Si la Russie est dans l’état où
elle est, c’est sa faute.
C’est en tout cas ce que pensent
les dirigeants chinois au premier rang desquels Xi Jinping, le premier
secrétaire du parti communiste et chef de l’Etat.
En réalité, dans un retour au
maoïsme et au marxisme, le nouveau pouvoir de Pékin estime que la fin de
l’Union soviétique dans les années 1980-1990 pourrait être ce qui pourrait
arriver à la Chine si une démocratisation du régime se produisait.
Car, Xi Jinping est persuadé que
le PC soviétique s’est sabordé en acceptant les valeurs démocratiques alors
même que selon tous les analystes sérieux la chute de l’empire des soviets est
bien l’échec cuisant de son modèle politique, économique et social.
Mais le maître de la Chine
signifie par là que le PC soviétique aurait du faire ce que Den Xiaoping a fait
en 1989 aux étudiant de la place Tienanmen, tirer sur les étudiants puis
reprendre en main le semblant de liberté politique qui s’était installé dans le
pays.
Si l’on y regarde de plus près en
termes de puissance, il est vrai que l’Union soviétique était la grande
sœur de la République populaire de Chine
alors qu’aujourd’hui cette dernière est devenue la grande sœur de la Russie.
Mais, encore une fois, c’est bien
le modèle soviétique qui a tourné au fiasco.
D’ailleurs, c’est bien en
tournant le dos à ce modèle et en inventant un capitalisme d’Etat tout en
gardant un système politique totalitaire et dictatorial que la Chine s’est
développé, tournant le dos à la vulgate marxiste sans aucun remord.
C’est le grand drame de Vladimir
Poutine.
Ce dernier, pour tenter de faire
retrouver un certain standing à la Russie ainsi que tenter de faire revivre
d’une manière ou d’une autre l’Union soviétique en annexant des territoires, en
concluant des accords avec les anciennes républiques de l’empire et en
provoquant des glacis dans celles qui ne veulent pas coopérer (Géorgie, Ukraine)
ainsi qu’en jouant les va-t-en-guerre contre l’Occident partout où c’est
possible comme en Syrie, a du s’allier avec Pékin en étant le suiveur et non
plus le guide.
Une alliance où la Chine y trouve
un énorme avantage: ne pas être isolée sur la scène mondiale notamment depuis
qu’elle y montre une agressivité qui inquiète tous ses voisins (sans doute même
la Russie!) et toutes les démocraties de la planète.
Or cette alliance, malgré ce que
l’on croit généralement et ce que disent les propagandes russe et chinoise, ne
va pas de soi.
Les intérêts de la Chine et de la
Russie sont souvent totalement antinomiques et chacun des deux pays craint les
visées hégémoniques de l’autre.
Actuellement, dans l’état dans
lequel elle se trouve, c’est la Russie qui a le plus à craindre d’une Chine qui
retrouve son standing du début du XIX° siècle et qui domine son voisin de l’ouest
économiquement de manière outrageuse.
Poutine essaye donc de se servir
de la Chine pour tenter de garder le statut de grande puissance à la Russie
alors même qu’en l’état les deux grands du monde sont cette même Chine et les
Etats-Unis à son grand désespoir...
De même, Poutine aimerait copier
l’exemple chinois mais les différences entre les deux nations sont telles qu’il
n’y a aucune chance que cela se produise.
Car si la Russie est l’exemple à
ne pas suivre pour la Russie, il est tout aussi sûr que la Chine est bien l’exemple
que la Russie voudrai suivre…
Alexandre Vatimbella
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