Ceux
qui sont étonnés par le récent discours de fermeté de l’Union européenne face à
la Chine en matière commerciale ont du manquer plusieurs épisodes…
Depuis
plusieurs années, Bruxelles et les pays membres de l’UE s’inquiètent de la
détérioration des termes de l’échange et du déséquilibre de la balance
commerciale en faveur de la Chine.
Cette
dernière ne joue manifestement pas le jeu en imposant de nombreuses limites aux
exportations européennes tout en développant un discours lénifiant sur sa
volonté d’accueil de plus en plus de produits européens (en fait tout ce qui
fait partie de l’embargo décidé par l’Occident, c’est-à-dire les technologies
sensibles dont, en particulier, tout ce qui concerne les matériels militaires).
En
revanche, elle continue à bénéficier des largesses de l’Union européenne, ce
qui lui permet de doper sa croissance encore basée essentiellement sur les
exportations à bas prix, subventionnées et couplées avec un yuan sous-évalué
malgré les dires de Pékin.
Pour
autant, jusqu’à présent toutes les menaces de ne pas se laisser faire de la
part des Européens étaient demeurées de la rhétorique avec peu d’actions
concrètes (sauf quelques des plaintes devant l’OMC) car l’Union européenne
était très divisée sur une politique commerciale restrictive envers la Chine.
De
plus, elle craint évidemment les mesures de rétorsions qui la priveraient de
gros contrats comme ceux d’Airbus, par exemple.
Sauf
que les économies européennes, malgré ces contrats juteux, vont de plus en plus
mal avec des croissances atones et un chômage à son plus haut dans de nombreux
pays du vieux continent.
Et
la Commission européenne s’est enfin aperçue que la Chine profitait de l’ouverture
du marché européen sans pratiquement aucune réciproque.
Comme
l’a expliqué un responsable européen au Monde, «la préoccupation grandit sur la
façon dont la Chine assume ses responsabilités dans le commerce mondial. Les
évidences s’accumulent pour montrer que le capitalisme d’Etat se développe au
détriment des intérêts de l’économie européenne».
On
ne peut être plus clair et… clairvoyant!
Il
n’est donc plus temps, pour l’Europe, de louvoyer pour reconquérir son marché
intérieur et ses parts de marché à l’exportation en faisant que tout le monde
joue selon les mêmes règles en ces temps où les accords commerciaux multilatéraux
ont du plomb dans l’aile (en grande partie à cause des pratiques des grands
pays émergents) au profit des accords bilatéraux.
Est-ce
possible (tout en resserrant les liens avec les Etats-Unis par un accord de
libre-échange), est une autre question…
Toujours
est-il que face à un discours plus ferme des Européens, les Chinois ont répondu,
comme d’habitude, par des menaces.
Dès
lors, du terrain purement économique et commercial, le curseur se déplace sur
celui du politique. Voilà encore une fois un problème crucial pour son avenir
qui va déterminer si l’Union européenne est autre chose qu’un objet velléitaire
en mal d’identification au niveau mondial et en matière de mondialisation.
Vu
les précédents, les dirigeants chinois doivent être assez confiants!
Aux
Européens de leur montrer qu’ils ont toujours assez de courage pour ne pas se
laisser marcher sur les pieds indéfiniment…
Alexandre
Vatimbella & la rédaction de l’agence
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