Cela fait plusieurs années que
les spécialistes de la Chine annoncent une forte baisse de la croissance
économique qui, selon eux, pourrait avoir des conséquences graves, voire plus,
sur la société chinoise, sur le monde politique, sur le social et le sociétal,
sans parler du développement économique du pays.
Mais, jusqu’à présent, par des
plans de relance sans nuances mais aussi grâce à sa marche en avant plus
robuste qu’on pouvait le penser (même si les statistiques officielles radieuses
ont toujours été plus ou moins mensongères), Pékin a déjoué les pronostics
sombrent que certains faisaient sur son futur proche.
Néanmoins, les récents problèmes
financiers, dont l’effondrement des bourses de Shanghai et de Shenzhen, la
baisse de la production, celles des exportations et de la consommation ainsi
que de mauvais chiffres dans bien ses secteurs économiques comme la téléphonie
mobile mais aussi les problèmes structurels d’une économie incapable de
réinventer son modèle à bas coûts et d’exportations effrénées et subventionnées,
ont montré une fragilité de la Chine qui semble annoncer des lendemains
difficiles.
Des experts parlent désormais
d’une croissance sous les 4% pour la Chine cette année.
Si c’est le cas, alors l’ensemble
de la planète peut se poser des questions.
Car, dans une globalisation telle
que nous la connaissons actuellement, l’onde de choc du ralentissement chinois
ou pire, aura des conséquences évidentes.
Les économistes ne sont pour l’instant
pas d’accord entre eux sur l’ampleur de ces dernières.
Certains estiment que la
contagion chinoise devrait être moins dangereuse que celle issue de la Grande
récession de 2008 survenue aux Etats-Unis.
Mais d’autres, devant
l’accumulation de mauvaises nouvelles en provenance de l’Empire du milieu
tirent la sonnette d’alarme.
Ils parlent d’une potentielle
récession mondiale importante au vu des derniers développements (chute des prix
des matières premières, des devises des pays émergents, des bourses occidentales,
etc.).
En tout cas, les pays émergents à
la croissance qui semblait flamboyante et inarrêtable sont les premiers
impactés avec une machine économique dans le rouge, voire dans le noir comme
c’est le cas du Brésil ou de la Russie, deux pays qui vivent surtout de leurs
exportations de matières premières.
Sans parler d’un continent comme
l’Afrique qui s’était mis sous la tutelle chinoise pour solidifier son
décollage économique même si celui-ci se faisait, encore une fois, par le
pillage de ses ressources et l’exploitation de sa main d’œuvre.
Le monde retient donc son souffle
tant le dérèglement économique de la Chine peut dépasser le seul domaine de la
globalisation (économie et finance) et se traduire par des bouleversements au
niveau de la mondialisation (en matière politique et sociétale ainsi que dans
le rapport de force entre les pays).
De même, cela pourrait
déstabiliser le pouvoir en Chine qui tire sa légitimité de cette croissance sensée
amener la prospérité pour tous au fur et à mesure de sa marche inexorable, ce
qui permet, en outre, au Parti communiste de demeurer le seul maître du pays et
à ce dernier de ne pas se déchirer comme ce fut le cas tout au long de son
histoire tourmentée.
Une déstabilisation évidemment
hautement dangereuse pour les voisins de la Chine (Japon, Inde, Taïwan,
Indonésie, Philippines, Vietnam, etc.) ainsi que pour les Etats-Unis et l’Europe.
Au-delà de savoir comment la
communauté mondiale va trouver une solution si la crise chinoise devait s’avérer
d’une grande ampleur, il faut aussi se demander comment Pékin va décider de s’en
sortir.
Généralement, tout pouvoir
autoritaire et dictatorial choisit la fuite en avant.
Les plans de relance adoptés par
le Parti communiste chinois qui aboutissaient à construire des infrastructures
inutiles à coups de milliards de dollars en étaient une des options.
Ils ne marchent plus ainsi que l’injection
de fortes sommes dans le système financier délabré et gangrené par la
corruption.
Une autre, c’est de devenir
encore plus répressif à l’intérieur des frontières afin d’éviter toute contestation
du régime et les manifestations de mauvaise humeur de la population tout en
devenant encore plus agressif vis-à-vis de la communauté internationale, au
premier chef vis-à-vis de ses voisins en montant en épingle les conflits divers
et variés (notamment sur le plan frontalier), sans oublier une confrontation
encore plus directe et potentiellement explosive avec les Etats-Unis.
Une sorte de nouvelle guerre
froide.
Xi Jinping, le maître la Chine a
toujours regretté l’effondrement de l’Union soviétique, se dit un admirateur de
Mao Zedong, responsable de la faillite de son pays et de dizaines de millions
de morts et utilise sa fameuse lutte contre la corruption pour se débarrasser de
ses opposants.
De quoi faire frémir.
Alexandre Vatimbella
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