme l’effondrement de Trump (ce cas de figure où des populistes démagogues sont montés très haut avant les primaires ou au début de celles-ci puis se sont effondrés très rapidement est assez courant) ou la montée en puissance inexorable de l’homme d’extrême-droite, le Texan Ted Cruz (le plus dangereux du panel républicain) ou bien encore l’éclosion de Marco Rubio (droite radicale) et même, pourquoi, la résurrection inespérée de Jeb Bush (conservateur) ou de Chris Christie (conservateur modéré).
De même, Donald Trump, s’il n’obtient pas la nomination républicaine, pourrait être tenté de se présenter en indépendant, ce qui amoindrirait ses chances d’une éventuelle victoire (tout en détruisant quasiment définitivement celles du candidat républicaine officiel).
Néanmoins, son avance dans les sondages actuels vis-à-vis de ses concurrents républicains est telle que l’on peut désormais prendre en compte sa candidature comme «sérieuse» électoralement parlant à défaut de l’être politiquement parlant en matière de programme et de compétence.
D’autant que le dernier débat des prétendants républicains qui s’est tenu à Las Vegas le 15 décembre au soir n’a pas changé la donne où le promoteur immobilier newyorkais devance largement Ted Cruz et Marco Rubio ainsi que le chirurgien et néophyte en politique Ben Carson qui semble être proche d’un retour définitif dans l’ombre même s’il se comporte encore bien dans les sondages sur la présidentielle elle-même.
Si l’on prend les derniers sondages entre Clinton et Trump, ils donnent tous une avance pour la première sur le second:
- 50% contre 44% pour celui de ABC news et du Washington Post du 15 décembre;
- 50% contre 40% pour celui de NBC et du Wall Street Journal du 14 décembre;
- 48% contre 44% pour celui de USA Today du 8 décembre;
- 52% contre 41% pour celui de MSNBC et Telemundo du 7 décembre.
Mais l’on est encore à onze mois du scrutin et des sondages comme ceux donnant une petite avance de Ben Carson sur Hillary Clinton doivent inciter à la prudence sur les pronostics de victoire de chacun.
Pour autant, on peut dire que le souhait à peine secret d’Hillary Clinton et de son équipe serait un affrontement entre l’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama et le milliardaire fantasque (son deuxième choix serait de retrouver en face d’elle l’icône du Tea Party, Ted Cruz).
Il faut dire que la victoire à la présidentielle américaine passe désormais par la capacité à réunir son camp mais aussi à s’attacher une majorité d’électeurs latinos, noirs et même asiatiques.
L’Amérique blanche et masculine qui soutient Donald Trump n’est plus majoritaire, loin de là et il faut absolument séduire dans tous les groupes ethniques (que l’on appelle encore races aux Etats-Unis).
Et le magnat de l’immobilier de New York n’a quasiment aucune chance d’y parvenir, lui qui veut renvoyer tous les immigrants illégaux d’Amériques du Sud et Centrale chez eux (soit entre 11 et 15 millions de personnes!), qui ne parvient pas à susciter un sentiment positif auprès de la communauté afro-américaine, sans parler des musulmans mais aussi des juifs.
Bien entendu, il ne faut pas oublier qu’un sondage national n’est pas le reflet de la réalité des chances de chacun puisque l’on vote Etat par Etat pour la présidentielle avec des grands électeurs qui sont désignés par le vote populaire.
Ainsi, l’important est de gagner dans les fameux «swing States» ces Etats qui ne sont pas très majoritairement démocrates ou républicains et donc imprenables pour les candidats de l’autre bord politique (comme l’Etat de New York massivement démocrate et le Texas massivement républicain).
Or, dans ces Etats, la tendance n’est pas en faveur de Trump, notamment en Floride où l’on compte de nombreux latinos.
De même, le programme de Trump, quand il n’est pas flou, sans queue ni tête ou basé sur un mensonge grossier, est d’un extrémisme qui n’est pas à même, a priori, d’emporter l’adhésion auprès des femmes ainsi que des «independents» indépendants, c’est-à-dire des électeurs qui ne sont affiliés ou proches d’aucun des deux partis, qui se situent au centre de l’échiquier politique et qui choisissent en général les candidats modérés et rassembleurs (à l’inverse des «independents» démocrates ou républicains qui déclarent ne pas être affiliés à leur parti favori, qui son souvent des gens de gauche et de droite plus radicalisés que la ligne politique du parti dont ils restent malgré tout proches ce qui fait qu’ils votent, in fine, pour celui-ci).
Tout concoure donc à faire de Hillary Clinton la super-favorite d’un duel qui l’opposerait à Donald Trump.
On peut ainsi penser que ce dernier est plutôt dans la situation d’une Marine Le Pen en France, c’est-à-dire qu’il peut réaliser des scores importants mais qu’une majorité des électeurs n’’imaginent même pas de voter pour lui.
Reste à savoir quel sera l’état du pays l’été prochain et si la campagne électorale n’aura pas fait exploser certaines candidatures en révélant ou inventant des scandales.
Ainsi, Hillary Clinton est bien évidemment l’objet de toutes les attentions des groupes républicains radicaux chargés de mener des enquêtes et de répandre des rumeurs généralement fausses sur sa personne.
On sait qu’ils travaillent d’arrache-pied et qu’il faut s’attendre à de nouvelles «révélations» pendant les onze mois qui nous séparent de l’élection.
Alexandre Vatimbella
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