La crise syrienne ne sera sans doute pas un des meilleurs
souvenirs de Barack Obama lorsqu’il aura quitté la Maison blanche.
De même que les multiples blocages politiciens des
républicains extrémistes, incapables de faire passer l’intérêt de leur pays
avant celui des intérêts des plus riches et, surtout, de leur haine du premier
président afro-américain.
Le «shutdown» («fermeture») de l’administration qui vient
d’en résulter à
Washington avec le refus des élus républicains du Congrès de
voter les fonds nécessaires au fonctionnement des services publics (sauf s’ils
avaient pu détruire en contrepartie la loi sur l’assurance santé, la fameuse
«Obamacare») en est une nouvelle et désolante preuve avec la prise en otage de
toute une nation par une frange extrémiste, celle du Tea Party.
Mais alors que les opposants d’Obama pointent sa faiblesse à
propos de la crise syrienne (ainsi que d’avoir remis en selle la Russie sur la
scène internationale du fait de son indécision) voire du bras de fer avec
l’Iran et son intention de se doter de l’arme atomique en ayant discuté avec le
nouveau président du pays, Rohani, voilà que ces mêmes opposants l’accusent
d’intransigeance et de dureté dans la crise du shutdown!
Comprenne qui pourra.
Toutes ces crises provoquées ou non par les ennemis des
Etats-Unis et les adversaires de Barack Obama font dire à certains observateurs
que le président des Etats-Unis est définitivement affaibli et que le reste de
sa présidence risque d’être celle d’un canard boiteux (lame duck) bien avant
l’heure.
Il semble évident à première vue que c’est le cas.
Néanmoins, ce serait oublié un peu vite que l’hôte de la
Maison blanche a encore plus de trois ans de mandat et que ses affaiblissements
supposés d’aujourd’hui, sont peut-être ses forces de demain comme l’estiment
plusieurs experts.
Bien sûr, il se peut qu’Obama échoue face à la hargne des
républicains et à la volonté des adversaires de la démocratie de travailler à
tout faire pour empêcher le monde d’être plus sûr.
Mais il se peut également qu’il réussisse, que sa loi sur
l’assurance santé permette réellement à des millions d’Américains, et pas
seulement à ceux qui ne sont pas assurés, de pouvoir se protéger contre la
maladie à un coût acceptable tout en évitant – et il faut rappeler avec force
qu’il s’agit d’un des objectifs prioritaires de cette loi – que le système
n’implose pas à cause de coûts prohibitifs comme cela est prédit par les
spécialistes qui savent que seule une régulation peut l’éviter et qui est
contenue dans «Obamacare».
De même, il est possible qu’après avoir mis fin aux conflits
en Irak (illégitime) et en Afghanistan (légitime), il réussisse à renouer un
vrai dialogue constructif et suivi de décisions concrètes avec l’Iran.
Sans oublier une nouvelle phase de paix entre Israël et les
Palestiniens, tout en trouvant une solution acceptable au conflit en Syrie où
un dictateur sanguinaire tue son peuple pendant que des groupes terroristes
aussi violents tentent de prendre le contrôle du pays pour en faire une base de
combat contre l’Occident.
Quant aux rapports avec la Chine, le «pivot» de sa politique
étrangère vers l’Asie pour aider les voisins inquiets de la montée en puissance
de l’agressivité de l’Empire du milieu permettra peut-être de stabiliser une
région qui court à grande vitesse vers des périodes et des séquences de
tensions extrêmes.
De son côté, l’économie sera peut-être repartie sur un
rythme de croisière qui permettra au chômage de baisser fortement et de faire
entrer les Etats-Unis mais aussi le monde dans une nouvelle ère de
développement.
Enfin, l’urgence de mettre en route une vraie politique
environnementale qui était un des objectifs de son premier mandat pourra
peut-être se réaliser avec la lente prise de conscience des Américains qu’il
faut agir, prise de conscience dont l’Administration Obama est en partie
responsable.
On ne parle même pas des possibilités de faire passer une
loi sur l’immigration indispensable pour donner un nouveau souffle à un pays
qui a réussi grâce à l’arrivée et l’assimilation de millions et de millions de
personnes et sur celle, morale, concernant un meilleur contrôle des armes à
feu.
Si Barack Obama parvient à réaliser la moitié de ce que l’on
vient de parler, alors son affaiblissement actuel n’aura été qu’un trompe-l’œil
d’une politique résolument tournée vers la réforme et le consensus.
Une politique centriste qui, comme il convient de le rappeler
sans cesse, a des ennemis déterminés de chaque côté de l’échiquier politique et
chez tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.
Quoiqu’il en soit, que l’on ne s’y trompe pas, Barack Obama
ne navigue pas à vue mais a des objectifs précis, une méthode de gouvernement
pour y parvenir structurée et une grande volonté.
Et on le constatera si les Américains lui donnent à nouveau
une majorité à la Chambre des représentants en 2014 lors des élections de
mi-mandat, ce qui est loin d’être une vue de l’esprit tant les républicains
lassent la population avec leur guerre stérile et incessante à son encontre.
Alexandre Vatimbella
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