Oui l’humanisme intégral a quelque chose de fort à dire sur
l’état actuel du monde et de son évolution inquiétante.
Il le puise dans cette vision qui met l’être humain au
centre de tout afin que celui-ci puisse se réaliser dans son statut inaliénable
de personne, c’est-à-dire d’un individu respecté et responsable, doté
d’attributs spécifiques dont la reconnaissance de sa différence, membre d’une
communauté où il détient des droits et doit remplir des devoirs.
L’humanisme milite ainsi pour une mondialisation qui serait
cette vraie ouverture et cette réelle collaboration entre les peuples de la
planète dans tous les domaines et dans un contrat gagnant-gagnant.
En revanche, il se bat contre une globalisation spéculative
dont la seule finalité est de faire de l’argent pour de l’argent ainsi que
contre un affrontement violent des cultures prônées par tous les extrémismes
dont on voit aujourd’hui le résultat que ce soit dans les pays musulmans avec
l’islamisme radical, dans les anciens pays communistes (Russie, Chine) où le
nationaliste intolérant pousse à l’affrontement plutôt qu’à la coopération,
sans oublier les extrêmes-gauches et extrêmes-droites partout dans le monde qui
veulent se recroquevillées et vivre dans l’exclusion de l’autre, celui qui ne
pense pas comme il faut ou qui ne ressemble pas au bon portrait-robot.
C’est pourquoi l’ensemble des démocrates du monde doivent
s’unir dans une mondialisation humaniste et dans des regroupements à l’échelle
régionale mais aussi mondiale sur les modèles de l’Union européenne (sur ce
qu’elle devrait être et non pas sur ce qu’elle est en train de devenir) et des
Nations Unies (sur ce qu’elle aurait du être sans jamais y parvenir).
Tout cela au nom des valeurs de liberté, de respect, de
tolérance et de solidarité ainsi qu’avec le principe directeur du juste
équilibre.
Mais il ne faudrait pas en conclure que l’humanisme est une
pensée «bisounours» ou, pire, d’un consensus mou jusqu’au boutiste qui
aboutirait, in fine, à un renoncement criminel pour les démocraties.
La défense des valeurs humanistes impose, au contraire,
courage et responsabilité.
Niant le relativisme qui permet à certains d’affirmer que la
liberté, le respect, la tolérance et la solidarité ne sont pas les mêmes à
Paris qu’à Pékin, à New York qu’à Moscou, à Londres qu’à Téhéran et ainsi de
suite, les humanistes sont, au contraire, impliqués dans un combat qui ne
transige pas sur le fait qu’un être humain en égale un autre, ce qui signifie
que chaque individu, dans le respect de sa différence, doit être responsable de
sa vie en respectant l’autre, donc en lui assurant la liberté que celui-ci en
retour lui garantit.
En un mot, l’établissement d’une démocratie mondiale où tous
les extrémismes seraient éliminés est un des objectifs de la pensée humaniste.
Ce qui signifie que la libération de centaines de millions
de personnes à travers le monde du joug de leurs oppresseurs est une des
missions de l’humanisme.
C’est là qu’il faut bien comprendre l’implication des
humanistes dans les affaires du monde et la façon dont un gouvernement mue par
une vision humaniste doit se positionner.
Bien entendu, cela n’exclut pas le pragmatisme qui est
essentiel en matière de politique étrangère.
Pour autant, cela ne signifie pas cynisme et transgression
systématique des valeurs que l’on prône.
On peut ainsi prendre un double-exemple d’attitudes
humanistes avec le duo de centristes américains Barack Obama-Hillary Clinton.
Le premier a tenté sans réussite de mettre en place un monde
où le dialogue et le consensus remplacerait l’affrontement et les intolérances.
Il n’en reste pas moins qu’à travers ses discours toujours
salués pour leur profondeur, le président américain a bien décrit comment un
monde comme il pourrait être s’il se mettait au diapason de l’humanisme.
La deuxième, en revanche, est considérée comme un faucon
centriste.
Même si cela est très exagéré, il est évident qu’Hillary
Clinton s’est constamment dressée, au nom de l’humanisme, contre tous les
régimes autoritaires, violents et intolérants quand ils représentaient une
menace pour la démocratie en brandissant la menace d’un recours à la force pour
protéger la liberté.
C’est une sorte de mélange des deux attitudes où les
réponses seraient toujours adéquates (autant dire que c’est évidemment
impossible!) qui représente la vision humaniste d’un ordre mondial où la
personne serait l’étalon-valeur.
A ce propos, la politique étrangère pratiquée par François
Hollande et son gouvernement (notamment avec Laurent Fabius) est très proche de
cette vision humaniste du monde actuel.
De l’intervention au Mali jusqu’à la crise ukrainienne et la
lutte contre EI (Etat islamique) en Irak et en Syrie, l’action de la France a
été guidée jusqu’à présent par des valeurs humanistes et une volonté de ne pas
accepter l’inacceptable, au grand dam des tenants des compromissions avec les
régimes autoritaires (voir les prises de position de nombre d’hommes politiques
en faveur de la Russie notamment) qui croient encore que se coucher devant
l’inadmissible, l’intolérable et l’insupportable rapporte, tout comme le crut
un Chamberlain à Munich alors que Daladier en revint dévasté (il pensait être
lynché à son retour au Bourget).
Enfin, je rappelle pour une énième fois cette évidence: la
liberté est un combat. Ce n’est pas en niant cette réalité et en faisant
semblant de ne pas voir les nombreux ennemis de celle-ci que l’on protège
efficacement la démocratie républicaine.
Alexandre Vatimbella
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