Les discours se succèdent et disent à peu près la même
chose: l’Union européenne est dans l’impasse.
Non pas qu’elle ait été un échec, bien au contraire. Elle a
permis de construire une relation unique entre Européens, assurant la paix, la
prospérité (quoiqu’en disent certains) et une vision élargie du monde.
Après sa constitution en 1957 (sous le nom de Communauté
économique européenne) avec la signature d’un traité à Rome par six membres
fondateurs, elle a, petit à petit, incorporé dans le projet européen des pays
aux intentions et situations diverses, de la Grande Bretagne à la Grèce en
passant par la Pologne ou l’Espagne et bientôt la Croatie.
Dès lors, elle devenue plus une auberge espagnole, où chacun
demandait son dû avant même de participer à l’entreprise commune, qu’une maison
commune, vouée à faire vivre des peuples sous le même toit et avec les mêmes
fondations.
Malgré des succès indéniables et une résistance que n’avait
pas prévue ses adversaires déterminés, elle est aujourd’hui dans une sorte d’incapacité
politique et le risque est réel de la voir se déliter lentement dans les années
à venir même si elle ne disparaîtra pas.
Cette Union européenne a fait son temps ou, plutôt, elle doit
être dépassée par un dessein encore plus grand et plus nécessaire que jamais.
Il n’est pas question de la détruire mais de bâtir sa suite
logique, les Etats-Unis d’Europe avec ceux qui le désirent.
L’Union européenne peut continuer à exister avec ses
vingt-sept membres et quelques autres en plus mais elle est trop enlisée pour
devenir autre chose qu’une union de pays souverains avec quelques délégations
de souveraineté.
Quant à la zone euro, elle a pour vocation à se fondre dans
la fédération européenne avec les pays qui constitueront cette dernière et sans
ceux qui ne voudront pas franchir ce pas historique.
Car, la seule solution politique (même si ce processus sera
difficile et compliqué), est de créer une structure totalement fédérale en
partant de l’expérience de l’Union européenne mais qui ne soit pas celle-ci.
Une constitution européenne doit être à la base de ces
Etats-Unis d’Europe, constitution adoptée par les peuples qui veulent unir
leurs destins et qui savent que leur avenir et celui de leurs enfants passent
par cette nouvelle avancée.
Bien entendu, les Etats-Unis d’Europe ne compteront pas
vingt-sept membres, ni même peut-être dix ou cinq au départ. Mais la Communauté
économique européenne (CEE) n’était-elle pas composée de six membres avant de
devenir l’Union européenne de vingt-sept membres?
Ce qui manque aujourd’hui pour passer à cette étape
essentielle, c’est un projet qui ranime les énergies et un discours politique
de vérité.
Ce qui manque, c’est le courage d’hommes et de femmes
politiques responsables, prêts à s’investir totalement dans ce projet sans
penser à leur «carrière».
Ce qui manque, ce sont des peuples qui regardent vers
l’avant et non leurs nombrils.
La génération actuelle peut entrer dans l’Histoire par la
grande porte en posant la pierre supplémentaire à l’édifice commun de ses
pères, réalisant ainsi ce que ni la chrétienté, ni les rêves mégalomaniaques
d’un Napoléon ou criminels d’un Hitler n’ont pu bâtir, une Europe unie grâce à
ses valeurs et principes humanistes, berceau des idées démocratiques et du
respect d’autrui.
Beaucoup diront que tout ceci n’est qu’une fantasmagorie
sans lien avec la réalité. Ils auront raison mais aussi tort.
Oui, la tâche est herculéenne. Non, ce n’est pas tourner le
dos à la réalité, c’est justement ce confronter à elle et aux défis immenses
qu’elle pose aux Européens en ce XXI° siècle.
L’alternative est simple: soit subir, soit maîtriser son
destin.
Au moment où il nous faut absolument nous mettre à l’ouvrage
de ces Etats-Unis d’Europe, n’oublions pas le bon conseil de ce cher Sénèque
quand les montagnes aux pics inaccessibles se présenteront devant nous: «Ce
n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas
que tout devient difficile».
Alexandre Vatimbella
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