Voilà, sans doute, une question
un peu provocante. Personne ne peut souhaiter qu’un peuple soit dans les
difficultés. En fait, c’est de l’échec du Parti communiste chinois dont il
faudrait parler.
Car son succès et celui de sa
société de consommateurs nationalistes non-citoyens mus par un «rêve chinois»
qui veut restaurer la «grandeur» notamment militaire de l’Empire du Milieu face
au reste de la communauté internationale pour retrouver son range et venger ses
humiliations du XX° siècle est, elle, une véritable menace.
Une menace pour le monde à la
fois économique, environnementale et militaire.
Menace économique car la Chine s’est
engouffrée avec un succès incroyable dans les failles du capitalisme pour
assoir sa place de deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis et devant
le Japon.
Mais elle n’a que peu respecté les
règles, notamment celles de la concurrence avec un dumping massif et l’incapacité
pour les entreprises étrangères de s’installer facilement sur son marché
intérieur, ce qui risque de déstabiliser encore pour longtemps l’économie
mondiale.
Menace environnementale évidente
que même le pouvoir communiste reconnait désormais. La pollution est partout,
dans l’air, dans l’eau, dans la terre et la tâche de l’éradiquer sera autrement
pharaonique par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Sans aucun contre-pouvoir, le
Parti communiste a ainsi pu faire ce qu’il voulait dans ce domaine au risque d’empoisonner
son peuple mais également toute la planète, la pollution ne respectant que peu
les frontières installées par les humains…
Menace militaire qui vient à
nouveau de se manifester dans toute sa crudité et son cynisme face au Japon (et
donc face aux Etats-Unis, premier allié de Tokyo en Asie) avec la création de
cette zone de sécurité aérienne sans aucun fondement juridique mais aussi
vis-à-vis de l’Inde où, de nouveau, Pékin vient de menacer New Dehli à propos
des différends frontaliers.
Sans oublier que Xi Jinping
glorifie sans cesse l’Armée populaire dont il veut en faire le fer de lance de
son «rêve chinois» qui ferait, in fine, de la Chine la puissance dominante en
Asie puis dans le monde, ambition désormais clairement assumée.
Notons que tous les différends
entre la Chine en Asie concernent principalement des pays démocratiques: Japon,
Inde, Philippines, Corée du Sud, Taïwan.
Une menace pour le peuple chinois
qui risque de payer sa prospérité par une dictature obscurantiste où sa dignité
et sa liberté ne seront que peu respectées pendant que la clique au pouvoir
continuera de s’enrichir, en particulier par la corruption tout en permettant à
une partie de la classe moyenne de bien gagner sa vie afin de la détourner de
toute velléité de revendications démocratiques.
Une menace tout court car la
victoire d’un régime dictatorial, notamment en matière économique et militaire,
ne peut, qu’à terme, donner des idées à d’autres.
Mais l’échec de l’aventure
actuelle de la Chine est peut-être contenu dans ce cocktail détonnant qui a
permis jusqu’à présent cette réussite insolente.
Sans véritables réformes
politiques, économiques, sociales, stratégiques, environnementales, le pays
court tout seul à la catastrophe (le problème est qu’il peut là aussi entraîner
les autres avec lui).
Le répéter alors que rien ne se
passe est souvent raillé par les partisans de la Chine actuelle.
Cependant, tous les experts
estiment que l’équilibre précaire peut se rompre à tout moment, que ce soit demain
ou dans quelques années. La question fondamentale, d’ailleurs, n’est pas si,
sans réformes, cette catastrophe va se produire ou non mais quand elle va
survenir.
D’ailleurs, en matières
économique et environnementale, Xi Jinping tente de faire des réformes même si
beaucoup d’observateurs doutent de leur véritable mise en place comme ce fut
déjà le cas par le passé.
Ce n’est évidemment pas du
possible échec de la Chine qu’il faut se réjouir, bien au contraire. Une Chine
prospère, pacifique et harmonieuse pour reprendre la rhétorique du pouvoir en
place ne peut qu’être un bienfait pour tous les habitants de la terre.
Mais, on l’a compris, la réussite
qu’il faut souhaiter au peuple chinois passe par la liberté et l’égalité sans
oublier une bonne dose de fraternité. Et quoiqu’on en dise, cela s’appelle la
démocratie.
Alexandre Vatimbella
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