Qui
est vraiment Xi Jinping, le premier parmi les nouveaux maîtres de la Chine (les
sept membres du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste)? Le
désormais Président de la république populaire de Chine et Secrétaire général
du Parti communiste chinois demeure encore une sorte d’énigme même si l’on
commence à mieux cerner son profil et que ses premiers actes ainsi que ses
premières paroles permettent, tout en les reliant à son passé politique, de
commencer à discerner ce que sera ses dix années de pouvoir qui se profilent.
Et
le moins que l’on puisse dire est que l’espoir de voir la Chine se
démocratiser, se libéraliser en matière économique et lutter contre ses démons
actuels comme la corruption est mince.
Selon
Willy Lam, professeur à l’université de Hong Kong, et qui vient de donner une
conférence à l’IFRI (Institut français des relations internationales) sur Xi
Jinping, ce dernier n’est absolument pas l’homme de la situation pout gouverner
la Chine et la moderniser.
D’abord
parce qu’il fait partie des «princelings», ces fameux héritiers du régime dont
les parents ont occupé des postes de direction (même si certains ont connu des
disgrâces plus ou moins longues). Cette caste vit souvent en dehors de la
réalité et est une des plus corrompues du pays.
Ensuite,
parce que la formation du nouveau maître de la Chine est peu en adéquation avec
les défis à relever. De diplômes universitaires obtenus avant la réelle réforme
de l’éducation jusqu’à son absence de compétences en matière internationale, Xi
accumule les lacunes.
Enfin,
il est un admirateur de Mao Tsé-dong et voit le monde à travers le prisme de sa
pensée, ce qui n’est pas fait pour rassurer tant la Chine du Grand timonier
flirta avec les catastrophes et fut le théâtre de massacres ayant fait des
millions de morts.
Du
coup, il ne sera pas capable de relever le principal challenge du pouvoir qui, selon
Willy Lam, est de lutter contre la corruption endémique qui gangrène tout le
pays.
En
outre, son concept de «rêve chinois» qu’il a d’ailleurs emprunté à certains
intellectuels de la fin du XIX° siècle qui voulaient revitaliser l’empire qu’ils
voyaient s’effondrer et qui, eux-mêmes, s’étaient inspirés du renouveau
japonais alors en cours pour le concevoir, n’est qu’une simple mixture
nationaliste d’une forte économie couplée avec un appareil militaire puissant.
L’objectif
de Xi Jinping est de faire de la Chine la première puissance économique en
2021, centième anniversaire de la création du PC chinois et la première
puissance militaire en 2049, centième anniversaire de la prise de pouvoir de ce
même PC. Une ambition qui devrait logiquement inquiéter le monde et, plus
particulièrement, tous les voisins de la Chine.
Quant
aux réformes, il devrait y en avoir en matière financière tant le pays flirte
avec la catastrophe dans ce domaine mais il ne faut pas en espérer en matière
politique explique Willy Lam qui affirme que les dix prochaines années s’annoncent
noires dans ce domaine, d’autant qu’il ne voit aucune possibilité pour le
peuple d’infléchir la politique qui est en train de se mettre en place. Une
opinion qu’il dit être partagée par une majorité d’intellectuels chinois.
Alexandre
Vatimbella avec la rédaction de LesNouveauxMondes.org
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