Barack Obama débutera son second mandat cette année. Les
avis sont partagés sur sa capacité à gouverner de manière consensuelle et à
parvenir à faire passer les mesures qu’il a promises aux Américains durant la
campagne électorale.
On a vu ainsi avec quelles difficultés le Congrès est
parvenu à un accord minimum sur les hausses d’impôts fin décembre et début
janvier afin d’éviter un blocage qui aurait conduit à des difficultés économiques
et financières pour le pays (appelées trivialement la «fiscal cliff».
Cet accord que l’on a qualifié de «victoire» pour Obama, est
demeurée en travers de la gorge de nombreux républicains jusqu’au-boutistes qui
veulent, d’après nombre de commentateurs, la lui faire payer très cher en
bloquant désormais toutes ses initiatives, quelles qu’elles soient, au mépris
même de l’avenir du pays.
Dans ce contexte, les réformes urgentes sur la fiscalité
(priorité d’Obama), les finances publiques (priorité des républicains), la
protection sociale (priorité des républicains et d’Obama), le port d’arme
(priorité d’Obama et des démocrates) mais aussi les remises à plat du budget de
la défense (priorité de tous) et des axes de la politique étrangère (priorité
de tous) risquent de n’être que des prétextes à des affrontements idéologiques
et des tribunes partisanes sans des décisions à la hauteur des enjeux.
L’espoir de faire sauter le blocage viendrait alors des
élections de mi-mandat, en 2014, qui sanctionneraient l’obstruction des
républicains les plus radicaux afin de donner une vraie majorité consensuelle
capable de prendre ses responsabilités dans la direction du pays.
Rappelons tout de même que la volonté des Américains a été
assez claire en novembre dernier puisque, non seulement Barack Obama a été
réélu mais le Sénat est demeuré à majorité démocrate et que si les élections à
la Chambre des représentants ont certes ramené une majorité de républicains, ce
n’est que grâce aux charcutages des circonscriptions puisque les démocrates ont
été, là aussi, majoritaires en voix.
Toujours est-il que, comme le pensent beaucoup d’historiens,
c’est au cours d’un deuxième mandat qu’un président des Etats-Unis bâtit sa
stature historique.
Et l’on connait la passion de Barack Obama pour l’Histoire,
à la fois pour la découvrir et s’en imprégner ainsi, et surtout, que pour la
faire.
Dès lors, il semble que celui-ci cherchera, dans plusieurs
domaines sensibles et hautement symboliques, à parvenir à changer la donne
actuelle.
On pense bien sûr à mettre enfin les Etats-Unis de plain-pied
dans le XXI° siècle en matière d’innovation, d’énergie, d’environnement et d’un
Etat fédéral plus efficace tout en étant moins dépensier.
Mais il y aura aussi le contrôle du port d’arme (tout au
moins pour les fusils d’assaut), la politique de l’immigration (il a promis une
grande loi à ce sujet) ainsi qu’une initiative importante dans le domaine de la
politique étrangère (plusieurs pistes sont évoquées que ce soit au Moyen-Orient
ou en Asie, par exemple).
Sans oublier la consolidation des réformes qui ont été mises
en place lors de son premier mandat comme celle sur l’assurance-santé ou sur la
régulation financière, entre autres.
En tout cas, il est une chose certaine: même si Barack Obama
a fait l’histoire en 2008 en étant le premier afro-américain à être élu
président des Etats-Unis d’Amérique et s’il l’a fait également (et surtout) en
2012 en étant réélu malgré le fait d’être afro-américain et face à une
situation économique difficile, cela ne lui suffit pas. Car, comme il l’a
souvent dit, c’est l’action qui déterminera s’il a été ou non un grand
président.
Alexandre Vatimbella
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