Il faudra un jour que certains
médias nous expliquent comment ils peuvent donner la parole à tous les menteurs
de la terre au nom du soi-disant respect des opinions alors qu’il s’agit
manifestement de susciter des controverses artificielles et de faire du taux
d’audience à peu de frais.
Le pire est que ces médias sont
souvent incapables de contredire ces propos manifestement trompeurs par manque
de connaissances des questions abordées.
S’agit-il encore d’«information»?
En l’occurrence, les menteurs
dont je veux parler sont ceux qui se déchaînent depuis des semaines contre le
traité de libre-échange que les Etats-Unis et l’Union européenne négocient
actuellement, le fameux TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership
soit le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement).
Ce serait, selon eux, des
négociations secrètes tellement les sujets en discussion auraient comme
finalité de mettre en place des mesures qui spolieraient les peuples européens
au profit des grandes multinationales américaines.
Et, un jour, en nous réveillant,
nous serions sous la coupe de cet accord scélérat et sous la coupe de ces multinationales
criminelles en mangeant du bœuf aux hormones ou des poulets lavés au chlore,
nos champs remplis d’OGM, achetant à prix fort du gaz de schiste américain pendant
que des entreprises américaines foreraient aux quatre coins de l’Europe pour en
trouver au mépris de l’environnement et de notre santé, j’en passe et des
meilleures.
Que de mensonges.
Outre le fait que rien de ce qui
est écrit ci-dessous n’est exact (même si, par ailleurs, certaines de ces soi-disant
«menaces» pour le mode de vie «made in Europe» n’en seraient pas), rappelons
que pour que ce traité soit adopté, il faut primo que tous les chefs d’Etat des
pays de l’Union européenne avalisent son contenu puis qu’ensuite tous les
Parlements de ces mêmes pays le ratifient après, évidemment, une discussion
publique et un vote qui le sera tout autant.
A noter que c’est exactement ce
qui doit se produire également du côté des Etats-Unis.
Un seul pays contre suffit pour
que le traité ne soit pas ratifié et n’entre jamais en vigueur.
Comment dès lors imaginer que
dans ces vingt-neuf pays démocratiques où existent des partis politiques aux
opinions opposées et où règnent la liberté d’une presse indépendante et
puissance que tout ceci demeure secret et que des horreurs nous soient imposés
en catimini!
Voilà bien des comportements
indignes de politiciens dont la plupart sont d’extrême-droite et
d’extrême-gauche, ce qui n’est guère étonnant.
Ce qui l’est plus, c’est que d’autres,
à gauche, à droite et au centre ont repris cette propagande anti-traité avant
les élections européennes dans l’espoir de gagner des voix à peu de frais.
Sans oublier une partie des
médias qui ne fait pas son travail.
Et ceci est grave au moment où
les peuples d’Europe et celui des Etats-Unis ont besoin politiquement et
économiquement de resserrer leurs liens face à tous les dangers qui les
menacent et menacent les sociétés démocratiques.
Il est urgent pour la sphère
occidentale de rappeler qu’elle est une même communauté démocratique et qu’elle
possède globalement les mêmes intérêts.
Et tous les extrêmes qui sonnent
la charge contre le traité transatlantique ne peuvent se résoudre à accepter
que la liberté est la base essentielle des régimes démocratiques et que ceux-ci
sont un bien commun de l’Occident.
On voit bien les intentions de
ceux qui professent des mensonges et des rumeurs sur ce traité, se refermer sur
nous-mêmes, en tournant le dos au présent et à l’avenir, en espérant qu’en
faisant l’autruche, l’ouragan de la mondialisation, que nous pourrions
maîtriser, notamment grâce à ce traité, nous épargne par une sorte de miracle
improbable….
Bien sûr, le traité
transatlantique n’est pas la formule miracle ni même la panacée mais il est un
réel espoir pour des jours meilleurs, en particulier pour la France qui
décroche lentement des pays leaders depuis une dizaine d’années.
D’autant que les grands pays
émergents s’intéressent peu à elle pour leurs investissements.
Quand c’est le cas, c’est le plus
souvent pour piller la technologie avancée des entreprises qu’ils rachètent et
ensuite les démanteler ou pour inonder le marché français avec des produits à
bas prix bénéficiant d’un dumping social et monétaire.
Bien sûr, les capitalistes
américains (et ceux du vieux continent pour des Américains souvent aussi
frileux que les Européens vis-à-vis de ce traité) ne sont pas des enfants de
chœur en regard de ceux des pays émergents. Mais, souvent, ils rachètent pour
s’ouvrir des marchés et faire des investissements qui créent des emplois.
Si demain l’Europe et les
Etats-Unis réussissent à mettre en place un vrai marché transatlantique avec
des normes communes, ils pourront reprendre la main et imposer à tous les
autres pays le respect de celles-ci.
Cela créera, mécaniquement, une
dynamique qui aboutira à plus de croissance et donc à plus d’emplois.
En ces temps de disette, faire la
fine bouche sur cette dynamique, c’est jouer contre son pays.
Alexandre Vatimbella
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