On fête, aujourd’hui 4 juin 2014,
le vingt-cinquième anniversaire de la répression terrible de ces étudiants qui
demandaient que la Chine s’engage sur la voie de la démocratie comme étaient en
train de le faire l’Union soviétique et ses satellites de l’Est de l’Europe
alors que venait de tombait le honteux mur de Berlin.
Cette ouverture de la Chine à la
liberté est toujours en attente et le massacre de la place Tiananmen en 1989
dont personne ne connaît le bilan (plusieurs milliers de morts sans doute), est
toujours un tabou pour le Parti communiste chinois qui a même emprisonné de
nombreux militants des droits de l’homme dans les semaines précédents cette
triste commémoration, tout en bouclant plusieurs quartiers de la capitale.
Le régime en place à Pékin s’est,
au fil des ans, recroquevillé sur lui-même plutôt que de s’ouvrir comme on
pouvait l’espérer avec la formidable croissance économique du pays.
L’absence de liberté et donc de
débat public a eu comme conséquence, comme cela se passe dans tous les régimes
autoritaires, une dérive vers une répression de plus en plus pesante à
l’intérieur du pays et vers une montée des revendications nationalistes à
l’extérieur.
Et cette double régression
politique devrait perdurer d’autant qu’un ralentissement économique se produit
et qu’un tel événement n’est jamais propice à une ouverture, au contraire.
En 1989, Deng Xiaoping a donc
choisi de booster le plus possible le développement économique comme substitue
e au développement démocratique et à son détriment.
On connaît le succès de la Chine
en la matière avec des taux de croissance élevés pendant plus de deux décennies
qui a permis la constitution d’une classe moyenne de quelques centaines de
millions de personnes mais aussi la richesse éhontée de centaines de
milliardaires dont la plupart doivent leur fortune à leur proximité avec le
régime, une corruption endémique, une pollution qui menace la planète tout
entière et une exploitation d’une main d’œuvre sans aucun droit.
Cette renaissance de la Chine,
dont on ne doit jamais oublier qu’elle était au XIX° siècle encore la première
puissance économique, et ce depuis des lustres, était une bonne nouvelle pour
la communauté internationale.
Jusqu’à ce que les autorités
communistes refusent de respecter les règles du jeu d’une concurrence loyale
(avec leur dumping social et monétaire), mettant à mal la mondialisation aux
yeux des populations de nombreuses régions du monde (dont celles de l’Europe),
et qu’elles profitent de la montée en puissance de leur pays pour devenir de
plus en plus agressives avec l’ensemble de la communauté internationale (sauf
la plupart des dictatures et des régimes autoritaires…), notamment avec les
voisins proches du pays qu’elles menacent systématiquement de leurs foudres.
L’impérialisme chinois, bâti
autour de l’idée que la Chine est le centre du monde, est donc de retour,
toujours avec un régime sans liberté (comme c’était le cas lors de l’Empire du
milieu) et une prétention à détenir la vérité face à l’extérieur.
Seul un régime démocratique
pourrait mettre un frein à cet hubris qui, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur
du pays, veut tout réglementer, régimenter, voire écraser.
De ce point de vue, le règne de
plus en plus sans partage de Xi Jinping à la tête du PCC et de l’Etat, est
caractéristique de la fuite en avant du régime.
De même que l’absence de réelles
réformes, notamment au plan économique, et qui fait, qu’encore une fois devant
le ralentissement de la croissance, le pouvoir a choisi un plan de relance par
la mise en route d’infrastructures dont la plupart ne servent à rien, sans
toucher fondamentalement au tares du système (comme la bulle immobilière),
notamment celle des prébendes dans les provinces qui menace, non seulement, le
système financier d’une énorme implosion, mais aussi toute l’économie chinoise.
Personne ne souhaite évidemment
que la Chine se retrouve dans ces difficultés dont toute la planète en subirait
des conséquences.
En revanche, il est à fortement
espérer que la voix de la raison soit entendue par les maîtres de Pékin et qu’ils
choisissent enfin la voie de la raison qui conduira vers une Chine plus
équilibrée, donc plus prospère et plus libre.
Alexandre Vatimbella
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