Or donc, selon monsieur Poutine,
il y aurait un droit international qui, en Syrie ne permettrait pas de remettre
en cause le gouvernement légitime choisit par le peuple (sic) et l’intégrité
territoriale du pays.
Du haut du podium de l’assemblée
générale annuelle des Nations unies, l’autocrate du Kremlin a pris la défense
de l’assassin de Damas.
Mais que pense monsieur Poutine
du droit international en Ukraine, lui qui a annexé une partie du territoire,
la Crimée, qui aide avec des troupes au sol les séparatistes du Donbass et qui
a abattu un avion de ligne malaysien avec des femmes et des enfants à bord?
Oui, qu’en pense-t-il?
Ferait-il de l’humour même pas
drôle?
Et que pensent tous les soutiens
de messieurs Poutine et Assad dans les pays occidentaux?
Que les charniers du dictateur
sont moins nauséabonds que ceux de Daesh?
Bien évidemment, il faut
éradiquer cet Etat islamique qui n’est que la réunion d’une bande de criminels,
dont certains malades mentaux, qui érigent le meurtre, le viol et le vol en
programme de gouvernement.
Mais faut-il pour cela permettre
à des gens comme Vladimir Poutine de raconter des mensonges et de prendre des
libertés avec la réalité?
De même, faut-il s’allier avec le
principal responsable de cette situation, Bachar el-Assad, lui qui, au lieu de
discuter avec son opposition et démocratiser son pays a envoyé ses chars et son
armée massacrer sa population, créant une guerre civile et un chaos qui est
directement la cause de l’existence de Daesh?
Au nom, soi-disant, d’une
realpolitik qui a fait que les puissances occidentales se sont alliées au
sanguinaire Staline (et signataire du pacte germano-soviétique avec Hitler)
pour remporter la Deuxième guerre mondiale face aux nazis, ancêtres des
terroristes de l’Etat islamique, il faudrait que la communauté internationale
abdique le peu de dignité qui lui reste pour sauver ce «tyran», selon le terme
de Barack Obama, dont les actes irresponsables ont mené à la situation
actuelle.
Comme le dit fort justement le
président français, François Hollande, «Assad est une partie du problème, pas
de la solution».
Demander le départ du pouvoir du
protégé de monsieur Poutine comme demander à ce dernier de respecter le droit
international en Ukraine (ainsi qu’en Géorgie), ce serait donc une attitude
irresponsable selon tous les thuriféraires de l’ancien cadre du KGB.
On espérait – c’est vrai sans
trop y croire – que la mondialisation du XXI° siècle serait plus à cheval sur
un humanisme respectueux.
Mais ce n’est pas parce que des
monstruosités ont lieu aux quatre coins de la planète qu’il faut abdiquer les
valeurs universelles qui, comme l’a rappelé Barack Obama, le président de la
plus vieille démocratie, à ce même podium où Vladimir Poutine est venu défendre
l’indéfendable, fondent les démocraties et qui peuvent s’appliquer partout
pourvu que l’on empêche de nuire et les personnages comme Assad et les meutes
criminelles comme Daesh sans oublier leurs soutiens, Poutine ici, les princes d’Arabie
Saoudite là qui ne sont guère plus démocrates que leurs poulains.
Sans doute que les relations
internationales sont un espace sans foi et peu de loi où celle du plus fort
continue de prévaloir.
Sans doute faut-il ne pas se
bercer d’illusions sur une humanité harmonieuse, unie par des principes
humanistes demain ou dans un futur proche.
Sans doute les pays occidentaux
doivent penser à leurs intérêts qui ne sont pas toujours conciliables avec les
valeurs qui les fondent.
Oui, tout ce que disent les
pragmatistes réalistes en ce domaine est également vrai.
Mais si les démocraties foulaient
au pied ce qu’elles prêchent, quelle serait alors leur degré de crédibilité et
légitimité face à tous ceux qui les agressent.
Car, à vouloir trop faire de
concessions à ses ennemis, elles se retrouveraient, un jour ou l’autre, comme
Chamberlain et Daladier à Munich pour céder face à Hitler.
Alexandre Vatimbella
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