Timothy
Beardson, spécialiste de la Chine, vient de sortir un livre sur les menaces de
tous ordres qui pèsent sur le pays dans les années à venir (Stumbling Giant,
Editions Yalebooks).
Lors
d’une conférence à l’Ifri (Institut français des relations internationales)
pour le présenter, il a listé les plus importantes.
La
première de ces menaces est celle qui vient de la démographie sous trois
aspects: une baisse du nombre de la main d’œuvre disponible qui va renchérir
les coûts de production avec de moins en moins de bras disponibles à bas prix;
une augmentation du nombre des personnes âgées qui va coûter excessivement cher
aux systèmes sociaux balbutiants, tant en pensions qu’en aides aux plus
démunis, ceux qui n’ont pas pu souscrire à une retraite; un déséquilibre
persistant voire qui est en augmentation entre les sexes avec un nombre
d’hommes beaucoup plus élevé que celui des femmes qui se matérialise déjà par
une violence accrue dont sont victimes ces dernières et l’impossibilité pour
nombre d’hommes de trouver une épouse.
Mais,
à l’opposé de ce que disent nombre de commentateurs, le responsable principal n’est
pas, selon Timothy Beardson, la politique de l’enfant unique mise en place en
1979, attaquée de toutes parts. En effet, lorsque celle-ci a été mise en place
en 1979, le taux de fécondité avait déjà baissé de 50%.
La
deuxième menace est le retard pris dans l’innovation et le high tech.
D’une
part, 83% des exportations chinoises dans les secteurs high tech viennent en
réalité d’entreprises étrangères installées en Chine qui n’y font souvent que
l’assemblage de produits conçus ailleurs.
D’autre
part, la formation des étudiants chinois est trop scolaire, le pouvoir
communiste ayant peur qu’une pédagogie ouverte ne débouche sur des demandes
démocratiques qui sont son cauchemar, comme tout pouvoir autoritaire et
répressif. Du coup, aucune université chinoise ne se trouve dans les cent
premières mondiales notamment en matière d’innovation. Et cette fameuse
statistique faisant de la Chine le pays qui publie le plus d’articles
scientifiques n’est que du vent car ceux-ci ne sont le plus souvent sans aucun
intérêt, il suffit de voir leur absence dans les références des études
mondiales.
Résultat,
le secteur de la R&D (recherche et développement) est très faible en Chine.
La
troisième menace est le dysfonctionnement du secteur financier.
Outre
les crédits accordés par les provinces et qui ne pourront jamais être récupérés
auprès d’entreprises d’Etat insolvables, beaucoup d’entreprises privées n’ont
pas accès aux financements nécessaires à leur expansion.
La
quatrième menace c’est la pollution, la Chine étant le pays le plus pollué du
monde. Et la situation aura du mal à évoluer rapidement même si le gouvernement
de Pékin est conscient qu’il faut agir dans ce domaine.
D’ailleurs,
Timothy Beardson est de ceux qui pensent que les plus hautes autorités de l’Etat
connaissent la réalité de ces menaces. Reste à savoir si elles sont assez
puissantes pour mettre en route les réformes nécessaires.
Alexandre
Vatimbella avec la rédaction
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