Si la mondialisation économique
et commerciale, ce que l’on appelle la globalisation, a été, cahin-caha, fidèle
à elle-même, la mondialisation politique a été à la peine, tout comme la
mondialisation sociale. La mondialisation sociétale a eu plus ou moins de
succès tandis que la mondialisation culturelle se porte plutôt bien.
- La globalisation (mondialisation économique et commerciale) en petite
forme
Il y a bien sûr la crise mondiale
qui n’en finit pas de s’estomper puis de rebondir. Elle touche désormais
principalement l’Europe (notamment la zone euro de l’Union européenne) alors
que les Etats-Unis s’en sont sortis – pour l’instant – et que la Chine n’y est
pas encore alors que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud y sont plus ou
moins.
Cette crise économique a
évidemment des répercussions sur l’état de la mondialisation économique et
commerciale avec une activité moindre mais aussi un repli sur soi de certaines
régions et de certains pays, mettant à mal les échanges internationaux et la
coopération entre les divers Etats.
Ainsi, au niveau des accords
commerciaux, l’OMC devient, année après année, une coquille de plus en plus
vide, les pays privilégiant désormais les accords bilatéraux de libre-échange
comme celui, emblématique, qui devrait se conclure dans les années qui viennent
entre les Etats-Unis et l’Union européenne et dont les négociations ont débuté courant
2013 et ont continué malgré l’affaire de la NSA (les écoutes de l’agence de
surveillance américaine en Europe) dont certains à droite et à gauche sur le
Vieux continent aurait voulu en faire un casus belli.
Sans oublier que le dumping
économique (subventions déguisées et mesures de protectionnismes cachées)
continue de progresser malgré les condamnations de certains Etats.
A noter, en outre, que le
phénomène de «relocalisation» d’entreprises occidentales dans leurs pays d’origine
continue à progresser, notamment aux Etats-Unis où le coût de la main d’œuvre est
bien plus bas que celui de l’Union européenne, même s’il demeure encore d’une
importance relative.
Quant à la coopération économique
(représentée par des organisations comme l’OCDE et surtout le FMI et la banque
mondiale), elle n’a pas été très productive en 2013 même si le Fonds monétaire
international est intervenu pour éviter que certains pays ne s’enfoncent dans
la crise et menacent la stabilité mondiale.
- La gouvernance mondiale (mondialisation politique) en panne avec
des pays tentés de plus en plus par le nationalisme comme la Chine et des
instances internationales de moins en moins utiles (G20, Nations Unies).
Ainsi, le G20 semble n’avoir plus
grand intérêt pour les grandes puissances économique de la planète et l’on a
peine à se rappeler les décisions de sa dernière édition de Saint-Pétersbourg
(Russie) en septembre dernier.
Les Etats-Unis et la Chine ont,
de facto, créé le fameux G2 qui inquiète tous les autres pays de la planète,
même si les résultats de la coopération directe entre les deux premières
puissances mondiales n’ont guère été significatifs en 2013 (en grande partie à
cause de l’agressivité chinoise notamment envers les alliés de Washington en
Asie) et si des pays comme la Russie ont tenté, sans grand succès de retrouver
un lustre perdu par un anti-américanisme primaire.
Même au niveau régional, les
coopérations se relâchent comme cela a été le cas à l’intérieur de la plus
emblématique des alliances de ce type, l’Union européenne où les solidarités se
délitent et les responsabilités s’évanouissent.
Au-delà d’une incompréhension de
plus en plus grande dans les affaires intérieures de l’Europe, on ne peut être
qu’étonné devant la solitude européenne de la France dans ses interventions
nécessaires en Afrique.
Si les peuples européens pensent
que la stratégie de l’autruche leur permettra de passer à travers les gouttes
des menaces mondiales, c’est qu’ils n’ont rien appris d’un XX° siècle qui fut
sanglant en grande partie de leur faute.
Quant aux Brics, on ne comprend
toujours pas ce que fait la Russie dans ce club de pays émergents et on ne
comprend plus ce qu’y fait la Chine, deuxième puissance économique mondiale.
De toute façon, le fonctionnement
de ce club est toujours aussi bancal et les bonnes résolutions prises lors de
chacun de ses sommets sont rarement suivis d’actes concrets.
- L’espace social mondial (mondialisation sociale) n’avance guère
et les disparités dans les protections sociales toujours aussi énormes comme
l’ont rappelé les tragédies des usines textiles au Bangladesh dont celle du
complexe du Rhana Plaza.
Bien qu’il existe depuis des
lustres un Bureau international du travail (BIT), celui-ci n’a jamais pu éviter
le dumping social (bas salaires et conditions de travail exécrables), qui
continue à être le principal atout de pays comme la Chine, l’Inde, le Vietnam
ou le Cambodge dans le commerce mondial.
En outre, partout dans le monde,
des Etats-Unis à la Chine en passant par la France, l’Inde et bien d’autres,
les riches deviennent plus riches, les pauvres deviennent plus nombreux tandis
que la classe moyenne a de plus en plus de mal à tirer son épingle du jeu ce
qui, à terme, menace la prospérité globale, la croissance ne pouvant être tirée
que d’une classe moyenne mondiale nombreuse.
- La mondialisation sociétale progresse lentement.
Au-delà des grands textes comme
celui de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, on note quelques
avancées sur les droits reconnus aux femmes ou aux enfants même si la situation
demeure extrêmement dangereuse pour ces derniers dans certains pays (soit à
cause de la guerre comme en Syrie, soit à cause d’une exploitation économique
comme en Inde, soit encore à cause d’une exploitation sexuelle avec les grands
réseaux internationaux pédophiles).
Mais il sera bien difficile
encore en 2014 de voir l’établissement de législations protectrices dans nombre
de pays où les droits basiques de l’être humain continuent à être bafoués.
De même, dans d’autres, les
forces réactionnaires continuent leur combat afin de rogner les droits acquis
de haut lutte par des groupes sociaux ou des minorités.
La Russie de Vladimir Poutine où
l’incapacité à exercer son droit de critique du pouvoir en place (affaire des
Pussy Riot) ou à vivre librement son orientation sexuelle (loi contre l’homosexualité)
est, de ce point de vue, exemplaire.
Mais il ne faudrait pas oublier,
non plus, les violences sexuelles à l’encontre des femmes en Inde (où le pays
compte vingt millions d’hommes de plus que de femmes) ou les incendies et les
meurtres de Chrétiens dans les pays arabes comme la Syrie ou l’Egypte, montrant
que le respect de la dignité humaine et celui des croyances sont encore loin d’être
la règle.
- La mondialisation culturelle se porte bien, merci pour elle.
Paradoxalement, la mondialisation
culturelle se porte bien sauf quand les gouvernements l’entravent comme par
exemple en Chine avec les quotas d’œuvres étrangères diffusées (sans même
parler de la censure…).
Les populations, sans même le
savoir, pratiquent une culture métissée et affichent généralement, dans leurs
pratiques, une ouverture d’esprit dans ce domaine alors qu’elles se disent,
dans les sondages, de plus en plus nationalistes, voire xénophobes.
Ce paradoxe n’est pas nouveau
mais il montre bien que la mondialisation culturelle progresse ce qui est une
bonne nouvelle parmi tant de mauvaises pour le rapprochement des êtres humains
et la compréhension mutuelle.
- La question de l’année: en 2014, la Chine s’imposera ou implosera?
La Chine est devant des défis
majeurs comme
nous l’avons souvent dit et comme le disent également de plus en plus d’experts
mondiaux comme, par exemple Fareed Zakaria dans un édito
pour le magazine américain Time.
Au jour d’aujourd’hui, elle
devrait afficher une croissance de 7,6% pour 2013 et un taux assez similaire
est prévu par les autorités de Pékin pour 2014.
Mais, au-delà de chiffres
invérifiables tant les statistiques officielles sont peu fiables, les dangers
sociaux (chômage et salaires), financiers (le pays est gravement endetté sans
parler des provinces dont la plupart sont proches de la faillite), sociétaux
(le manque de liberté) et économique (baisse de la production avec
délocalisation vers des pays plus low-cost alors que la consommation intérieure
est encore trop faible) seront excessivement nombreux.
Si la Chine se sort avec succès
de ces défis alors elle s’imposera certainement sur la scène internationale
comme une grande puissance forte et solide.
Si tel n’est pas le cas, elle
risque d’imploser, ce qui créera une situation explosive dans laquelle le monde
pourrait être gravement impacté …
Alexandre Vatimbella avec la
rédaction de l’agence
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