Les indicateurs économiques de la
Chine continuent à se détériorer et certains symptômes du château de cartes
mondial tant redoutés commencent à se manifester.
Ainsi des chutes des bourses de
New York à Paris dans le sillage de cette de Shanghaï mais si celles-ci
semblent maîtriser pour l’instant.
La question est évidemment de
savoir si la Chine tient à bout de bras la croissance mondiale et si le
ralentissement, voire plus, de son activité économique peut être contourné ou
atténué.
Les économistes, on s’en serait
douté, ne sont pas d’accord entre eux.
Néanmoins, aucun d’entre eux ne
parle d’absence d’effets négatifs sur la mondialisation.
En revanche, certains estiment
que les problèmes chinois auront peu de répercussions sur les économies des pays
avancés alors que celles des pays émergents ainsi que des pays exportateurs de
matières premières vont souffrir fortement.
D’autres, au contraire, prédisent
une nouvelle crise économique qui pourrait être, selon les plus pessimistes,
encore plus terrible que la Grande récession de 2008.
Pour les optimistes, les problèmes
des bourses chinoises viennent avant tout de la spéculation des petits porteurs
et rappellent que les indices avaient doublés en un an, donc que l’on assiste à
un ajustement nécessaire et bienvenu.
Quant à la baisse de la
croissance, elle est dans l’ordre des choses puisque la Chine passe d’une
économie avec une main d’œuvre à bas coût tournée vers l’exportation à celle où
une classe moyenne va plutôt tirer vers le haut les importations.
Les pessimistes, eux, pointent
l’incapacité du pouvoir communiste chinois à contrôler une situation où
l’intervention de la puissance publique par le biais de dépenses
d’infrastructures, de baisses des taux d’intérêt ou du taux de change de la
devise nationale, le yuan, de subventions déguisées aux entreprises d’Etat
exportatrices (qui, en retour, embauchaient à tour de bras pour ne pas faire
monter le taux de chômage), etc. ne parvient plus à redresser la barre.
D’autant que les problèmes
structurels de la Chine sont énormes (endettement massif, secteur financier
sinistré, immobilier en berne, incapacité à créer suffisamment d’innovation et
à restructurer une économie chinoise tournée vers l’exportation de produits de
basse qualité à une économie tournée vers son marché intérieur et produisant
des biens à haute valeur ajoutée, etc.).
Qui a raison? On le saura bien
assez tôt.
Mais, à beaucoup de ces experts,
il convient de rappeler que la rigueur est de mise généralement quand on veut
analyser et commenter la situation économique d’un pays.
Aujourd’hui, nombre d’entre eux «découvrent»
que Pékin a maquillé depuis toujours ses chiffres et ses statistiques – le pire
étant que dans ce lot, certains le savaient mais ne le disaient pas pour
entretenir le rêve… –, ce que tous les sinologues sérieux savent depuis des
années, tout comme c’est le cas de l’Inde comme l’affirment les économistes les
plus estimés de ce pays.
Si la croissance des pays
émergents n’a pas été un mirage, loin de là, elle a été sciemment vue plus
belle qu’elle n’était pas les autorités en place, notamment dans les Brics
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), il n’y a qu’à voir, à côté de
celles de la Chine et de l’Inde, la situation dans laquelle se trouvent la
Russie et le Brésil.
Et si une crise économique
mondiale résulte de l’atterrissage chinois, ce sera en partie par cet aveuglement
qui entretenait la croyance que les pays émergents et les Brics allaient sauver
la planète au lieu de s’être attaqué aux vrais problèmes et à avoir trouvé des
solutions pour une globalisation plus équilibrée et responsable.
La fuite en avant semble toujours
le moyen le plus simple d’avancer.
Alexandre Vatimbella avec les
journalistes de l’agence
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