La
mondialisation a fait émerger de nouvelles puissances économiques et
commerciales, au premier rang desquelles on trouve les membres du Bric (Brésil,
Russie, Inde et Chine) et quelques autres, même si la crise actuelle a
relativisé leur croissance économique passée, pour l’instant.
Elle
a également, pour le meilleur, ouvert le monde politiquement et culturellement
en le métissant et, pour le pire, susciter des réactions identitaires violentes
et obscurantistes comme on le voit, par exemple, en Egypte avec les Frères
musulmans ou au Venezuela avec un nationalisme étriqué, sans parler de l’agressivité
montante de la Russie et de la Chine.
De
ce point de vue, les démocraties ont tout intérêt à se rapprocher afin de pérenniser
leurs acquis, d’être plus solidaires entre elles et de continuer à montrer le
chemin au reste du monde.
C’est
dans ce cadre qu’il faut comprendre l’accord de libre-échange qui est sur la
table des négociations actuellement à Washington entre les Etats-Unis et l’Union
européenne.
Bien
évidemment, les avantages en matière de commerce et donc de croissance et d’emploi
devraient être significatifs selon les projections faites par plusieurs études.
De
même, cela devrait permettre de créer une vaste zone avec des règles et des
règlements communs, ce qui boostera mécaniquement l’innovation et les alliances
industrielles.
Pour
autant, les gains principaux devraient être un rapprochement politique entre
les pays occidentaux qui seraient ainsi mieux armés dans la mondialisation.
Mais
cela en dérange certains pour des raisons qui vont de la haine de l’autre à la
volonté de sauvegarder quelques petites prébendes qui seront balayées, quoiqu’il
arrive, à plus ou moins brève échéance, par la vague mondialisée, quelque
soient les digues que l’on érige pour s’en protéger.
Ainsi
les entreprises de déstabilisation ont commencé. Et il n’est guère besoin d’être
devin pour affirmer que les adversaires d’un tel rapprochement vont sauter sur
toutes les occasions afin de faire échouer les négociations et, in fine, l’accord.
On
l’a vu avec cette fameuse exception culturelle brandie par le gouvernement
français et défendue par tous les nationalistes de gauche et de droite, sans
même laisser les discussions s’engager pour voir ce que l’on pourrait conclure
comme deal.
On
l’a vu avec l’affaire Snowden et l’espionnage américain en Europe et la menace
ridicule de reporter l’ouverture des négociations sur le traité de
libre-échange brandie encore une fois par la France (comme si cela avait
quelque à voir) alors que, non seulement, les pays européens coopèrent avec les
Etats-Unis sur les programmes de surveillance mais que, eux aussi, en ont et
qui espionnent, entre autres, les Américains…
On
peut s’attendre à d’autres offensives du même genre dès qu’un pet de travers
sera exploitable que ce soit aux Etats-Unis ou dans les pays européens qui,
chacun, compte de nombreux adversaires de ce futur traité.
Et
on peut compter sur certains pays comme la Russie, la Chine et quelques autres
pour ne pas laisser passer de telles occasions de diviser le camp occidental en
mettant de l’huile sur le feu.
Mais
tous ceux qui sont dans la réalité et la responsabilité savent bien que le
monde est un espace de rapports de force, qu’on le déplore ou non, et qu’il
faut se battre pour avoir sa place au soleil (ce qu’on fait les occidentaux
depuis plusieurs siècles).
Tant
que ce sera le cas – et cela risque malheureusement de durer encore quelque
temps! – alors les alliés (en l’occurrence ici les Etats-Unis et l’Europe) ont
un intérêt primordial à nouer de plus en plus de liens.
Laisser
passer cette chance, même s’il doit y avoir quelques dégâts collatéraux, serait
une faute politique.
On
peut penser que les dirigeants de grandes puissances comme les Etats-Unis et l’Union
européenne ne la commettront pas même si, concernant cette dernière, le passé
nous montre que rien n’est moins assuré…
Alexandre
Vatimbella avec la rédaction
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