Les experts du FMI, après ceux de l’OCDE et quelques autres
viennent de découvrir une chose stupéfiante: quand on donne trop aux riches, il
n’y en a pas assez pour les autres!
Plus sérieusement, ils ont démonté, après d’autres, cette
fiction fumeuse connue sous le nom de la théorie du «ruissellement» («trickle
down») selon laquelle laisser les riches s’enrichir au-delà de toute mesure
faisait d’eux des moteurs de la croissance car leur surplus d’argent se
diffusait dans toute la société en créant soi-disant, pour tout le monde, de la
richesse supplémentaire ainsi que des emplois.
Cette théorie, on s’en doute, vient tout droit des
conservateurs les plus obscurantistes, en l’occurrence les néoconservateurs
américains devenus particulièrement puissants sous l’ère Reagan, même si rien
n’est jamais venu la valider depuis toutes ces années, au contraire puisque
dans tous les pays les riches sont devenus plus riches, les pauvres ont fait du
surplace et la classe moyenne a perdu du pouvoir d’achat sur fond de chômage de
masse.
En réalité, elle tente de justifier a posteriori toutes les
mesures prises par le Parti républicain permettant aux plus riches de le
devenir encore plus au nom d’une vision du Rêve américain très réductive et
détournée de celle qui concernait le plus grand nombre, c’est-à-dire, ici,
l’unique droit de faire fortune et de garder pour soi la très grande partie de
son argent qui, parfois, n’est même plus le fruit d’un dur labeur ou d’une idée
géniale, que l’on prenne par exemple les profits insolents de certains
financiers qui peuvent multiplier leurs gains sans quasiment bouger le petit
doigt, par effet mécanique.
Mais l’escroquerie du «ruissellement» ne signifie nullement,
a contrario, que celle de l’égalitarisme forcené et à tout crin en matière de
revenus à la mode communiste et prônée à nouveau dans la vieille Europe par le
Front de gauche en France, Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, permette de
créer une société juste et le bien être de tous.
L’échec cinglant de l’Union soviétique et de tous ses
satellites l’a prouvé abondamment pendant soixante-dix ans et l’on ne voit pas
comment elle marcherait au XXI° siècle.
Plus, la Chine «communiste» a prouvé le contraire et n’a pu
réellement se développer qu’en tournant le dos à cet égalitarisme ravageur et
en adoptant toutes les règles du capitalisme le plus débridé et le plus
irrespectueux pour ses travailleurs (et en jetant aux orties, dans le même
temps, le libéralisme politique).
En bridant l’initiative individuelle et la liberté
d’entreprendre, dont une des motivations, que l’on s’en réjouisse ou non mais
qui est une donnée, est de permette à ceux qui réussissent un enrichissement
personnel, on casse le moteur de la croissance et de l’innovation.
Ni jungle où les plus forts se servent (ou sont copieusement
servis), ni nivellement social qui se fait toujours par le bas, l’économie ne
peut être au service de la société que si elle récompense ceux qui
entreprennent mais aussi si elle donne à tous ceux qui lui permettent de
fonctionner correctement, le juste fruit de leur apport à la collectivité.
Le tout avec un acteur public qui intervient pour garantir
les bonnes règles du jeu dont une est une distribution (voire une certaine
redistribution) des fruits du labeur de tous.
L’idée est bien qu’il n’y en est pas trop ou pas assez pour
chacun.
Cela s’appelle une méritocratie solidaire et ce qui permet
d’y parvenir est le principe du juste équilibre qui est à la base de toutes les
politiques humanistes que le Centrisme propose.
Tout le reste n’est que clientélisme qui a comme conséquence
de casser la machine économique mais aussi de provoquer des coups de balanciers
ravageurs dans un climat social souvent détestable où s’affrontent ceux qui
devraient coopérer ensemble puisqu’ayant tout à gagner à trouver une juste
entente et un juste compromis.
Evidemment, cela se vérifie dans tous les domaines de la vie
en société où nous devons prendre en compte tout le monde en tentant de
contenter le plus possible chacun en n’oubliant pas, évidemment, les règles de
vie collectives du vivre bien ensemble.
Ce qui demeure inquiétant et, parfois, décourageant, c’est
que ce juste équilibre se vérifie constamment comme le seul principe capable
d’organiser une communauté dans le respect de l’ensemble de ses membres mais
que les électeurs préfèrent les sirènes de la démagogie et du populisme, tout
en sachant que ce qu’ils choisissent à de fortes chances de ne pas marcher.
Mais il serait trop facile de dédouaner ceux qui prônent ce
juste équilibre dans le cadre d’une politique humaniste, c’est-à-dire les
centristes, qui par leur discours et, surtout, leur comportement ne donnent pas
l’image aux yeux de leurs concitoyens de politiques responsables et crédibles.
Tant que ce sera le cas, les théories fumeuses dont on vient
de parler ont encore de beaux jours devant elles même si personne n’y croit
vraiment…
Alexandre Vatimbella
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