Les Grecs ont choisi de dire non
aux propositions de l’Union européenne pour les sortir de la crise dans
laquelle ils se sont mis eux-mêmes.
Au-delà des conséquences pour le
pays lui-même (sortie de la zone euro, voire de l’Union européenne, sans parler
de sa possible paupérisation à long terme), pour la zone euro, pour l’Union
européenne et pour la stabilité du système financier mondial, ce résultat est
un coup de porté à la démocratie par la démocratie elle-même!
En effet, le peuple grec a refusé
ce qui est un élément essentiel du bon fonctionnement des règles démocratiques,
la responsabilité.
Que ce soit la responsabilité
d’assumer ses actes et la responsabilité de tout tenter pour réparer ses
erreurs, les Grecs ont choisi l’irresponsabilité en accusant le monde entier de
leur malheur sauf eux…
Car c’était bien cela le fond
même du référendum organisé par le parti d’extrême-gauche au pouvoir, Syriza,
et de son leader, Alexis Tsipras.
Les électeurs devaient, en
réalité, signifier s’ils s’estimaient responsables de l’état de leur pays ou
s’ils fermaient les yeux, se bouchaient le nez et les oreilles tout en ouvrant
la bouche pour affirmer qu’ile étaient victimes d’un complot international,
d’une attaque «terroriste» comme l’a nommée le ministre des Finances tout aussi
irresponsable que les électeurs, Yanis Varoufakis, incapable de trouver une
solution viable aux problèmes de son pays.
Il fallait voir avec quelle
hargne nombre de Grecs interrogés dans les multiples reportages réalisés par
les télévisions du monde entier affirmaient qu’ils allaient voter non à l’Europe,
l’Allemagne, Angela Merkel, Jean-Claude Junker et tous les noms qui leur
passaient par la tête.
Ce qui est inquiétant également,
c’est le soutien que l’irresponsabilité du peuple grec a suscité dans beaucoup
de pays.
Et pas seulement des extrémistes
de gauche et de droite comme en France réunis au sein d’une alliance improbable
qui en dit long sur les ressemblances de tous les ennemis de la démocratie
républicaine.
Cela démontre que les travers qu’engendre
un régime démocratique quand il lui manque un de ses ingrédients les plus
importants (le respect, la solidarité, la tolérance, la liberté, l’égalité et
ici la responsabilité) aboutissent à affaiblir la démocratie elle-même.
Loué comme l’acte démocratique
suprême, le référendum a été instrumentalisé dans le cas de le Grèce pour qu’un
peuple et ses dirigeants se déclarent irresponsables de leurs actes.
Voilà qui va ravir tous les
sceptiques de la démocratie dans le monde – et ils sont nombreux – qui estiment
que les peuples ne sont pas capables de prendre leur destin en main et qu’ils
se jettent souvent dans les bras des populistes démagogues qui prétendent raser
gratis tout en fustigeant les «autres», ceux qui savent qu’un barbier ne peut
pas vivre sans salaire…
Ce qui est préoccupant c’est,
bien sûr, qu’un gouvernement puisse organiser une consultation populaire pour
demander à son peuple de s’absoudre lui-même de ses erreurs et de ses fautes
mais c’est aussi la possibilité d’utiliser la démocratie contre elle-même.
Bien entendu, ce n’est pas la
première fois que les règles démocratiques aboutissent à fragiliser la
démocratie.
Nombre de dictateurs sont arrivés
au pouvoir par les urnes, par exemple.
Ce qu’il faudra voir, également,
c’est si ce référendum va créer un précédent et la pression qui va se faire
jour dans nombre de pays pour en organiser avec ce genre de question.
Le danger: la perte de légitimité
de la démocratie.
Alexandre Vatimbella
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