Les deux grandes puissances
actuelles sont bien les Etats-Unis et la Chine. Les deux pays ont dominé le
monde en 2012 avec encore un net avantage pour les Etats-Unis mais ce dernier
s’érode d’année en année même si les experts ne prévoient pas de passage de
témoin à la Chine dans les prochaines décennies.
En revanche, ils estiment que ce
fameux G2, ce groupe des deux puissances qui domineront le monde, sera bien une
réalité.
Néanmoins, des incertitudes
demeurent sur la capacité de la Chine à prendre ses responsabilités
internationales ainsi que dans la durabilité de son développement économique.
D’autres concernent la relation
qui unira les Etats-Unis et la Chine. Ressemblera-t-elle à celle de la guerre
froide entre l’Amérique et l’URSS ou sera-t-elle plus proche d’une gouvernance
responsable et apaisée?
A l’opposé, les grands perdants
de l’année sont le G20, le Brics et l’Union européenne.
Concernant la dernière, même si
les Etats qui la composent ont réagi, notamment ceux de la zone euro, sa
situation demeure précaire. Aucune réelle avancée dans l’intégration fédérale,
seule capable de donner un rôle de premier plan à l’Europe, n’a été constatée.
Il est également possible que
l’on soit à l’orée d’une recomposition européenne avec une union plus
restreinte où ses membres iraient tous dans le même sens d’un rapprochement non
seulement économique mais également politique.
Dans ce cadre, certains pays
comme le Royaume Uni, pourraient se retrouver marginalisés, voire en dehors de
l’Union européenne.
Quant au Brics (Brésil, Russie,
Inde, Chine, Afrique du Sud), il semble totalement incapable d’avoir le début
même d’une existence concrète, se limitant à des rencontres au plus haut niveau
où des communiqués lénifiants sont distribués aux médias dans lesquels de
nombreuses initiatives sont annoncées sans que rien ou presque ne voit le jour
par la suite.
Il faut dire que les intérêts des
pays qui composent ce club sont très éloignés sur nombre de sujets et que la
méfiance règne, en particulier sur la volonté hégémonique de la Chine et sa
volonté d’instrumentaliser le Brics à son profit.
En outre, les difficultés
économiques mais aussi politiques rencontrées en 2012 par l’Inde, le Brésil et
la Russie n’ont pas renforcé le rôle du Brics comme un intervenant de poids
dans les relations internationales.
Concernant le G20, force est de
reconnaître sa paralysie et son absence de décisions. Après avoir été un espoir
en 2009, le revoilà un simple forum sans grand pouvoir. Reste qu’il veut mieux
qu’il existe que le contraire même si nous sommes encore très loin d’une
gouvernance mondiale pourtant si nécessaire afin de traiter les questions
primordiales du futur de notre planète.
A noter que la Russie en prendra
la tête en 2013, ce qui n’augure rien de bon dans le fonctionnement de l’instance
internationale alors que la réélection de Vladimir Poutine a, de nouveau,
montré que le pays était sous la coupe d’une nomenklatura et d’un régime
autoritaire, incapable de saisir les opportunités pour l’ouvrir au monde, seule
voie pour assurer son avenir.
La mondialisation a bien sûr
concerné les échanges dans le monde. En matières économique, commerciale et
financière, les flux demeurent importants mais l’ensemble des pays du monde se
sont repliés un peu plus sur eux-mêmes ou sur leurs relations privilégiées
comme a pu le constater l’OMC (Organisation mondiale du commerce), autre
institution dont le rôle est déclinant.
De ce point de vue, l’économie
mondiale a été en difficulté en 2012 avec la récession dans la zone euro,
l’effondrement de la croissance en Inde, les difficultés de la Chine qui n’ont
été surmontées que par un nouveau plan d’investissement des deniers publics
dans les infrastructures toujours plus nombreuses et dont nombre d’entre elles
n’ont aucune utilité, la reprise timide des Etats-Unis grevée par les
affrontements politiques entre démocrates et républicains, ces derniers jouant
la carte du blocage et ce, même depuis la réélection de Barack Obama pour un
second mandat (notamment dans la négociation de la «fiscal cliff» qui, si elle
n’est pas surmontée dans les premières semaines de 2013, pourrait apporter la
récession aux Etats-Unis et dans le monde).
Dans les pays arabes, les
craintes que le printemps de la démocratie ne se transforme en hiver de la
reprise en main par des forces peu intéressées par les élections et les droits
de l’homme se sont bien matérialisées en Tunisie ou en Egypte, par exemple.
Quant à la Syrie, la guerre civile qui s’y déroule fait peser une menace sur la
stabilité de toute la région.
Dans ce contexte, le
développement économique de ces pays, indispensables pour leurs populations,
semble en sursis même si quelques succès comme au Maroc, par exemple,
démontrent que le potentiel est là.
Evidemment, en Asie, il n’est
plus besoin de dire que ce potentiel est une réalité et qu’il donne des
résultats évidents. Pour autant, derrière la croissance économique forte qui
touche pratiquement tous les pays (sauf le Japon et la Corée du Nord), il y a l’hubris
de la Chine qui inquiète tous ses voisins proches ou lointains.
Cette agressivité qui s’est
poursuivie en 2012 avec des revendications territoriales agrémentées de menaces
sur les pays qui ne les prendraient pas en compte (comme le Japon, les
Philippines et le Vietnam), ont envenimé les rapports entre ceux-ci et Pékin.
Au niveau énergétique, la grande
nouvelle de l’année est la prochaine autosuffisance des Etats-Unis en matière
de gaz et de pétrole grâce à la méthode d’extraction du fracking. A l’horizon
2020 et même avant, la première puissance du monde devrait être exportatrice
(elle l’est déjà en matière de produits raffinés).
Tout ceci aura des conséquences
importantes sur la mondialisation, sachant par exemple, que les Américains n’auront
plus besoin de sécuriser la région du Moyen Orient qui, jusqu’à présent, lui
fournissait des quantités importantes de pétrole et de gaz.
Bien évidemment, cela ne prend
pas en compte le dossier du nucléaire iranien, qui a connu une année de
durcissement des positions sans que, pour autant, on aboutisse au pire, c’est-à-dire
une intervention militaire des Occidentaux et d’Israël, ce dernier pays
demeurant, évidemment, une priorité pour Washington.
Le basculement de la diplomatie
des Etats-Unis vers l’Asie, région stratégique pour eux, va donc se poursuivre
et s’amplifier. Néanmoins, la relation transatlantique entre les Etats-Unis et
l’Europe va se poursuivre, du simple fait qu’il s’agit d’une zone qui partage
les mêmes valeurs et la même pratique démocratique.
Alexandre Vatimbella
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