La crise boursière que connait
ces dernières semaines la Chine – et qui n’est pas la première – avec des
baisses très importantes des indices tant sur la place de Shanghai que celle de
Shenzen, est une nouvelle illustration des difficultés récurrentes du
gouvernement de Pékin pour contrôler l’économie du pays mais aussi de la
falsification à long terme des statistiques qui trompent les investisseurs
étrangers mais surtout les Chinois dans leur ensemble puisque 80% des
investisseurs à Shanghai sont des petits porteurs qui ont cru à l’envolée sans
fin des valeurs boursières du pays.
Avant les problèmes de la bourse,
c’est une crise immobilière qui avait éclaté du fait d’une bulle qui a été sciemment
entretenue par les pouvoirs publics pendant longtemps ce qui a abouti à une
offre totalement démesurée par rapport à la demande réelle, avec des
appartements qui ont perdu toute valeur quand ce n’est pas des immeubles
entiers qui sont vides et dont les logements n’ont pas été vendus.
Tout cela pour gonfler les
chiffres de la croissance par le déversement dans le secteur de la construction
d’aides et de subventions grâce aux multiples plans de relance de l’économie
qui se sont succédé et qui ont permis plusieurs années durant au Parti
communiste chinois de soutenir de manière totalement artificielle la machine
productive du pays, remettant toujours à plus tard les réelles réformes
indispensables de peur de troubles sociaux, véritable hantise des potentats
locaux et de la classe dirigeante nationale communistes.
Mais la tromperie sur les
statistiques chinoises est bien connue depuis plus longtemps encore des
économistes et des institutions internationales qui, devant l’absence de
chiffres indépendants, se basent, in fine, sur ceux transmis par les officiels
chinois tout en sachant qu’ils ne sont pas crédibles.
Sans oublier que ces statistiques
sont déjà fausses quand elles atterrissent sur les bureaux des administrations centrales,
totalement gonflée par les provinces et leurs dirigeants, ces derniers devant
en grande partie leur avancement à leur réussite locale en matière de
croissance (mais les autres statistiques sont aussi trafiquées…).
Le plus étonnant n’est pas dans
une certaine passivité de la population (même si le pouvoir cache toutes les
manifestations de mécontentement qui sont fort nombreuses et qu’il réprime
durement tous ceux qui y participent) mais dans le fait que le système tient
bon.
Nombre d’experts et d’analystes
ont prédit un effondrement de l’économie et du système financier chinois sans
que ces catastrophes ne se réalisent jusqu’à présent.
Bien évidemment, cela ne veut pas
dire que cette hypothèse ne survienne jamais, un tel crash étant par ailleurs
une des principales craintes de tous les acteurs de la globalisation.
En attendant, ce sont avant tout les
Chinois qui trinquent et qui pourraient, si les difficultés augmentent
(notamment par une baisse de la croissance en-dessous des 7% «officiels» ces
prochaines années comme cela est prévu par les organismes internationaux)
commencer à grogner plus fort.
C’est sans doute pourquoi le
président et premier secrétaire du PCC, Xi Jinping, gouverne d’une main de fer
et qu’il a inventé sa lutte contre la corruption pour se débarrasser de tous
les gêneurs qu’ils soient dans le parti communiste ou à l’extérieur…
Comme pour les précédentes
alertes, la crise boursière pourrait se résoudre avec une intervention massive
de l’Etat.
Cela a déjà commencé avec des
interdictions de vendre un certain pourcentage d’actions.
Reste que si aucune vraie réforme
structurelle n’est lancée, n’est-ce pas reculer pour mieux sauter?
Alexandre Vatimbella avec la
rédaction de l’agence
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