Le
nouveau premier secrétaire du Parti communiste chinois (et, accessoirement
président de la république), Xi Jinping prend donc véritablement les rênes du
pays en cette année 2013.
Celle-ci
recèle de nombreuses inconnues et dangers pour la nouvelle direction de la
Chine, que ce soit en termes économiques ou politiques, sociaux et sociétaux.
Les
derniers mois ont en effet mis en lumière plusieurs caractéristiques de la
société chinoise qui peuvent représenter des handicaps à plus ou moins brève
échéance.
C’est
le cas en matière économique où, même si l’activité semble repartir, les
déséquilibres de la machine productive chinoise n’ont pas été réglés.
Ainsi,
le pays dépend toujours beaucoup trop des exportations et ne parvient pas à
réellement développer son marché intérieur dans les proportions requises pour
changer de modèle de croissance.
Dans
le même temps, les entreprises d’Etat sont toujours des sangsues pour le
financement de l’activité industrielle au détriment du secteur privé pourtant
nettement plus dynamique et porteur d’avenir sans parler des sommes
gigantesques prêtées, en particulier, par les provinces à ces mastodontes
publics et qui ne seront jamais remboursées.
Sans
oublier que la croissance qui est repartie vient à nouveau d’un plan concerté
entre l’Etat central et les provinces pour développer des infrastructures alors
que le pays en possède déjà un trop plein dans de nombreux secteurs, telles les
autoroutes qui ne mènent nulle part.
A
cela s’ajoute un développement complètement déséquilibré au niveau
environnemental, social et géographique.
La
pollution, cachée largement par les autorités, est partout, dans les sols avec
l’impossibilité d’utiliser un pourcentage toujours plus grand de terres
arables; dans l’eau - que ce soit dans les nappes phréatiques ou les cours
d’eau – avec la menace de pénuries d’eau potable, voire d’eau tout court; dans
l’air avec des teneurs en polluants dépassant les seuils d’alerte comme c’est
le cas actuellement depuis plusieurs jours à Pékin et alors que le gouvernement
avait imprudemment annoncé que la situation s’améliorait…
Un
même gouvernement qui ne parvient pas, non plus, à enrayer les déséquilibres
sociaux notamment au niveau des revenus entre les villes et les campagnes mais
aussi entre les Chinois de la classe aisée, de plus en plus riches, et le reste
de la population.
De
même, provinces de l’ouest du pays sont encore largement en retard par rapport
à celles de l’Est et plus particulièrement les régions côtières.
La
démocratisation de la société, réclamée de plus en plus par les classes
moyennes, premier soutien du pouvoir, se fait attendre même si Pékin a annoncé
qu’il allait mettre fin aux fameux camps de rééducation qui échappaient
largement aux tribunaux, encore que ceux-ci n’ont rien d’indépendants puisque
le règne de la loi (quand celle-ci existe) est loin d’être la règle.
De
même, la rébellion de la rédaction d’un hebdomadaire du Sud du pays, le Nanfang
Zhoumo, devant la censure du gouvernement local et, surtout, le soutien populaire
à la grève des journalistes qui a suivi montre, d’une part, que l’information
est toujours muselée mais, d’autre part, que la population a de plus en plus de
mal à le supporter.
Les
critiques continuent à s’amplifier sur la politique de l’enfant unique mise en
place par Deng Xiaoping, que ce soit par la population et les experts.
Certains,
sans remettre en cause la nécessité de sa mise en place il y a quarante-cinq
ans et sa réussite (il aurait été impossible de développer le pays comme il l’a
été avec un «surplus» de 400 millions d’individus), estiment qu’elle doit être
aujourd’hui assouplie pour des raisons économiques et sociales.
En
outre, ils affirment que son abandon n’aboutirait pas à un boom débridé des
naissances, les Chinois n’étant plus favorables à des familles nombreuses.
Enfin,
il y a les relations internationales où l’attitude agressive de la Chine est
vue avec hostilité et inquiétude par l’ensemble de la communauté
internationale.
On
est désormais loin du fameux et fumeux softpower à la chinoise vendue il y a
encore peu par Hu Jintao et Win Jiabao, les président et premier ministre
sortants.
Les
Chinois ont décidé de bomber le torse notamment avec leurs voisins à propos de
contentieux territoriaux.
Quant
à la politique étrangère de Pékin, elle est toujours centrée sur la défense de
régimes indéfendables (Iran, Soudan, Corée du Nord ainsi que tous les régimes
autoritaires d’Afrique et d’Asie) et participe peu à l’établissement d’une
mondialisation apaisée.
Du
coup, la Chine est aujourd’hui assez isolée sur la scène internationale, même
si elle se targue du soutien de quelques chefs d’Etat autoritaires et
populistes comme Vladimir Poutine ou Hugo Chavez.
La
première année de Xi Jinping sera, on le voit, bien remplie.
Pour
certains sinologues et experts internationaux, la Chine serait même proche d’une
grave crise structurelle. Il sera donc particulièrement intéressant de voir
quelles directions Xi Jinping va prendre avec les six autres hauts dirigeants
du Parti communiste chinois.
Alexandre
Vatimbella
©
2013 LesNouveauxMondes.org