Les dirigeants chinois, à travers
les âges, ont toujours eu peur de leur peuple, que ce soit les empereurs ou,
aujourd’hui, les chefs du Parti communiste.
Et ils ont toujours affirmé que
le seul moyen de gouverner ce pays a priori ingouvernable était de le faire
d’une main de fer pour le bien de ses habitants.
Le choix de Deng Xiaoping de
privilégier le développement économique contre la démocratisation du régime, surtout
après les événements sanglants de la place Tienanmen en 1989 semble avoir
scellé le sort de la démocratie «à l’occidentale» pour très longtemps d’autant
que le nouveau maître de la Chine, Xi Jinping, va plutôt rechercher ses
références en matière de liberté du côté de Mao, grand dictateur sanglant devant
l’éternel…
Et cette vision que la démocratie
n’est pas faite pour la Chine a été reprise a maintes reprises par nombre –
mais pas tous – fameux sinologues occidentaux, «experts» et «spécialistes», qui
se pressent dans les conférences et les plateaux télés.
Selon eux, la «culture chinoise»
ne serait pas soluble dans la démocratie.
Plus, les Chinois eux-mêmes, ne
souhaiteraient pas la démocratie.
La fronde qui se déroule depuis
plusieurs semaines à Hongkong rappelle que la «culture chinoise» est bien
compatible avec la «démocratie à l’occidentale» (dont je préfère la véritable
appellation: démocratie!).
Et, surtout, que les Chinois (à
moins que ceux de Hongkong n’en soient pas vraiment…) veulent ardemment un
régime démocratique comme le montre le succès éclatant du référendum citoyen
officieux organisé afin de réclamer un vote libre afin de désigner le prochain
leader du territoire et que Pékin s’est empressé de déclare «illégal»,
évidemment.
D’ailleurs, un sondage réalisé il
y a quelques mois et paru étonnamment dans un quotidien du régime (mais à
tirage limité et en anglais) montrait qu’une énorme majorité des Chinois
demandaient la démocratie.
Bien sûr, dans un pays où les
libertés de tous ordres sont contrôlées depuis si longtemps, l’établissement
d’un régime démocratique doit être fait progressivement afin d’éviter une
implosion qui peut être bien réelle, au-delà même des aspirations à
l’indépendance du Tibet ou du Xinjiang.
Un Cantonais, un Pékinois et un
Shanghaïen ne se sentent pas toujours de la même communauté.
Et ces trois là ont souvent une
hostilité vis-à-vis des habitants des provinces pauvres dont ils ne se sentent
absolument pas solidaires.
Ayant dit cela, la voie vers la
démocratie en Chine doit commencer immédiatement par de grands gestes
(libération de tous les dissidents et de tous les défenseurs des droits de l’homme
et de la démocratie) et de grandes réformes, en particulier avec l’instauration
d’un régime juridique qui garantit les droits des citoyens et les protège de l’arbitraire
des responsables nationaux et locaux.
Et tous les démocrates et tous
les pays démocratiques doivent être solidaires avec ces dizaines de milliers de
participants à cette grande manifestation pour la démocratie qui se déroule ce
1er juillet à Hongkong malgré les menaces des communistes.
Malheureusement, on en est bien
loin, commerce et géopolitique obligent.
Alexandre Vatimbella
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