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vendredi 12 septembre 2014

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. L’humanisme intégral face au monde troublé actuel

Oui l’humanisme intégral a quelque chose de fort à dire sur l’état actuel du monde et de son évolution inquiétante.
Il le puise dans cette vision qui met l’être humain au centre de tout afin que celui-ci puisse se réaliser dans son statut inaliénable de personne, c’est-à-dire d’un individu respecté et responsable, doté d’attributs spécifiques dont la reconnaissance de sa différence, membre d’une communauté où il détient des droits et doit remplir des devoirs.
L’humanisme milite ainsi pour une mondialisation qui serait cette vraie ouverture et cette réelle collaboration entre les peuples de la planète dans tous les domaines et dans un contrat gagnant-gagnant.
En revanche, il se bat contre une globalisation spéculative dont la seule finalité est de faire de l’argent pour de l’argent ainsi que contre un affrontement violent des cultures prônées par tous les extrémismes dont on voit aujourd’hui le résultat que ce soit dans les pays musulmans avec l’islamisme radical, dans les anciens pays communistes (Russie, Chine) où le nationaliste intolérant pousse à l’affrontement plutôt qu’à la coopération, sans oublier les extrêmes-gauches et extrêmes-droites partout dans le monde qui veulent se recroquevillées et vivre dans l’exclusion de l’autre, celui qui ne pense pas comme il faut ou qui ne ressemble pas au bon portrait-robot.
C’est pourquoi l’ensemble des démocrates du monde doivent s’unir dans une mondialisation humaniste et dans des regroupements à l’échelle régionale mais aussi mondiale sur les modèles de l’Union européenne (sur ce qu’elle devrait être et non pas sur ce qu’elle est en train de devenir) et des Nations Unies (sur ce qu’elle aurait du être sans jamais y parvenir).
Tout cela au nom des valeurs de liberté, de respect, de tolérance et de solidarité ainsi qu’avec le principe directeur du juste équilibre.
Mais il ne faudrait pas en conclure que l’humanisme est une pensée «bisounours» ou, pire, d’un consensus mou jusqu’au boutiste qui aboutirait, in fine, à un renoncement criminel pour les démocraties.
La défense des valeurs humanistes impose, au contraire, courage et responsabilité.
Niant le relativisme qui permet à certains d’affirmer que la liberté, le respect, la tolérance et la solidarité ne sont pas les mêmes à Paris qu’à Pékin, à New York qu’à Moscou, à Londres qu’à Téhéran et ainsi de suite, les humanistes sont, au contraire, impliqués dans un combat qui ne transige pas sur le fait qu’un être humain en égale un autre, ce qui signifie que chaque individu, dans le respect de sa différence, doit être responsable de sa vie en respectant l’autre, donc en lui assurant la liberté que celui-ci en retour lui garantit.
En un mot, l’établissement d’une démocratie mondiale où tous les extrémismes seraient éliminés est un des objectifs de la pensée humaniste.
Ce qui signifie que la libération de centaines de millions de personnes à travers le monde du joug de leurs oppresseurs est une des missions de l’humanisme.
C’est là qu’il faut bien comprendre l’implication des humanistes dans les affaires du monde et la façon dont un gouvernement mue par une vision humaniste doit se positionner.
Bien entendu, cela n’exclut pas le pragmatisme qui est essentiel en matière de politique étrangère.
Pour autant, cela ne signifie pas cynisme et transgression systématique des valeurs que l’on prône.
On peut ainsi prendre un double-exemple d’attitudes humanistes avec le duo de centristes américains Barack Obama-Hillary Clinton.
Le premier a tenté sans réussite de mettre en place un monde où le dialogue et le consensus remplacerait l’affrontement et les intolérances.
Il n’en reste pas moins qu’à travers ses discours toujours salués pour leur profondeur, le président américain a bien décrit comment un monde comme il pourrait être s’il se mettait au diapason de l’humanisme.
La deuxième, en revanche, est considérée comme un faucon centriste.
Même si cela est très exagéré, il est évident qu’Hillary Clinton s’est constamment dressée, au nom de l’humanisme, contre tous les régimes autoritaires, violents et intolérants quand ils représentaient une menace pour la démocratie en brandissant la menace d’un recours à la force pour protéger la liberté.
C’est une sorte de mélange des deux attitudes où les réponses seraient toujours adéquates (autant dire que c’est évidemment impossible!) qui représente la vision humaniste d’un ordre mondial où la personne serait l’étalon-valeur.
A ce propos, la politique étrangère pratiquée par François Hollande et son gouvernement (notamment avec Laurent Fabius) est très proche de cette vision humaniste du monde actuel.
De l’intervention au Mali jusqu’à la crise ukrainienne et la lutte contre EI (Etat islamique) en Irak et en Syrie, l’action de la France a été guidée jusqu’à présent par des valeurs humanistes et une volonté de ne pas accepter l’inacceptable, au grand dam des tenants des compromissions avec les régimes autoritaires (voir les prises de position de nombre d’hommes politiques en faveur de la Russie notamment) qui croient encore que se coucher devant l’inadmissible, l’intolérable et l’insupportable rapporte, tout comme le crut un Chamberlain à Munich alors que Daladier en revint dévasté (il pensait être lynché à son retour au Bourget).
Enfin, je rappelle pour une énième fois cette évidence: la liberté est un combat. Ce n’est pas en niant cette réalité et en faisant semblant de ne pas voir les nombreux ennemis de celle-ci que l’on protège efficacement la démocratie républicaine.
Alexandre Vatimbella
© 2014 LesNouveauxMondes.org


mardi 15 juillet 2014

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. Le Brics en passe d’être contrôlé par la Chine

La banque d’investissement du Brics ainsi qu’un fonds de réserve de change vont peut-être enfin voir le jour après des années d’atermoiements lors de la réunion actuelle de ses membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) au Brésil.
Ces deux institutions sensées démontrer la puissance économique de ce club hétéroclite et sans réel cohésion, auraient déjà du voir le jour il y a longtemps mais les réserves politiques et les peurs économiques l’ont toujours emporté jusqu’à présent sur des réalisations concrètes.
Car, au-delà d’un club qui mêle les torchons de la croissance (Russie et Afrique du Sud) et les serviettes (Brésil, Inde, Chine), les démocraties (Brésil, Inde, Afrique du Sud) et les régimes autoritaires, voire plus (Russie, Chine), les ennemis d’hier et d’aujourd’hui, voire de demain (Russie/Chine, Chine/Inde), tout ce beau monde ne se fait guère confiance et ne voulait pas, jusqu’à présent, tomber sous la coupe du véritable patron du Brics, la Chine, dont l’intérêt pour ce club vient plutôt d’une volonté d’être le leader des antioccidentaux que d’aider ses «partenaires» au-delà de leur vendre ses produits et de se fournir en matières premières indispensables à son développement chez eux.
Reste que la situation actuelle pourrait bien modifier la donne et emporter les dernières réticences de l’Inde et du Brésil, sans parler de la Russie qui a décidé de jouer la carte chinoise contre celles des Etats-Unis et de l’Union européenne (rappelons que la présence de l’Afrique du Sud dans ce club est un anachronisme qui vient uniquement de la volonté de compter un pays africain parmi ses membres).
Car le temps presse, les croissances du Brésil, de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud sont en berne alors que celle de la Chine, certes en baisse, demeure encore élevée.
Et c’est ce qui fait que la Chine – qui sera le plus grand contributeur du fonds de réserve de change et qui accueillera à Shanghai le siège de la banque d’investissement – est en bonne position afin de rafler la mise en prenant sous sa coupe ce club soi-disant entre pays égaux, la Chine étant manifestement un petit peu plus égale que les autres…
Toujours est-il que si les accords sont actés et que le tout est suivi d’une mise en œuvre concrète, qui a fait défaut jusqu’à maintenant, des deux institutions, il est évident que le Brics deviendrait plus que jamais un outil dans les mains du pouvoir chinois.
Au vu de la situation économique et politique qui fait de la Chine désormais la deuxième puissance économique et sans doute la première dans peu de temps (en terme de PIB global) ainsi qu’une puissance politique qui pourra concurrencer les Etats-Unis, ce contrôle de Pékin sur le Brics n’est guère surprenant d’autant que les autres membres du club connaissent des situations économiques mais aussi politiques délicates.
Pour autant, il est légitime de se demander combien de temps pourra durer ces institutions, notamment si le Brésil et surtout l’Inde retrouvent dans les années à venir des taux de croissance au-delà des 5% pour le premier et proche de 8%-9% pour la seconde.
De plus, ces deux institutions seront viables si d’autres pays lui font confiance.
On peut penser que ce sera le cas de beaucoup de pays africains qui vivent de plus en plus sous perfusion chinoise mais les pays asiatiques, champions de la croissance comme l’Indonésie ou le Vietnam, risquent d’avoir énormément de mal à travailler avec ce qu’ils considéreront, à juste titre, comme des outils de la puissance de la Chine, pays pour qui ils ont bien des réserves …
Alexandre Vatimbella
© 2014 LesNouveauxMondes.org


dimanche 13 juillet 2014

LE FOCUS. Le centriste Obama a bien réformé l’Amérique

L’«Obama bashing» est devenu un sport national aux Etats-Unis.
Il permet à tous les frustrés de son action de déverser leur fiel sur celui-ci alors qu’il ne lui reste plus que deux ans à passer à la Maison Blanche et qu’il est déjà considéré, aux yeux des médias, comme un «lame duck», un président qui est en bout de course et sans plus aucune chance de faire passer ses projets de loi, ni même de peser sur le débat politique.
L’extrême-droite du Tea Party et la droite radicale du Parti républicain ont toujours été dans la critique systématique du premier président noir du pays.
Tout comme l’extrême-gauche et la gauche radicale du Parti démocrate qui a attaqué dès le départ son discours consensuel.
En revanche, les démocrates modérés ont été pendant longtemps dithyrambiques, tout comme l’ont été les médias pendant les trois premières années de sa présidence et lors de la réélection.
Or, désormais, les premiers sont très critiques et les autres, tel un troupeau de mouton, rivalisent à celui qui pourra être le plus dur sur ce président qu’ils ont tellement encensés que c’en était indécent, tout comme le sont les critiques systématiques d’aujourd’hui.
Quant aux Américains, leur jugement est plus nuancé si l’on décortique l’ensemble des sondages mais il est clair qu’ils sont aussi dans une défiance que l’on peut qualifier de globalement injuste.
Car – et les politologues sérieux s’accordent sur cette réalité – Barack Obama, qu’on le veuille ou non, restera dans les livres d’histoire comme un président qui a entrepris de grandes réformes, au même titre qu’un Lyndon Johnson dans les années soixante, et non celui dépeint actuellement par ce dénigrement outrancier comme un homme incapable de prendre une décision ou de faire passer une mesure, qui plus est, velléitaire et pusillanime en matière de politique étrangère.
Cette vision est d’ailleurs tellement incohérente que les adversaires du président américaine doivent constamment jongler entrer les reproches d’avoir trop agi et ceux de n’avoir rien fait!
Car, de la loi sur l’assurance-santé au recouvrement de l’indépendance énergétique du pays en passant par les mesures contre le réchauffement climatique, les mesures  économiques qui ont permis au pays de ne pas sombrer dans une dépression encore plus grave que celle des années 1930 avec, à la clé, une réforme du système financier, le sauvetage de nombre d’entreprises en grande difficulté et un nombre important de créations d’emplois, par les mesures pour réformer le système scolaire ou encore par la fin de la guerre en Irak et bientôt de celle d’Afghanistan, sans oublier l’élimination de Ben Laden, le bilan actuel de Barack Obama est impressionnant.
Et l’on ne parle pas de sa volonté de continuer les réformes nécessaires comme celles de l’immigration, de la fiscalité ou du port d’arme qui ne peuvent aboutir face au blocage total du Congrès par les républicains.
Bien évidemment, toutes ces réformes et ces mesures n’ont pas été parfaites parce que, par exemple, une réforme n’est pas réductible à un instant T mais doit être appréciée dans le temps avec ses ajustements et parce que, plus profondément, aucune ne réforme ne l’est jamais totalement.
Mais l’Affordable care act, la loi sur l’assurance-santé, est une réussite globale que plus personne ne peut plus remettre en cause sauf en diatribes politiciennes qui n’auront in fine que peu de conséquences sur son existence quelle que soit la majorité au Congrès en novembre prochain après les «midterm elections», les élections de mi-mandat qui pourraient voir les républicains majoritaires à la Chambre des représentants ainsi qu’au Sénat.
Cela dit, il est évident que le positionnement centriste d’Obama est, en partie, responsable de ses déboires politiques actuels.
En voulant travailler avec tout le monde, en ayant proposé des mesures «bipartisanes», en ayant rejeté toutes les mesures extrémistes d’un bord ou de l’autre, en ayant développé un discours de rassemblement, il s’est aliéné tout ce que les Etats-Unis comptent de clientélismes, tant au Parti républicain qu’au Parti démocrate.
Dans l’histoire politique des démocraties, il est loin d’être le seul à avoir connu des attaques virulentes des deux bords de l’échiquier politique en voulant gouverner avec le principe centriste du juste équilibre ou, en tout cas, avec la préoccupation de servir l’ensemble de la population et non pas une clientèle.
Ce fut le cas, entre autres du président américain Theodore Roosevelt ou du président du conseil français Aristide Briand.
On peut aussi observer la même hostilité à des politiques qui ont voulu gouverner au centre comme Valéry Giscard d’Estaing, Tony Blair ou Mario Monti.
Certains ont réussi à passer entre les gouttes de la haine, tel Bill Clinton qui a du quand même affronter une procédure de destitution menée par les républicains ultras.
Quoi qu’il en soit, Barack Obama demeurera comme un président qui a voulu réformer les Etats-Unis en en (re)faisant une république démocratique où les «opportunities» (opportunités de réussir) seraient la base d’une véritable méritocratie, tout en mettant en place un système qui garantirait une égalité des chances avec un école plus efficace, un système de santé plus rationnel et un système fiscal plus juste.
Il faut espérer que dans les plus de deux ans qui lui restent à diriger la première puissance du monde, il soit capable de trouver les majorités afin de peaufiner le travail déjà accompli.
Non pas pour lui, non pas pour le Centre mais pour les Etats-Unis et la planète toute entière.

Alexandre Vatimbella
copyright 2014 LesNouveauxMondes.org 

mardi 1 juillet 2014

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. De la démocratie en Chine

Les dirigeants chinois, à travers les âges, ont toujours eu peur de leur peuple, que ce soit les empereurs ou, aujourd’hui, les chefs du Parti communiste.
Et ils ont toujours affirmé que le seul moyen de gouverner ce pays a priori ingouvernable était de le faire d’une main de fer pour le bien de ses habitants.
Le choix de Deng Xiaoping de privilégier le développement économique contre la démocratisation du régime, surtout après les événements sanglants de la place Tienanmen en 1989 semble avoir scellé le sort de la démocratie «à l’occidentale» pour très longtemps d’autant que le nouveau maître de la Chine, Xi Jinping, va plutôt rechercher ses références en matière de liberté du côté de Mao, grand dictateur sanglant devant l’éternel…
Et cette vision que la démocratie n’est pas faite pour la Chine a été reprise a maintes reprises par nombre – mais pas tous – fameux sinologues occidentaux, «experts» et «spécialistes», qui se pressent dans les conférences et les plateaux télés.
Selon eux, la «culture chinoise» ne serait pas soluble dans la démocratie.
Plus, les Chinois eux-mêmes, ne souhaiteraient pas la démocratie.
La fronde qui se déroule depuis plusieurs semaines à Hongkong rappelle que la «culture chinoise» est bien compatible avec la «démocratie à l’occidentale» (dont je préfère la véritable appellation: démocratie!).
Et, surtout, que les Chinois (à moins que ceux de Hongkong n’en soient pas vraiment…) veulent ardemment un régime démocratique comme le montre le succès éclatant du référendum citoyen officieux organisé afin de réclamer un vote libre afin de désigner le prochain leader du territoire et que Pékin s’est empressé de déclare «illégal», évidemment.
D’ailleurs, un sondage réalisé il y a quelques mois et paru étonnamment dans un quotidien du régime (mais à tirage limité et en anglais) montrait qu’une énorme majorité des Chinois demandaient la démocratie.
Bien sûr, dans un pays où les libertés de tous ordres sont contrôlées depuis si longtemps, l’établissement d’un régime démocratique doit être fait progressivement afin d’éviter une implosion qui peut être bien réelle, au-delà même des aspirations à l’indépendance du Tibet ou du Xinjiang.
Un Cantonais, un Pékinois et un Shanghaïen ne se sentent pas toujours de la même communauté.
Et ces trois là ont souvent une hostilité vis-à-vis des habitants des provinces pauvres dont ils ne se sentent absolument pas solidaires.
Ayant dit cela, la voie vers la démocratie en Chine doit commencer immédiatement par de grands gestes (libération de tous les dissidents et de tous les défenseurs des droits de l’homme et de la démocratie) et de grandes réformes, en particulier avec l’instauration d’un régime juridique qui garantit les droits des citoyens et les protège de l’arbitraire des responsables nationaux et locaux.
Et tous les démocrates et tous les pays démocratiques doivent être solidaires avec ces dizaines de milliers de participants à cette grande manifestation pour la démocratie qui se déroule ce 1er juillet à Hongkong malgré les menaces des communistes.
Malheureusement, on en est bien loin, commerce et géopolitique obligent.
Alexandre Vatimbella

© 2014 LesNouveauxMondes.org

mercredi 11 juin 2014

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. La situation paradoxale du Centre aux Etats-Unis

Alors que se profilent, en novembre prochain, les élections de «mi-mandat» qui renouvelleront entièrement la Chambre des représentants et un tiers des sénateurs mais que, également, nous ne sommes plus qu’à deux ans de la prochaine élection présidentielle, c’est-à-dire, en terme de temps politique qui s’est accéléré dans tous les démocraties (et encore plus aux Etats-Unis), demain, quelle est la situation du Centre et des centrismes américains?
Elle est pour le moins paradoxale.
Le président actuel, Barack Obama, est un centriste assumé et la favorite (non encore déclarée) pour la présidentielle de 2016 est Hillary Clinton, tout autant une centriste assumée, elle qui fait actuellement l’actualité avec la sortie de ses mémoires («Hard Choices») sur son passage au département d’Etat lors du premier mandat d’Obama.
Tous deux sont, par ailleurs, des membres du Parti démocrate.
Mais, dans le même temps la Chambre des représentants est dominée depuis 2010 par la droite du Parti républicain (même si les démocrates ont obtenu plus de voix aux dernières élections mais que le «charcutage» des circonscriptions avantage les républicains) et cette dernière, selon toute vraisemblance, devrait encore y être aux commandes après les prochaines élections.
Quant au Sénat, il risque de passer sous domination de cette même droite républicaine.
Dans cet étonnant paradoxe, les idées centristes ont été durement attaquées ces deux dernières années.
Par la gauche (les «liberals» du Parti démocrate) qui ne voient là que des thèses de droite un peu plus modérées.
Par la droite (la droite dure et, surtout, la droite radicale ainsi que l’extrême-droite, le fameux Tea Party, toutes réunies sous la bannière républicaine) qui ne voient là que des thèses «socialistes», voire «communistes».
Le tout dans un pays qui connait, comme tous les démocraties occidentales, une montée de l’individualisme et de son aspect négatif et néfaste, l’autonomisation individuelle égocentrique, irresponsable et irrespectueuse de l’individu que j’ai eu l’occasion de détailler dans «Le Centrisme du XXI° siècle» (*) et qui est un des dangers principaux que doit affronter la démocratie républicaine dans les décennies à venir.
Ce qui fait qu’il est très difficile de trouver des consensus réels dans la population, chacun défendant avant tout son intérêt et ne se satisfaisant pas de compromis comme ce fut plus souvent le cas entre 1945 et 1980, jusqu’à l’élection de Ronald Reagan (même si l’époque dorée souvent évoquée par certains n’a jamais existé et que les affrontements républicains-démocrates ont pu être durs à certains moments au cours de cette période).
Prenons l’exemple des soins de santé. Une majorité des Américains demeurent opposés à la réforme mise en place par Barack Obama parce qu’elle craint pour ses avantages et de devoir payer plus cher, mais surtout parce que c’est une réforme décidée par Washington, la ville que l’on déteste et que l’on veut abattre (tout politicien qui veut se faire élire doit affirmer à un moment ou à un autre qu’il va aller faire le ménage dans la capitale).
Mais, dès que le gouvernement fédéral veut réformer un système d’aide, comme ce fut le cas pour Medicaid, l’assurance pour les personnes âgées, alors il y a un front du refus pour que l’Etat ne touche pas à ce programme alors même que c’est lui qui l’a créé et qui le gère, ce que ne savent pas une grande partie des Américains!
Mais le paradoxe ne s’arrête pas là.
Car, de sondages en sondages, les Américains ont plutôt tendance à se situer au centre de l’échiquier politique alors que le nombre d’élus centristes continuent de baisser inexorablement.
Il n’y en a quasiment plus au Parti républicain et de moins en moins au Parti démocrate.
Cette situation est une des conséquences de ce charcutage (appelé «gerrymandering» aux Etats-Unis) que j’évoquais plus haut et qui a consisté, ces dernières années, surtout dans les Etats dominés par la républicains, à fabriquer des circonscriptions sûres pour chaque parti.
Ainsi, dans de nombreux endroits, ce n’est plus le scrutin officiel qui désigne l’élu mais les primaires à l’intérieur d’un des deux partis puisque son représentant est ensuite sûr d’être élu…
Evidemment cela favorise dans chaque camp les minorités agissantes qui se mobilisent pour ces primaires, c’est-à-dire des personnes plus à droite et plus à gauche que la moyenne de la population américaine.
Du coup, seule l’élection présidentielle reflète les véritables forces en présence.
Encore que, les dispositions prises par de nombreux Etats (dominés par les républicains) pour limiter dans les faits le vote des minorités et des plus pauvres afin de pénaliser le Parti démocrate vont peut-être désormais fausser la démocratie comme ce fut le cas au pire moment de la ségrégation dans le Sud.
Car une majorité de la population américaine est aujourd’hui modérée et centriste et elle souhaite que l’égalité des citoyens soient mieux respectée ainsi que ses «opportunities» (que l’on peut traduire par chances et opportunités) de réussite alors que les riches deviennent de plus en plus riche, que les pauvres sont plus nombreux et que les revenus de la classe moyenne stagnent quand ils ne régressent pas.
Néanmoins, dans la plus pure tradition américaine, l’Etat fédéral demeure une sorte de machine obscure dont on continue à se méfier et qui permet à tous les démagogues et les opportunistes de faire entendre leurs voix.
Ainsi en est-il quand le gouvernement veut offrir une assurance santé à tous les Américains ou quand il vaut limiter le port d’armes.
En outre, le métissage de plus en plus grand de la population américaine avantage de loin de la Parti démocrate qui est nettement plus ouvert qu’un Parti républicain dont les électeurs sont majoritairement des hommes blancs de plus de40 ans qui ont peur de l’avenir avec, selon eux, la décadence de la culture anglo-saxonne, ce qui les amène à un grand conservatisme et à des comportements souvent xénophobes.
Tout ceci fait que ce paradoxe devrait perdurer et impacter durement le pays qui se retrouve paralysé pour de grandes décisions qui engagent son avenir (réforme de la politique d’immigration, transition énergétique, lutte contre le réchauffement climatique, pérennisation de l’assurance santé, continuation de la réforme du système financier, vaste plan de construction et de réparation d’infrastructures, entre autres).
Les prochaines élections législatives devraient ainsi être à l’avantage des républicains (d’autant plus que Barack Obama, attaqué sans cesse par ceux-ci mais aussi les médias et une partie des démocrates, est actuellement très fragilisé) alors que les prochaines élections présidentielles devraient voir un démocrate l’emporter, sans doute Hillary Clinton (même si elle n’est pas encore candidate et qu’elle doit s’attendre à des attaques d’une dureté exceptionnelle si elle se présente).
Il y a, bien entendu, des tentatives pour sortir de cette impasse avec des républicains et des démocrates modérés qui discutent ensemble pour trouver des compromis et établir des consensus, voire pour s’allier dans des structures informelles ou pour créer une troisième force centrale qui n’a jamais pu, jusqu’à présent, peser sur les élections malgré plusieurs essais infructueux.
Les électeurs des deux bords, aussi, semblent plus enclins à vouloir voir le pays aller de l’avant plutôt que de demander à leurs élus respectifs d’être intransigeants avec l’autre camp.
C’est en tout cas ce que disent les sondages.
Toujours est-il que la dureté des affrontements politiques lors du mandat de Barack Obama vient, c’est vrai, d’un conservatisme en total résistance du Parti républicain (sans oublier le racisme d’une partie de son électorat) mais, surtout, d’une peur panique de perdre pour longtemps le pouvoir face à des démocrates qui sont plus en phase avec la démographie du pays.
C’est pourquoi, quand Obama a proposé, dès sa prise de fonction en 2009, suite à ses promesses de campagne, de travailler avec les républicains, afin de tenter de trouver de larges consensus entre les deux bords et de mettre en place un régime «post-partisan», certes quelque peu utopique, les républicains ont répondu par le blocage du système politique, une opposition intransigeante et des attaques constantes sur la personne même du président.
Rappelons, tout de même, que le blocage institutionnel fait partie même du régime politique américain, voulu par les Père fondateurs qui, par peur qu’une faction puisse diriger le pays pour ses intérêts propres et pour protéger les droits de la minorité, a mis en place un système qui oblige aux compromis et aux consensus et, si ce n’est pas le cas, aboutit à une paralysie quasi-totale.
Cette méfiance qu’ils avaient d’une majorité qui pourrait opprimer la minorité est à mettre à leur crédit.
Reste que cela permet aujourd’hui à des activistes radicaux très minoritaires, comme ceux du Tea Party par exemple (grâce à la fortune de quelques milliardaires réactionnaires qui les soutiennent), de bloquer la plus vieille démocratie du monde.
Elle a surtout permis l’existence de ce paradoxe qui fait que les Etats-Unis sont en train de devenir ingouvernables.
Car c’est bien à un gouvernement centriste qu’ils pensaient quand ils ont mis en place les fameux «checks and balances» (que l’on peut traduire sommairement par des mesures permettant l’équilibre des trois pouvoirs – exécutif, législatif, judiciaire –, chacun pouvant bloquer l’autre) mais ils n’ont pas forcément compris que ce système pourrait être utilisé un jour par ceux qui jouent contre leur pays.
In fine, la tâche des centristes, qu’ils soient républicains, indépendants (comme Michael Bloomberg) ou démocrates (comme Hillary Clinton), de remettre la politique américaine sur des bons rails, s’annonce des plus ardues même s’ils représentent la volonté de la majorité du pays. Ou, peut-être, à cause de cela…

Alexandre Vatimbella

(*) «Le Centrisme du XXI° siècle – La politique de l’Humanisme Respectueux et du Juste Equilibre» (CREC Editions)

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mercredi 4 juin 2014

LE FOCUS. 25 ans après Tiananmen: L’hubris inquiétant d’une Chine totalitaire sur fond de ralentissement économique

On fête, aujourd’hui 4 juin 2014, le vingt-cinquième anniversaire de la répression terrible de ces étudiants qui demandaient que la Chine s’engage sur la voie de la démocratie comme étaient en train de le faire l’Union soviétique et ses satellites de l’Est de l’Europe alors que venait de tombait le honteux mur de Berlin.
Cette ouverture de la Chine à la liberté est toujours en attente et le massacre de la place Tiananmen en 1989 dont personne ne connaît le bilan (plusieurs milliers de morts sans doute), est toujours un tabou pour le Parti communiste chinois qui a même emprisonné de nombreux militants des droits de l’homme dans les semaines précédents cette triste commémoration, tout en bouclant plusieurs quartiers de la capitale.
Le régime en place à Pékin s’est, au fil des ans, recroquevillé sur lui-même plutôt que de s’ouvrir comme on pouvait l’espérer avec la formidable croissance économique du pays.
L’absence de liberté et donc de débat public a eu comme conséquence, comme cela se passe dans tous les régimes autoritaires, une dérive vers une répression de plus en plus pesante à l’intérieur du pays et vers une montée des revendications nationalistes à l’extérieur.
Et cette double régression politique devrait perdurer d’autant qu’un ralentissement économique se produit et qu’un tel événement n’est jamais propice à une ouverture, au contraire.
En 1989, Deng Xiaoping a donc choisi de booster le plus possible le développement économique comme substitue e au développement démocratique et à son détriment.
On connaît le succès de la Chine en la matière avec des taux de croissance élevés pendant plus de deux décennies qui a permis la constitution d’une classe moyenne de quelques centaines de millions de personnes mais aussi la richesse éhontée de centaines de milliardaires dont la plupart doivent leur fortune à leur proximité avec le régime, une corruption endémique, une pollution qui menace la planète tout entière et une exploitation d’une main d’œuvre sans aucun droit.
Cette renaissance de la Chine, dont on ne doit jamais oublier qu’elle était au XIX° siècle encore la première puissance économique, et ce depuis des lustres, était une bonne nouvelle pour la communauté internationale.
Jusqu’à ce que les autorités communistes refusent de respecter les règles du jeu d’une concurrence loyale (avec leur dumping social et monétaire), mettant à mal la mondialisation aux yeux des populations de nombreuses régions du monde (dont celles de l’Europe), et qu’elles profitent de la montée en puissance de leur pays pour devenir de plus en plus agressives avec l’ensemble de la communauté internationale (sauf la plupart des dictatures et des régimes autoritaires…), notamment avec les voisins proches du pays qu’elles menacent systématiquement de leurs foudres.
L’impérialisme chinois, bâti autour de l’idée que la Chine est le centre du monde, est donc de retour, toujours avec un régime sans liberté (comme c’était le cas lors de l’Empire du milieu) et une prétention à détenir la vérité face à l’extérieur.
Seul un régime démocratique pourrait mettre un frein à cet hubris qui, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, veut tout réglementer, régimenter, voire écraser.
De ce point de vue, le règne de plus en plus sans partage de Xi Jinping à la tête du PCC et de l’Etat, est caractéristique de la fuite en avant du régime.
De même que l’absence de réelles réformes, notamment au plan économique, et qui fait, qu’encore une fois devant le ralentissement de la croissance, le pouvoir a choisi un plan de relance par la mise en route d’infrastructures dont la plupart ne servent à rien, sans toucher fondamentalement au tares du système (comme la bulle immobilière), notamment celle des prébendes dans les provinces qui menace, non seulement, le système financier d’une énorme implosion, mais aussi toute l’économie chinoise.
Personne ne souhaite évidemment que la Chine se retrouve dans ces difficultés dont toute la planète en subirait des conséquences.
En revanche, il est à fortement espérer que la voix de la raison soit entendue par les maîtres de Pékin et qu’ils choisissent enfin la voie de la raison qui conduira vers une Chine plus équilibrée, donc plus prospère et plus libre.
Alexandre Vatimbella

© 2014 LesNouveauxMondes.org

lundi 2 juin 2014

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. De l’évidente utilité du traité de libre-échange transatlantique

Il faudra un jour que certains médias nous expliquent comment ils peuvent donner la parole à tous les menteurs de la terre au nom du soi-disant respect des opinions alors qu’il s’agit manifestement de susciter des controverses artificielles et de faire du taux d’audience à peu de frais.
Le pire est que ces médias sont souvent incapables de contredire ces propos manifestement trompeurs par manque de connaissances des questions abordées.
S’agit-il encore d’«information»?
En l’occurrence, les menteurs dont je veux parler sont ceux qui se déchaînent depuis des semaines contre le traité de libre-échange que les Etats-Unis et l’Union européenne négocient actuellement, le fameux TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership soit le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement).
Ce serait, selon eux, des négociations secrètes tellement les sujets en discussion auraient comme finalité de mettre en place des mesures qui spolieraient les peuples européens au profit des grandes multinationales américaines.
Et, un jour, en nous réveillant, nous serions sous la coupe de cet accord scélérat et sous la coupe de ces multinationales criminelles en mangeant du bœuf aux hormones ou des poulets lavés au chlore, nos champs remplis d’OGM, achetant à prix fort du gaz de schiste américain pendant que des entreprises américaines foreraient aux quatre coins de l’Europe pour en trouver au mépris de l’environnement et de notre santé, j’en passe et des meilleures.
Que de mensonges.
Outre le fait que rien de ce qui est écrit ci-dessous n’est exact (même si, par ailleurs, certaines de ces soi-disant «menaces» pour le mode de vie «made in Europe» n’en seraient pas), rappelons que pour que ce traité soit adopté, il faut primo que tous les chefs d’Etat des pays de l’Union européenne avalisent son contenu puis qu’ensuite tous les Parlements de ces mêmes pays le ratifient après, évidemment, une discussion publique et un vote qui le sera tout autant.
A noter que c’est exactement ce qui doit se produire également du côté des Etats-Unis.
Un seul pays contre suffit pour que le traité ne soit pas ratifié et n’entre jamais en vigueur.
Comment dès lors imaginer que dans ces vingt-neuf pays démocratiques où existent des partis politiques aux opinions opposées et où règnent la liberté d’une presse indépendante et puissance que tout ceci demeure secret et que des horreurs nous soient imposés en catimini!
Voilà bien des comportements indignes de politiciens dont la plupart sont d’extrême-droite et d’extrême-gauche, ce qui n’est guère étonnant.
Ce qui l’est plus, c’est que d’autres, à gauche, à droite et au centre ont repris cette propagande anti-traité avant les élections européennes dans l’espoir de gagner des voix à peu de frais.
Sans oublier une partie des médias qui ne fait pas son travail.
Et ceci est grave au moment où les peuples d’Europe et celui des Etats-Unis ont besoin politiquement et économiquement de resserrer leurs liens face à tous les dangers qui les menacent et menacent les sociétés démocratiques.
Il est urgent pour la sphère occidentale de rappeler qu’elle est une même communauté démocratique et qu’elle possède globalement les mêmes intérêts.
Et tous les extrêmes qui sonnent la charge contre le traité transatlantique ne peuvent se résoudre à accepter que la liberté est la base essentielle des régimes démocratiques et que ceux-ci sont un bien commun de l’Occident.
On voit bien les intentions de ceux qui professent des mensonges et des rumeurs sur ce traité, se refermer sur nous-mêmes, en tournant le dos au présent et à l’avenir, en espérant qu’en faisant l’autruche, l’ouragan de la mondialisation, que nous pourrions maîtriser, notamment grâce à ce traité, nous épargne par une sorte de miracle improbable….
Bien sûr, le traité transatlantique n’est pas la formule miracle ni même la panacée mais il est un réel espoir pour des jours meilleurs, en particulier pour la France qui décroche lentement des pays leaders depuis une dizaine d’années.
D’autant que les grands pays émergents s’intéressent peu à elle pour leurs investissements.
Quand c’est le cas, c’est le plus souvent pour piller la technologie avancée des entreprises qu’ils rachètent et ensuite les démanteler ou pour inonder le marché français avec des produits à bas prix bénéficiant d’un dumping social et monétaire.
Bien sûr, les capitalistes américains (et ceux du vieux continent pour des Américains souvent aussi frileux que les Européens vis-à-vis de ce traité) ne sont pas des enfants de chœur en regard de ceux des pays émergents. Mais, souvent, ils rachètent pour s’ouvrir des marchés et faire des investissements qui créent des emplois.
Si demain l’Europe et les Etats-Unis réussissent à mettre en place un vrai marché transatlantique avec des normes communes, ils pourront reprendre la main et imposer à tous les autres pays le respect de celles-ci.
Cela créera, mécaniquement, une dynamique qui aboutira à plus de croissance et donc à plus d’emplois.
En ces temps de disette, faire la fine bouche sur cette dynamique, c’est jouer contre son pays.
Alexandre Vatimbella

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lundi 26 mai 2014

LE FOCUS. L’Inde au défi du nationalisme et du développement

L’Inde a donc un nouveau premier ministre, Narendra Modi, et, surtout, pour la première fois depuis longtemps, un parti, le BJP (Bharatya Janata Party) qui a une majorité absolue à la Chambre des députés, la Lok Sahba, réduisant dans le même temps, la représentation du parti du Congrès de la dynastie Nehru-Gandhi au pouvoir jusque-là à une quarantaine d’élus.
Un véritable séisme politique!
Cette majorité absolue est loin d’être anodine quand on se rappelle que la plupart des blocages connus par le précédent gouvernement venait avant tout de son impossibilité à réunir une majorité sur des textes fondamentaux pour le développement du pays et son ouverture à la mondialisation ainsi que pour mettre fin à toutes les prévarications qui gangrènent le monde politique et empêchent l’Inde de rentrer de plein pied dans le XXI° siècle.
Ce qui est paradoxal dans l’affaire c’est que c’est un nationaliste aux idées parfois dangereuses et xénophobes qui va peut-être, enfin, ouvrir réellement le pays, ce que n’a pas réussi à faire Manmohan Singh, le premier ministre sortant qui, pourtant, avait la volonté d’aboutir mais n’avait pas les mains libres pour le faire.
Bien entendu, il faut nuancer cette affirmation en rappelant ce que l’on oublie trop souvent, que l’Inde est une fédération d’Etats et que ceux-ci possèdent de nombreux pouvoirs qui peuvent bloquer toute modernisation politique ou tout progrès économique et social.
Exit donc le parti du Congrès et voici maintenant le BJP au pouvoir.
Néanmoins, la prudence demeure de mise face à une vision de l’Inde portée le BJP (accusé, notamment, de vouloir imposer l’hindouisme de force à tout le pays) qui pourrait rapidement faire basculer le pays dans une idéologie d’exclusion et de nationalisme pur et dur, voire d’affrontements entre la communauté hindou, d’un côté, et les autres communautés religieuses de l’autre, au premier rang desquelles on trouve les musulmans (sans oublier les chrétiens et les sikhs).
Or, pour se développer, l’Inde a absolument besoin de consensus intérieur et d’une véritable ouverture vers l’extérieur, ce qu’elle n’a pas réussi à faire ces dernières décennies d’où une croissance désormais en berne qui, si elle atteint 4,5% environ, est bien loin des 10% nécessaires (et que le pays n’a atteint que rarement) pour faire sortir l’énorme majorité de sa population de la pauvreté.
Sans oublier des infrastructures lamentables, une inflation structurelle quasi-immaîtrisable en phase de forte croissance et des écarts de richesse au-delà de l’imaginable entre les plus aisés et les plus pauvres.
Car, au-delà des performances remarquables de certaines entreprises indiennes et de la naissance d’un noyau de classe moyenne, la réalité de l’Inde c’est la pauvreté endémique – et pas seulement dans les campagnes – des trois quarts de la population dont une grande partie ne mange pas encore à sa faim et vit dans un état d’insalubrité chronique, ne pouvant bénéficier de l’électricité l’entière journée et de l’eau potable, incapable de pouvoir se déplacer correctement avec un réseau de transport (routier, ferroviaire, aérien) sous-développé.
Les challenges que doit relever Narendra Modi sont réellement impressionnants et ont été maquillés par des statistiques officielles truquées, pratique maintes fois dénoncées par les économistes indiens eux-mêmes.
Ils le sont d’autant plus que ces challenges, du fait du blocage politique de ces dernières années, se sont accumulés sur fond d’incurie de la fonction publique et de sa corruption endémique (qui touche aussi le secteur privé) et de corporatismes gigantesques qui font que l’Inde a pris un retard peut-être irrattrapable face à son grand voisin et son grand concurrent, voire adversaire, la Chine mais aussi de nombreux grands pays émergents comme l’Indonésie, la Turquie et même le Brésil.
Sans oublier que le nationalisme intolérant du BJP pourrait faire monter les tensions avec les voisins de l’Inde, au premier rang desquels, outre la Chine et le Bangladesh, il y a évidemment, le Pakistan.
L’avenir de l’Inde, malgré cette clarification politique qui était nécessaire pour sauver le pays d’un engourdissement fatal, est plus que jamais fragile.
Les Indiens, qui viennent de le porter au pouvoir, vont ainsi pouvoir juger si Narendra Modi, de politicien habile et tribun brillant pourra se transformer un homme d’Etat responsable et bâtisseur de l’Inde nouvelle.
En tant que gouverneur de l’Etat du Gujerat pendant treize ans, il a réalisé de bonnes choses économiquement parlant mais a été une sorte de populiste intolérant qui a couvert et, pour certains, ordonné, le massacre de mille à deux mille musulmans lors d’émeutes en 2002.
Sera-t-il le «marchand de morts» comme le qualifie ses opposants, l’homme de l’intolérance, ou le «magicien» comme l’appelle ses partisans, l’homme de la réussite économique?
La réponse ne devrait pas tarder.
Alexandre Vatimbella

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mercredi 21 mai 2014

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Russie-Chine, une alliance contre-nature et de circonstance face à la démocratie

Quand les dictateurs et les dirigeants autoritaires sont aux aboies, ils ont tendance à s’unir face à aux démocraties et à sortir leurs anathèmes et à montrer leurs muscles.
Telles sont, à nouveau, les postures de la Chine et de la Russie qui, avec Xi Jinping et Vladimir Poutine et comme au bon vieux temps de la Guerre froide, se serrent les coudes face à l’Occident et aux revendications démocratiques de leurs propres peuples, elles qui sont déjà des partenaires dans le club moribond des grands émergents, le Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).
Mais voilà bien une alliance contre-nature qui doit faire bondir tous les observateurs avertis des deux pays.
Car la grande peur ancestrale de la Russie, ce n’est pas l’Occident ou même la perte de sa sphère d’influence à l’Ouest, mais bien la Chine, son milliard et demi d’habitants (alors que la population russe n’en finit pas de baisser), ses revendications territoriales ancestrales à sa frontière extrême-orientale ainsi que sa nouvelle puissance économico-politico-militaire.
Et la Chine se méfie de cette Russie expansionniste qui a asservi tous ces peuples dans feue l’Union soviétique que Vladimir Poutine veut faire revivre d’une manière ou d’une autre.
Dès lors, voir les deux pays faire des déclarations communes face à l’Occident rappelle que Staline et Mao, déjà, maniaient la rhétorique antidémocratique tout en se méfiant l’un de l’autre au plus haut point.
C’est tellement ahurissant de voir la Chine se taire sur les agissements de la Russie en Ukraine, elle qui est terrorisée que la communauté internationale se mobilise sur l’indépendance du Tibet ou du Xinjiang et qui brandit la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays comme une règle intangible et absolue.
Bien évidemment les apprentis dictateurs comme Poutine ou Xi ne sont pas à une contradiction près quand il s’agit de se battre contre leur ennemi mortel, la liberté.
On voit bien la similitude dans le combat contre ceux qui demandent un régime démocratique réel que ce soit en Russie et en Chine.
Non pas ceux qui nous rabâchent les «spécificités» de chacun des deux pays pour affirmer qu’il faut une «démocratie à la chinoise» ou «une démocratie à la russe» dont le point commun serait de nier les droits de l’individu et les valeurs de la personne au nom d’une vision holistique soi-disant «historique».
Heureusement que les dissidents qui peuvent parler avant d’être envoyés dans les camps chinois et russes ou après en être sortis, affirment l’inanité d’une telle vision réductrice et rappellent que la demande d’une vraie démocratie est réelle et forte, tant en Chine qu’en Russie.
Oui, Vladimir Poutine joue à l’apprenti-sorcier en s’alliant avec la Chine qui lorgne sur les matières premières dont la Russie regorge.
Car ce n’est pas les richesses et le territoire des Etats-Unis, de la France ou de l’Allemagne que lorgnent les dirigeants de Pékin mais bien celui d’une Russie en décadence.
Tous les mauvais choix que le maître du Kremlin fait aujourd’hui, son pays devra en payer le prix demain au centuple.
Quant à la Chine, elle trouve dans Poutine un allié de circonstance dont elle pourra se débarrasser le moment venu, peut-être même pour se rapprocher de l’Occident quand il le faudra.
Néanmoins, cette alliance risque de développer un peu plus son hubris et lui faire faire quelques mauvais calculs qu’elle pourrait payer au prix fort.
Quand à l’Europe et aux Etats-Unis, ils doivent prendre cette alliance à la fois au sérieux – les régimes autocratiques font souvent des choix illogiques voire insensés – et pour ce qu’elle est dans la durée, de la poudre de perlimpinpin.
Alexandre Vatimbella

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samedi 26 avril 2014

L'Editorial d'Alexandre Vatimbella. Quand l’espoir européen est devenu le problème français

Or donc l’Europe ne fait plus rêver.
Elle est même un repoussoir pour de plus en plus de gens.
Selon un dernier sondage, 65% des Français pourraient bouder les urnes le 25 mai prochain et un des partis par les plus antieuropéens du vieux continent, le Front national, est en tête avec 24% des voix, soit un électeur sur quatre…
Voilà qui interpelle – et c’est un euphémisme – un centriste qui a toujours lutté pour l’union des peuples européens dans une grande fédération démocratique parce qu’il sait que c’est le seul avenir de l’Europe et le seul avenir de la France.
Comment est-on passé de l’espoir d’une Europe unie au rejet de l’Union européenne?
Tous les poncifs (et réalités) ont été dites ces dernières décennies: une Europe bouc émissaire fustigée constamment par des politiciens nationaux afin de masquer tous leurs manquements et leurs fausses promesses; une Europe bureaucratique où il est difficile sinon impossible d’y adhérer affectivement et d’y trouver un quelconque idéal transcendant; une Europe où l’idée démocratique est difficile à apprécier au niveau de l’Union européenne tant les règles sont opaques et alambiquées; une Europe incapable d’éviter les crises économiques et sociales; une Europe incapable de montrer sa cohésion et son unité tant à l’intérieur de l’espace commun, entre ses membres de plus en plus tentés de jouer leur propre partition, que dans ses rapports avec le monde extérieur; une Europe incapable de relever le défi de la mondialisation autrement qu’en ouvrant ses frontières pendant que les autres fermaient les leurs, incapable de demander la réciprocité et de se défendre intelligemment; la remontée à la surface des nationalismes et des replis sur soi, sans parler des nauséabondes idéologies de l’intolérance et de l’exclusion, si caractéristique du XX° siècle que l’effroyable tragédie de deux guerres mondiales était parvenue à modérer de 1945 à 1990 aboutissant à ce rêve européen qui se délite de plus en plus.
Et l’on pourrait continuer cet inventaire cruel.
Pas étonnant de l’on soit passé d’une espérance européenne où l’on allait bâtir un avenir radieux, de paix et de prospérité, de fraternité et de partage, pour soi et sa descendance à une Europe perçue comme une hydre tentaculaire, dévorant ses enfants sans pourtant être capable de proposer un rêve, pire, même pas une démarche commune vers un meilleur futur.
Mais tout cela n’est pas venu tout seul.
Tout cela n’est pas venu de l’idée européenne mais de la manière dont on a voulu construire l’Europe.
Celle-ci était bien une aventure où l’objectif était d’unir les hommes et les femmes du Vieux continent dans la paix et la fraternité en bâtissant une maison commune.
Mais la méthode n’a pas été la bonne.
En tout cas, la première phase où ce sont les intérêts économiques qui étaient à la base de la fondation de l’Europe unie aurait du être rapidement dépassée pour s’orienter vers une deuxième phase, la plus essentielle, la construction d’une Europe politique, sociale et sociétale.
Mais la frilosité coupable des politiques et la procrastination décevante des pionniers de l’Europe – qui ne voulaient pas heurter les nationalismes seulement endormis – n’ont pas permis de faire ce saut indispensable qui aurait à jamais scellé l’union des peuples européens et non celle des Etats-nation qui gardaient assez de souveraineté pour bloquer la construction européenne et plus assez pour avoir réellement les moyens d’en assumer les conséquences.
Ne pas avoir donné l’Europe à ses citoyens a été l’erreur monumentale.
Puisque l’Europe se faisait sans eux, pourquoi s’investir?
Puisque l’Europe n’avait pas besoin d’eux pourquoi auraient-ils eu besoin d’elle?
Puisque la compréhension de l’Europe était réservée aux technocrates pourquoi s’intéresser à elle?
D’autant que les forces antieuropéennes n’ont jamais flanché, elles, dans leurs critiques caricaturales, leurs attaques mensongères et leurs volontés de destruction de l’édifice européen.
Leurs agissements et leurs dires ont été crédibles auprès de populations qui ne comprenaient rien aux mécanismes et aux buts de l’Europe et dont les partisans étaient incapables d’expliquer clairement son fonctionnement.
L’idée d’une Europe unie est-elle donc morte?
Pas forcément mais la construction d’un nouvel idéal européen ne sera pas aisée d’autant que le fonctionnement de l’Union européenne est dorénavant peu en phase avec la modernité démocratique où les citoyens se méfient de plus en plus des bureaucraties hégémoniques et opaques.
Pour autant, une réalité incontournable, elle n’a pas changé: l’Europe demeure indispensable.
Tous les jours qui passent démontrent que sans l’Europe les vieilles nations du continent ne s’en sortiront pas chacune de leur côté malgré ce que prônent certains irresponsables et les déclarations intempestives de certains politiques.
Pire, elles deviendront, à terme, des pays secondaires et s’appauvriront.
Elles seront même incapables de pouvoir maîtriser leur présent et leur avenir. Un sacré retour en arrière.
Pour que l’Europe-problème redevienne l’Europe-espoir, la tâche est ardue mais elle n’est pas désespérée.
Elle nécessite courage et responsabilité de la part des politiques.
Elle nécessite ouverture et dynamisme de la part de la société civile.
Le Centre et le Centrisme ont, dans ce cadre, un rôle fondamental à jouer car les centristes sont – à quelques exceptions près – des partisans inconditionnels de la construction européenne.
C’est pourquoi il faut qu’ils se saisissent non pas de l’idéal européen qui demeure un phare mais de la nouvelle construction de l’Europe en dépassant les vieilles idées et les vieilles recettes qui ne peuvent plus s’appliquer dans un monde qui a profondément changé depuis le 23 juillet 1952,, date de la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), et même depuis le 25 mars 1957, date de la signature du Traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE).
Et à tous ceux, le plus souvent des souverainistes, qui ricanent devant ce nouveau challenge demandons-leur ce qu’aurait fait Vladimir Poutine en Ukraine (et en Syrie) aujourd’hui, en Géorgie hier et en Moldavie peut-être demain s’il avait eu, face à lui, une Union européenne fédérale.
Alexandre Vatimbella
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vendredi 28 mars 2014

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. Honte aux «grands amis» du régime chinois

La Chine est un grand pays. Les Chinois sont un grand peuple. La culture chinoise est une grande culture. La Chine a donné de grands hommes à la civilisation mondiale. La Chine est redevenue la grande puissance qu’elle était et la grande économie qu’elle fut pendant des siècles.
Oui, tout cela est vrai, tout comme la Chine est aujourd’hui dirigée par un parti totalitaire et demeure la plus grande dictature de la planète (qui, plus est, en train de se réarmer à vitesse grand v).
Et que l’on ne vienne pas raconter encore une fois ce mensonge que la culture et la tradition chinoise ne s’accommode pas de la démocratie.
Hong Kong était une véritable démocratie avant que Pékin ne remette la main dessus. Surtout, Taiwan est une démocratie, ce qu’elle prouve actuellement avec le débat qui l’agite sur les menaces récurrentes de Pékin sur son indépendance et sa liberté.
Dès lors, on ne peut être qu’honteux, en tant que Français, de voir avec quel faste incongru et déplacé, le gouvernement français a reçu le chef du Parti communiste chinois et président de la Chine, Xi Jinping, celui qui s’en va dans les campagnes et les villes de son pays affirmer sans rire que Mao était le plus grand homme chinois et qu’il s’en inspire tous les jours alors que les historiens sont toujours à se demander qui a fait le plus de millions de morts, Staline ou ce grand timonier assassin, et que des prisonniers politiques croupissent dans les geôles communistes à travers le pays.
On est honteux en tant que Français quand le président de la république déroule, non seulement, le tapis rouge à monsieur Xi mais quand on voit avec quelle chaleur il lui fait visiter Versailles ou quand il lui dit que la France et la Chine sont d’accord sur les dossiers syriens et iraniens que Pékin bloque sans états d’âme depuis des années et qu’il loue l’attitude de la Chine à propos de l’annexion de la Crimée par la Russie, oubliant que le régime chinois n’a pas condamné ce coup de force mais s’est seulement abstenu au Conseil de sécurité des Nations unies et que sa répression sanglante au Tibet ne peut être décrite comme une attitude responsable contre tous les «séparatismes».
On est honteux quand on entend ce même monsieur Xi vanter son «grand ami» Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français, qui est devenu le principal VRP du régime communiste.
Ah oui, j’oubliais, nous sommes dans une mondialisation dominée par la realpolitik.
Alors, oui, bien sûr, il faut dialoguer et entretenir des relations diplomatiques avec la Chine, il faut même commercer avec elle et respecter le peuple chinois.
Mais, au nom de contrats juteux (qui nous font oublier que le dumping social et fiscal, couplé à un protectionnisme dur de la Chine ont mis à mal les économies occidentales), doit-on mettre à la poubelle nos valeurs, nos principes et notre lutte incessante pour faire triompher la démocratie dans le respect de la personne humaine?
Les «grands amis» de la Chine peuvent se mentir à eux-mêmes sur le fait qu’ils ne défendent pas une dictature mais parlent seulement d’un grand pays et tenter de leurrer les Français à ce propos.
Mais cela fait penser que Vladimir Poutine n’a pas forcément tort lorsqu’il affirme que les régimes démocratiques occidentaux sont devenus faibles et incapables de défendre leurs valeurs, ce qui lui permet d’en profiter, comme il l’a fait en supportant le régime scélérat syrien avec l’appui de la Chine (jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’alternative qu’entre le boucher Assad et les assassins d’Al Qaeda, c’est-à-dire aucune) et qu’il s’approprie la Crimée devant des dirigeants de l’Union européenne tremblants et prenant leurs calculettes pour savoir combien cela allait leur coûter d’avoir une attitude ferme devant l’autocrate du Kremlin.
Bien sûr, si la France se fâche avec la Chine, il y aura l’Allemagne ou la Grande Bretagne, l’Italie ou l’Espagne, voire les Etats-Unis pour la remplacer et remporter ces contrats juteux.
C’est la raison pour laquelle c’est aussi et surtout au niveau de l’Union européenne ou du G7 (Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Japon, Canada, Italie, Allemagne) que des fronts démocratiques doivent se mettre en place et défendre les valeurs qui fondent les démocraties républicaines.
En tout cas, pour ceux qui pensent que tout ceci n’est que de la naïveté, l’important est de savoir qui nous sommes et qui nous voulons être.
Rien ne peut remplacer la démocratie républicaine, même avec ses défauts.
Dès lors, la lutte contre ses ennemis est un impératif politique et moral.
D’ailleurs, comment les Hollande et les Raffarin qui s’inquiètent, à juste titre, de la montée du Front national en France peuvent s’afficher avec de si grands sourires avec monsieur Xi?

Alexandre Vatimbella


dimanche 5 janvier 2014

ANNEE DE LA MONDIALISATION. Léthargique en 2013, la mondialisation sera-t-elle à la relance en 2014?

Si la mondialisation économique et commerciale, ce que l’on appelle la globalisation, a été, cahin-caha, fidèle à elle-même, la mondialisation politique a été à la peine, tout comme la mondialisation sociale. La mondialisation sociétale a eu plus ou moins de succès tandis que la mondialisation culturelle se porte plutôt bien.
- La globalisation (mondialisation économique et commerciale) en petite forme
Il y a bien sûr la crise mondiale qui n’en finit pas de s’estomper puis de rebondir. Elle touche désormais principalement l’Europe (notamment la zone euro de l’Union européenne) alors que les Etats-Unis s’en sont sortis – pour l’instant – et que la Chine n’y est pas encore alors que l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud y sont plus ou moins.
Cette crise économique a évidemment des répercussions sur l’état de la mondialisation économique et commerciale avec une activité moindre mais aussi un repli sur soi de certaines régions et de certains pays, mettant à mal les échanges internationaux et la coopération entre les divers Etats.
Ainsi, au niveau des accords commerciaux, l’OMC devient, année après année, une coquille de plus en plus vide, les pays privilégiant désormais les accords bilatéraux de libre-échange comme celui, emblématique, qui devrait se conclure dans les années qui viennent entre les Etats-Unis et l’Union européenne et dont les négociations ont débuté courant 2013 et ont continué malgré l’affaire de la NSA (les écoutes de l’agence de surveillance américaine en Europe) dont certains à droite et à gauche sur le Vieux continent aurait voulu en faire un casus belli.
Sans oublier que le dumping économique (subventions déguisées et mesures de protectionnismes cachées) continue de progresser malgré les condamnations de certains Etats.
A noter, en outre, que le phénomène de «relocalisation» d’entreprises occidentales dans leurs pays d’origine continue à progresser, notamment aux Etats-Unis où le coût de la main d’œuvre est bien plus bas que celui de l’Union européenne, même s’il demeure encore d’une importance relative.
Quant à la coopération économique (représentée par des organisations comme l’OCDE et surtout le FMI et la banque mondiale), elle n’a pas été très productive en 2013 même si le Fonds monétaire international est intervenu pour éviter que certains pays ne s’enfoncent dans la crise et menacent la stabilité mondiale.
- La gouvernance mondiale (mondialisation politique) en panne avec des pays tentés de plus en plus par le nationalisme comme la Chine et des instances internationales de moins en moins utiles (G20, Nations Unies).
Ainsi, le G20 semble n’avoir plus grand intérêt pour les grandes puissances économique de la planète et l’on a peine à se rappeler les décisions de sa dernière édition de Saint-Pétersbourg (Russie) en septembre dernier.
Les Etats-Unis et la Chine ont, de facto, créé le fameux G2 qui inquiète tous les autres pays de la planète, même si les résultats de la coopération directe entre les deux premières puissances mondiales n’ont guère été significatifs en 2013 (en grande partie à cause de l’agressivité chinoise notamment envers les alliés de Washington en Asie) et si des pays comme la Russie ont tenté, sans grand succès de retrouver un lustre perdu par un anti-américanisme primaire.
Même au niveau régional, les coopérations se relâchent comme cela a été le cas à l’intérieur de la plus emblématique des alliances de ce type, l’Union européenne où les solidarités se délitent et les responsabilités s’évanouissent.
Au-delà d’une incompréhension de plus en plus grande dans les affaires intérieures de l’Europe, on ne peut être qu’étonné devant la solitude européenne de la France dans ses interventions nécessaires en Afrique.
Si les peuples européens pensent que la stratégie de l’autruche leur permettra de passer à travers les gouttes des menaces mondiales, c’est qu’ils n’ont rien appris d’un XX° siècle qui fut sanglant en grande partie de leur faute.
Quant aux Brics, on ne comprend toujours pas ce que fait la Russie dans ce club de pays émergents et on ne comprend plus ce qu’y fait la Chine, deuxième puissance économique mondiale.
De toute façon, le fonctionnement de ce club est toujours aussi bancal et les bonnes résolutions prises lors de chacun de ses sommets sont rarement suivis d’actes concrets.
- L’espace social mondial (mondialisation sociale) n’avance guère et les disparités dans les protections sociales toujours aussi énormes comme l’ont rappelé les tragédies des usines textiles au Bangladesh dont celle du complexe du Rhana Plaza.
Bien qu’il existe depuis des lustres un Bureau international du travail (BIT), celui-ci n’a jamais pu éviter le dumping social (bas salaires et conditions de travail exécrables), qui continue à être le principal atout de pays comme la Chine, l’Inde, le Vietnam ou le Cambodge dans le commerce mondial.
En outre, partout dans le monde, des Etats-Unis à la Chine en passant par la France, l’Inde et bien d’autres, les riches deviennent plus riches, les pauvres deviennent plus nombreux tandis que la classe moyenne a de plus en plus de mal à tirer son épingle du jeu ce qui, à terme, menace la prospérité globale, la croissance ne pouvant être tirée que d’une classe moyenne mondiale nombreuse.
- La mondialisation sociétale progresse lentement.
Au-delà des grands textes comme celui de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, on note quelques avancées sur les droits reconnus aux femmes ou aux enfants même si la situation demeure extrêmement dangereuse pour ces derniers dans certains pays (soit à cause de la guerre comme en Syrie, soit à cause d’une exploitation économique comme en Inde, soit encore à cause d’une exploitation sexuelle avec les grands réseaux internationaux pédophiles).
Mais il sera bien difficile encore en 2014 de voir l’établissement de législations protectrices dans nombre de pays où les droits basiques de l’être humain continuent à être bafoués.
De même, dans d’autres, les forces réactionnaires continuent leur combat afin de rogner les droits acquis de haut lutte par des groupes sociaux ou des minorités.
La Russie de Vladimir Poutine où l’incapacité à exercer son droit de critique du pouvoir en place (affaire des Pussy Riot) ou à vivre librement son orientation sexuelle (loi contre l’homosexualité) est, de ce point de vue, exemplaire.
Mais il ne faudrait pas oublier, non plus, les violences sexuelles à l’encontre des femmes en Inde (où le pays compte vingt millions d’hommes de plus que de femmes) ou les incendies et les meurtres de Chrétiens dans les pays arabes comme la Syrie ou l’Egypte, montrant que le respect de la dignité humaine et celui des croyances sont encore loin d’être la règle.
- La mondialisation culturelle se porte bien, merci pour elle.
Paradoxalement, la mondialisation culturelle se porte bien sauf quand les gouvernements l’entravent comme par exemple en Chine avec les quotas d’œuvres étrangères diffusées (sans même parler de la censure…).
Les populations, sans même le savoir, pratiquent une culture métissée et affichent généralement, dans leurs pratiques, une ouverture d’esprit dans ce domaine alors qu’elles se disent, dans les sondages, de plus en plus nationalistes, voire xénophobes.
Ce paradoxe n’est pas nouveau mais il montre bien que la mondialisation culturelle progresse ce qui est une bonne nouvelle parmi tant de mauvaises pour le rapprochement des êtres humains et la compréhension mutuelle.
- La question de l’année: en 2014, la Chine s’imposera ou implosera?
La Chine est devant des défis majeurs comme nous l’avons souvent dit et comme le disent également de plus en plus d’experts mondiaux comme, par exemple Fareed Zakaria dans un édito pour le magazine américain Time.
Au jour d’aujourd’hui, elle devrait afficher une croissance de 7,6% pour 2013 et un taux assez similaire est prévu par les autorités de Pékin pour 2014.
Mais, au-delà de chiffres invérifiables tant les statistiques officielles sont peu fiables, les dangers sociaux (chômage et salaires), financiers (le pays est gravement endetté sans parler des provinces dont la plupart sont proches de la faillite), sociétaux (le manque de liberté) et économique (baisse de la production avec délocalisation vers des pays plus low-cost alors que la consommation intérieure est encore trop faible) seront excessivement nombreux.
Si la Chine se sort avec succès de ces défis alors elle s’imposera certainement sur la scène internationale comme une grande puissance forte et solide.
Si tel n’est pas le cas, elle risque d’imploser, ce qui créera une situation explosive dans laquelle le monde pourrait être gravement impacté …
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence

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