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lundi 30 décembre 2013

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Monsieur Poutine, l’arroseur arrosé

Les deux attentats consécutifs qui viennent d’endeuiller la ville de Volgograd dans le Caucase russe sont une nouvelle fois l’œuvre de terroristes sanguinaires pour lesquels on ne peut avoir aucune sympathie, eux qui tuent sans discriminer des civils innocents et qui prônent une idéologie mortifère.
Ces actes rappellent que la communauté internationale doit être unie dans sa lutte contre les extrémismes d’où qu’ils viennent et leurs tueurs sordides.
Mais, à l’occasion de ces attentats, on ne peut s’empêcher de parler du patron de cette Russie meurtrie, monsieur Vladimir Poutine – le grand donneur de leçons aux «Occidentaux décadents» – qui n’a vraiment rien compris à la mondialisation et à cette union de tous les pays de la planète contre l’hydre terroriste.
Ainsi, en Syrie, le chef du Kremlin a tellement tenu à bout de bras le régime criminel de son «ami» Assad que plus aucune solution modérée voire démocratique n’est possible actuellement dans ce pays où, désormais, s’affrontent, face à face, les assassins d’Al Qaeda et ceux du tyran en place pour un pouvoir qui, quel que soit le vainqueur, fera encore des milliers et des milliers de victimes parmi les civils, femmes et enfants en premiers.
Dans le même temps et pour faire la nique à sa bête noire, les Etats-Unis, il a accueilli à bras ouverts, dans la plus pure tradition de la guerre froide, Edward Snowden, l’ancien collaborateur de la NSA qui distille petit à petit tous les secrets de la lutte américaine contre le terrorisme, affaiblissant dangereusement cette dernière, au nom d’un soi-disant combat éthique contre le «big brother» de Washington.
Un Edward Snowden dont on aurait aimé, soit-dit en passant, qu’il nous dise ce qu’il pensait des prisonniers politiques en Russie mais qui, là, a été étrangement muet pour un homme qui donne interviews sur interviews dans tous les médias du monde qui lui offrent une tribune.
Même dans l’organisation de la mondialisation, Poutine a tout faux.
Pour éviter la décadence de sa chère Russie, il a décidé de faire alliance avec la Chine dans le fameux club du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), pensant en retirer des avantages pour faire revivre, son fantasme à peine voilé, une sorte d’Union Soviétique, uniquement mue par un nationalisme russe rétrograde ainsi que de bas étage.
Mais le seul résultat tangible du Brics a été de sortir la Chine communiste de son isolement diplomatique en prenant le leadership de ce club où la Russie n’a absolument rien gagné et grâce auquel Pékin peut maintenant afficher son hubris en menaçant ses voisins et leur allié américain de ses foudres comme c’est le cas actuellement avec le Japon, l’Inde, les Philippines, le Vietnam et, sans doute, demain, la Russie!
Au lieu d’ouvrir son pays vers l’Europe, il a continué de privilégier la constitution d’un «glacis» de pays «amis» à la mode stalinienne autour des frontières occidentales russes, comme en Biélorussie ou en Ukraine, ainsi que le montre la crise encore chaude dans cette dernière nation, ancienne «république sœur», qui souhaitait s’ouvrir à l’Union européenne et à son régime démocratique pour ne pas tomber dans le sous-développement à terme.
Et l’on pourrait malheureusement multiplier les exemples de ce genre.
Car monsieur Vladimir Poutine est tout sauf le grand leader qui passera pour le sauveur de la Russie éternelle dans les livres d’Histoire.
Il sera plutôt celui qui aura empêché la vraie et indispensable rénovation politique, économique, sociale et sociétale de son pays au nom de rêves de grandeur obsolètes et d’une vision particulièrement étriquée de la mondialisation et de la globalisation.
Sans oublier sa vision réactionnaire de la modernité que l’on retrouve dans les brimades vis-à-vis de tout ce qui est «différent».
La lamentable affaire de l’emprisonnement des Pussy Riot pour avoir dansé contre Poutine dans une église mais aussi les lois anti-homosexuels montrent bien comment cette vision peut être également une catastrophe en terme d’image pour la Russie.
Pour finir, revenons un instant à la Syrie où nombre de médias occidentaux, trop contents de faire de l’«Obama bashing», ont loué la stratégie de sortie de crise de Moscou avec la proposition de l’élimination, acceptée par Damas, des armes chimiques d’Assad (qui reste malgré tout difficile à mettre en place).
Des médias qui ont seulement «oublié» que c’est bien grâce à Poutine que le même Assad a pu, en toute impunité, utiliser ces armes scélérates et que ce même Poutine a permis à ce criminel de se maintenir au pouvoir alors qu’il aurait plus sa place dans le box du Tribunal pénal international.
Surtout, il a réussi à faire du dictateur de Damas la seule solution acceptable aujourd’hui en Syrie face aux menaces terroristes.
Oui, monsieur Poutine n’a vraiment rien compris à la mondialisation…. Et à quelques autres choses!
Tout cela ne doit pas faire oublier ce peuple russe qui vient d’être endeuillé et qui doit supporter l’incompétence de son leader auquel, il faut bien l’avouer, il apporte largement son soutien même si les élections sont en partie truquées.
Les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, station pas très éloignée de Volgograd, arrivent à grands pas. Espérons vivement que le grand leader autoproclamé sera capable à cette occasion d’éviter des bains de sang à sa population.
Alexandre Vatimbella

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dimanche 22 décembre 2013

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. Il y a 150 ans, Lincoln honore la démocratie

Voilà un anniversaire qui est passé presque inaperçu, même aux Etats-Unis, celui du fameux discours d’Abraham Lincoln à Gettysburg, le 19 novembre 1863, en mémoire aux soldats morts lors de cette bataille particulièrement sanglante qui se déroula entre les 1er et 3 juillet de la même année et fut un tournant dans la Guerre de Sécession, décidant largement de la victoire du Nord contre le Sud confédéré, même si le conflit fratricide dura encore deux longues années.
Ce discours n’a pas à voir directement avec l’émancipation des Afro-Américains et avec l’abolition de l’esclavage mais parle de la démocratie, ce gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple et d’une nation d’hommes libres qui comprenait déjà dans l’esprit de Lincoln tous les habitants des Etats-Unis (puisque le discours d’émancipation des esclaves est antérieur, datant de septembre de la même année).
Ce discours est d’autant plus essentiel qu’en ce milieu de XIX° siècle, les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir un vrai système démocratique (à quelques iotas près évidemment).
Et, Abraham Lincoln qui fut connu pour être un tribun hors pair, dédie la victoire des troupes de l’Union à la sauvegarde et à l’approfondissement de cette démocratie en quelques mots d’une extraordinaire puissance que voici.
«Il y a huit décennies et sept ans, nos pères donnèrent naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.
«Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui vérifiera si cette nation, ou toute autre nation ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous sommes réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous vînmes consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui moururent pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire.
«Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se battirent ici le consacrèrent bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser. Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s'en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes firent. C'est à nous les vivants de nous vouer à l'œuvre inachevée que d'autres ont si noblement entreprise. C'est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils offrirent le suprême sacrifice; c'est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain; à nous de vouloir qu'avec l'aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre.»
Il n’est pas inutile de se rappeler lors d’anniversaires mémoriels de cette sorte que la démocratie libérale représentative défendue par le Centre et le Centrisme n’est pas une donnée intangible dans un monde où ses adversaires n’ont jamais désarmé et ne désarmeront jamais.
S’il s’agit du meilleur système (ou du moins mauvais…), il n’est pas «naturel» comme nous l’ont dit et redit tous les penseurs libéraux du XVIII° siècle à nos jours, nous enjoignant de nous battre pour le conserver.
Au moment où certains à la mémoire courte dans les démocraties penchent vers des extrêmes qui ont toujours abhorré cette démocratie libérale, ressourçons-nous dans tous les combats qui nous permettent aujourd’hui d’être des citoyens libres et égaux afin de faire en sorte que nos enfants et leurs enfants seront également de cette communauté de privilégiés que l’on espère voir un jour être composée de tous les habitants de cette planète.
Et il n'est pas anodin de penser que le discours de Gettysburg fut prononcé par un président américain considéré comme un centriste.
Alexandre Vatimbella


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mardi 10 décembre 2013

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. Doit-on espérer un échec de la Chine?

Voilà, sans doute, une question un peu provocante. Personne ne peut souhaiter qu’un peuple soit dans les difficultés. En fait, c’est de l’échec du Parti communiste chinois dont il faudrait parler.
Car son succès et celui de sa société de consommateurs nationalistes non-citoyens mus par un «rêve chinois» qui veut restaurer la «grandeur» notamment militaire de l’Empire du Milieu face au reste de la communauté internationale pour retrouver son range et venger ses humiliations du XX° siècle est, elle, une véritable menace.
Une menace pour le monde à la fois économique, environnementale et militaire.
Menace économique car la Chine s’est engouffrée avec un succès incroyable dans les failles du capitalisme pour assoir sa place de deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon.
Mais elle n’a que peu respecté les règles, notamment celles de la concurrence avec un dumping massif et l’incapacité pour les entreprises étrangères de s’installer facilement sur son marché intérieur, ce qui risque de déstabiliser encore pour longtemps l’économie mondiale.
Menace environnementale évidente que même le pouvoir communiste reconnait désormais. La pollution est partout, dans l’air, dans l’eau, dans la terre et la tâche de l’éradiquer sera autrement pharaonique par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Sans aucun contre-pouvoir, le Parti communiste a ainsi pu faire ce qu’il voulait dans ce domaine au risque d’empoisonner son peuple mais également toute la planète, la pollution ne respectant que peu les frontières installées par les humains…
Menace militaire qui vient à nouveau de se manifester dans toute sa crudité et son cynisme face au Japon (et donc face aux Etats-Unis, premier allié de Tokyo en Asie) avec la création de cette zone de sécurité aérienne sans aucun fondement juridique mais aussi vis-à-vis de l’Inde où, de nouveau, Pékin vient de menacer New Dehli à propos des différends frontaliers.
Sans oublier que Xi Jinping glorifie sans cesse l’Armée populaire dont il veut en faire le fer de lance de son «rêve chinois» qui ferait, in fine, de la Chine la puissance dominante en Asie puis dans le monde, ambition désormais clairement assumée.
Notons que tous les différends entre la Chine en Asie concernent principalement des pays démocratiques: Japon, Inde, Philippines, Corée du Sud, Taïwan.
Une menace pour le peuple chinois qui risque de payer sa prospérité par une dictature obscurantiste où sa dignité et sa liberté ne seront que peu respectées pendant que la clique au pouvoir continuera de s’enrichir, en particulier par la corruption tout en permettant à une partie de la classe moyenne de bien gagner sa vie afin de la détourner de toute velléité de revendications démocratiques.
Une menace tout court car la victoire d’un régime dictatorial, notamment en matière économique et militaire, ne peut, qu’à terme, donner des idées à d’autres.
Mais l’échec de l’aventure actuelle de la Chine est peut-être contenu dans ce cocktail détonnant qui a permis jusqu’à présent cette réussite insolente.
Sans véritables réformes politiques, économiques, sociales, stratégiques, environnementales, le pays court tout seul à la catastrophe (le problème est qu’il peut là aussi entraîner les autres avec lui).
Le répéter alors que rien ne se passe est souvent raillé par les partisans de la Chine actuelle.
Cependant, tous les experts estiment que l’équilibre précaire peut se rompre à tout moment, que ce soit demain ou dans quelques années. La question fondamentale, d’ailleurs, n’est pas si, sans réformes, cette catastrophe va se produire ou non mais quand elle va survenir.
D’ailleurs, en matières économique et environnementale, Xi Jinping tente de faire des réformes même si beaucoup d’observateurs doutent de leur véritable mise en place comme ce fut déjà le cas par le passé.
Ce n’est évidemment pas du possible échec de la Chine qu’il faut se réjouir, bien au contraire. Une Chine prospère, pacifique et harmonieuse pour reprendre la rhétorique du pouvoir en place ne peut qu’être un bienfait pour tous les habitants de la terre.
Mais, on l’a compris, la réussite qu’il faut souhaiter au peuple chinois passe par la liberté et l’égalité sans oublier une bonne dose de fraternité. Et quoiqu’on en dise, cela s’appelle la démocratie.
Alexandre Vatimbella

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dimanche 8 décembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Les Etats-Unis semblent vraiment sortis de la crise

Alors que le nombre de créations d’emplois en novembre (203.000 et une moyenne de 204.000 sur les quatre derniers mois) a fait tomber le taux de chômage à 7%, du jamais vu depuis cinq ans et que le taux de croissance du troisième trimestre a été revu à la hausse (+3,6% en rythme annuel), le débat continue chez les experts sur la solidité de la reprise américaine.
Pour l’une d’entre eux, Florence Pisani, pas de toute là-dessus, la reprise est bien là et elle va se poursuivre en s’accentuant en 2014.
Lors de la conférence annuelle de l’IFRI sur les Etats-Unis, l’économiste de chez Dexia a estimé que le choix fait par Washington de donner la priorité au retour à la croissance alors que les pays européens, eux, ont privilégié la résorption des déficits publics, a été la bonne stratégie.
Grâce à la reprise, on constate un désendettement massif des ménages et un marché immobilier qui, petit à petit se normalise avec une demande latente de logements qui devraient soutenir la croissance dans les années à venir, notamment de tous les jeunes qui, jusqu’à présent, n’ont pu quitter le domicile de leurs parents du fait de la crise.
Sans oublier le rééquilibrage des comptes publics même si celui-ci est du, en partie, au «sequester», c’est-à-dire aux coupes budgétaires automatiques suite à l’incapacité du Congrès de se mettre d’accord sur un budget fédéral.
En outre, cela fait désormais trois ans que l’économie américaine crée des emplois chaque mois et le temps de travail a tendance à revenir vers la normale (moins de temps partiel) avec des salaires qui augmentent (+2% en moyenne sur un an) même si beaucoup d’entre eux demeurent assez faibles.
En 2014, Florence Pisani estime que le pouvoir d’achat des ménages augmentera avec un revenu disponible qui devrait croître de 4%.
Ainsi, si le taux de croissance du PIB devrait avoisiner les 1,7% en 2013, il devrait être de 2,6% en 2014 selon les calculs de l’économiste.
Bien entendu, il demeure encore des problèmes avec un taux d’emploi de la population en âge de travailler encore bas, une augmentation des inégalités et de la pauvreté chez les enfants et les personnes de moins de 65 ans.
De même, le crédit ne repart pas encore de manière significative, l’investissement des entreprises connait un ralentissement et les problèmes budgétaires sont encore loin d’être totalement résolus avec les questions brûlantes du coût des retraites (social security) et des dépenses de santé (malgré l’Obamacare).
Reste que le tableau général incite à l’optimisme, ce que semble penser Wall Street en hausse et ce, malgré le possible désengagement de la FED (la banque centrale américaine) dans son injection mensuelle de liquidités afin de soutenir l’activité.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence

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jeudi 5 décembre 2013

L'EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. La démarche centriste de Mandela

Alors que vient de disparaître ce 5 décembre 2013 Nelson Mandela à 95 ans, vu comme une véritable icône et ce pas seulement en Afrique du Sud ou en Afrique tout court mais dans le monde entier, il n’est pas inutile de revenir, au-delà de la légende qui s’est forgée bien avant sa mort, sur la manière dont il a appréhendé la politique et son objectif de débarrasser son pays d’une des pires idéologies que l’homme ait inventé, l’apartheid, et qui ne fut pas en vigueur qu’en Afrique du Sud mais également dans d’autres pays, à une époque ou une autre (comme le Liberia où elle concernait des noirs entre eux ou même dans certains Etats des Etats-Unis entre blancs et noirs jusqu’aux votes des lois contre la ségrégation et les décisions de la Cour Suprême).
Car, au risque de surprendre certains qui le voient comme un extrémiste révolutionnaire, la démarche de Mandela a été essentiellement centriste, basée sur le bien de tous, le nécessaire équilibre et le droit des minorités à avoir ce qu’ont les majorités.
Bien évidemment, quand nous disons cela, nous n’oublions pas le radicalisme adopté par Mandela à une époque ou une autre devant, à la fois, l’impossibilité de faire bouger pacifiquement les lignes dans son pays et face aux guerres idéologiques qui régnaient après le second conflit mondial et qui ont fait que les Occidentaux se sont retrouvés – pour un temps seulement et heureusement – du côté du régime blanc de l’apartheid dans leur lutte contre le communisme au plus fort de la guerre froide alors que nombre de dictateurs, tels Fidel Castro ou Mouammar Kadhafi, se plaçaient, eux, non pas pour les noirs persécutés, mais contre ces mêmes Occidentaux en faveur du leader de l’ANC (African national congress).
De même, l’admiration de Mandela pour Che Guevara dont on connait désormais la vision idéologique bornée et son peu de cas pour l’humanisme, ne doit pas être oubliée au moment où l’on fait un bilan de son engagement politique.
Car, tout dans l’action de Nelson Mandela respire l’humanisme, le juste équilibre, la volonté de consensus.
Il a été convaincu que la démarche non-violente de Gandhi était la bonne et qu’il fallait pour le bien de son pays mais aussi de l’Afrique et du monde, qu’une grande entreprise de réconciliation ait lieu une fois que l’apartheid serait enfin vaincu.
Et à l’inverse de ce qui s’est passé dans la plupart des pays du monde lors du passage d’un régime à un autre, il n’y a pas eu de bain de sang, ni même de chasse aux sorcières.
C’est grâce à lui si l’on peut appeler aujourd’hui l’Afrique du Sud, une «nation arc-en-ciel», une sorte de miracle si l’on se souvient de la haine qui régnait entre les différentes communautés, blanche, noire, zoulou et indienne.
De même, il était considéré comme un «ubuntu» par son ami et compagnon de lutte, l’archevêque Desmond Tutu, qui définissait la notion ainsi: «Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés».
Et il a mis en pratique cette maxime du même Tutu, «il n’y a pas de futur sans pardon».
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, dans son hommage au premier président noir d’Afrique du Sud, a expliqué qu’il ne «pouvait imaginer sa vie sans l’exemple de Mandela».
Il a poursuivi en rappelant ce que Mandela avait dit, lors de son procès en 1964 qui devait le mettre derrière les barreaux pendant 27 ans: «Je me suis battu contre la domination blanche comme contre la domination noire. Je me suis battu pour l’idéal démocratique et pour l’harmonie entre les communautés et je suis prêt à mourir pour cela».
Oui, c’est un grand humaniste qui vient de nous quitter.

Alexandre Vatimbella

jeudi 21 novembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: le pouvoir communiste et les chiffres magiques

Pas sûr que Marx et son matérialisme historique dont Xi Jinping, le nouveau maître de la Chine a demandé qu’ils soient remis à l’honneur dans les études académiques, auraient été très sensibles au surnaturel qui préside à l’élaboration de la décision politique et économique dans l’Empire du Milieu.
Après les 8% de croissance nécessaire pour garantir le développement de la Chine, Pékin vient de trouver deux nouveaux chiffres magiques le 3 et le8 pour le plan de réforme (baptisé 3-8-3) qui doit être mis en œuvre après la réunion du comité centrale du PC chinois du 9 au 12 novembre dernier et le 7,2, pourcentage de croissance pour assurer l’emploi.
Rappelons que le pourcentage de 8% sorti du chapeau de Deng Xiaping dans les années 1980 vient d’une simple question que le maître de la Chine d’alors avait posé à ses subordonnés sur la pérennité du développement du pays et qu’un de ceux-ci avait répondu qu’il fallait une croissance de 8% sans que l’on sache comment il est arrivé à ce chiffre, sauf à rappeler que le 8 – qui se prononce comme le mot «prospérité» en cantonais – est un chiffre porte-bonheur pour les Chinois (ce n’est pas pour rien que les Jeux Olympiques qui se sont déroulés à Pékin en 2008 ont été ouverts le 08/08/08 à huit heures (du soir), huit minutes!).
Quant au plan 3-8-3 (3 réformes, 8 secteurs à réformer pour 3 objectifs) signalons, outre le chiffre 8 que l’on y retrouve, que le chiffre 3 est, lui, considéré comme «parfait» expression de l’achèvement et représentant de l'union du ciel, de la terre et de l'homme…
Quant au 7,2%, on se sait trop d’où vient et comment il a été calculé. En tout cas il a été officiellement annoncé par le Premier ministre lui-même Li Keqiang, le 5 novembre dernier, ce qui lui confère un statut particulier.
Notons qu’en baissant le pourcentage minimum nécessaire pour assurer la croissance et surtout le plein emploi, le pouvoir communiste essaie de se mettre à l’abri d’une possible contestation populaire lorsqu’il sera annoncé que les 8% ne sont pas atteints.
D’autant qu’il est fort probable selon les projections du FMI (Fonds monétaire international) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) que la croissance 2013 se situera plutôt au-dessus de 7,5% donc bien mieux que ce 7,2%.
Alexandre Vatimbella

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dimanche 20 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: croissance à 3 ou 7%, inflation à 2 ou 10%?!

La question de savoir où en est vraiment la Chine est devenue récurrente.
A chaque fois que l’on pense que les difficultés vont l’assaillir, la situation se rétablit.
Mais, à chaque fois qu’elle se rétablit, les signaux annonciateurs d’une possible et grave détérioration sont à nouveau perceptibles…
Un des problèmes vient évidemment du secret que cultivent les autorités communistes et de statistiques dont on ne connait pas vraiment la fiabilité et l’honnêteté.
Ainsi, face aux chiffres officiels d’une croissance de plus de 7% et d’une inflation aux alentours de 2%, certains spécialistes du pays estiment que la croissance est plutôt actuellement autour de 3% et l’inflation proche de 10%!
Ce hiatus ne date pas d’hier mais, justement, c’est bien par ce secret et ces chiffres souvent invérifiables que la situation de la Chine est peut-être au bord d’une crise.
A force d’avoir caché et, surtout, de s’être caché la réalité, le pouvoir pourrait bien être au dos du mur.
Bien sûr, l’on vient d’annoncer que la croissance est repartie avec un taux de 7,8% au troisième trimestre et l’on sait pertinemment que Pékin a encore quelques cartes dans sa manche pour éviter un crash, notamment de dépenser sans compter dans les infrastructures (même si le gouvernement affirme qu’il ne le fera plus, il laisse partout des chantiers immobiliers titanesques voir le jour) et de cacher les dettes des provinces pour tenter de passer un cap difficile.
Evidemment, cela ne fera que différer cette implosion alors que de se saisir vraiment des problèmes pourrait encore l’éviter ou, tout au moins, éviter ses effets les plus destructeurs au niveau économique, bien sûr, mais avant tout au niveau social et sociétal.
La nouvelle étape de la croissance chinoise devra, selon l’énorme majorité des économistes, se faire dans un cadre légal et par une libéralisation, à la fois, dans l’économie et dans la société.
Sinon, la Chine risque de connaître des heures sombres. Ce qui signifie que le monde également.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence

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jeudi 17 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis: Quand le Tea Party se méprend du centrisme d’Obama

Ils le pensaient mou et indécis, incapable de fermeté et de lignes directrices, prêts à céder à tous, les voilà les grands perdants, aveuglés par leurs propres fantasmes et atteints au dernier degré de ce que l’on appelle aux Etats-Unis, l’hubris, leur excessive confiance en eux et en leur vision politique.
«Ils», ce sont les membres du Tea Party, cette nébuleuse de centaines d’associations regroupant tout ce que le pays et le Parti républicain compte d’extrémistes de Droite et de populistes fascisants.
Scotchés chaque jour devant les écrans de la chaine réactionnaire Fox news où officient des nombre d’éditorialistes haineux, celle-ci n’a pas hésité à y faire venir le psychanalyste de service pour expliquer que la soi-disant intransigeance affichée du président américain lui venait d’un complexe de victimisation dû au problèmes psychologiques rencontrés lors du départ au loin de sa mère pour son travail et à son hébergement par ses grands-parents!
Mais, en réalité, «ils» n’avaient rien compris et en ont été pour leurs frais, détestés, de plus, par une très grande majorité des Américains pour avoir mis leur pays en péril, ce qui est le cadet de leurs soucis, cependant.
Car il ne faut pas oublier que les membres du Tea Party ont comme projet, quel que soit leur soutien populaire, de détruire l’Etat fédéral (sauf l’armée) et de donner tout les pouvoirs aux Etats fédérés pour faire en sorte, selon eux, que l’on (re)vienne à une Amérique régie par le darwinisme social (seuls les forts survivront) et par le laisser-faire le plus intégral (le moins d’interdictions possible, le moins d’impôts possible et chacun pour soi, la seule solidarité étant la charité de particuliers à particuliers).
Une Amérique qui n’a jamais réellement existé, précisons-le même si ces idées ont été populaires dans certains cercles à la fin du XIX° et au début du XX° siècle.
Le tout sur fond d’un pays, première puissance mondiale élue et exceptionnelle (théorie de l’exceptionnalisme) ayant vocation, sinon à diriger le monde, du moins à lui montrer le chemin de la vérité.
Face à cela, le «socialisme européen» et l’«étatisme» supposés d’Obama, sa volonté de faire du gouvernement fédéral un ciment du pays (notamment avec la loi sur l’assurance-santé), selon leurs vues, sont évidemment les plus grands dangers à combattre par tous les moyens jusqu’à la victoire finale et sans concession.
Sans oublier leur aversion pour la couleur de peau, le métissage et le multiculturalisme du président.
Ce dernier, lui, est demeuré ce qu’il est, un centriste.
Tout ce que le Tea Party (mais aussi la gauche du Parti démocrate) a pris, ces dernières années  pour de la faiblesse et de l’indécision n’est en réalité qu’une manière de gouverner où le consensus et la délibération sont les deux principes de base afin d’aboutir à une décision équilibrée.
Un chemin clair mais compliqué comme le montre les presque cinq ans de sa présidence.
De la loi sur l’assurance-santé à la réponse adéquate à trouver face aux horreurs en Syrie, Barack Obama a appliqué cette politique qu’il défendait dès 2007 lors de sa première campagne présidentielle mais également dans ses livres.
Tout cela est écrit noir sur blanc.
Cependant, cette volonté consensuelle et délibérative n’est en rien un signe de faiblesse comme la plupart des observateurs de gauche et de droite l’ont affirmé et cru.
D’ailleurs, il suffirait de demander aux collaborateurs de la Maison blanche, si Obama est un faible, eux qui essuient à périodes répétées ses foudres lorsque des dysfonctionnements se produisent…
Pour revenir à la fameuse «méthode Obama» dont nous avons déjà parlé ici, si elle favorise la discussion et un grand tour de table, elle refuse l’ultimatum et les menaces.
C’est en cela que les membres du Tea Party, grisés par leurs pseudo-succès des derniers mois (la relance de la polémique sur l’attaque du consulat américain de Benghazi dès la victoire d’Obama le 5 novembre dernier, les blocages répétés de toute initiative de la Maison blanche, des nominations à des postes de direction des services publics au contrôle renforcé des armes à feu en passant par la loi sur l’immigration) qui sont autant de défaites, à terme, du Parti républicain, ont cru – poussés par des médias toujours friands de tensions partisanes pour leurs taux d’audience – que l’on pouvait attaquer de front un président des Etats-Unis présenté comme velléitaire et vulnérable pour, comme le disait un activiste ultra lors d’une récente manifestation, le «faire quitter Washington à genoux».
En tant que centriste, Barack Obama croit que la politique est la recherche du bien commun par l’équilibre et la responsabilité.
C’est ce qu’il a mis en place dès son intronisation en janvier 2008.
Il parlait alors de collaboration bipartisane et même d’une ère «post-partisane»….
Mais, jamais, il n’a déclaré qu’il ferait fi des principes et des valeurs de la démocratie républicaine.
La défaite – provisoire? – des activistes du Tea Party en est une preuve éclatante.
A eux d’être à genoux!
Une dernière chose, importante, la victoire d’Obama est aussi et avant tout une victoire des Etats-Unis.
Aux élus du Congrès d’en prendre conscience.
Alexandre Vatimbella
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mardi 8 octobre 2013

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. Le monde a besoin de la «centriste attitude»

Le monde est malade de l’extrémisme.
Et je ne parle même pas de ces groupes terroristes qui, au nom d’une idéologie morbide tentent d’assassiner lâchement, par des attentats sanglants qui ciblent des populations sans défense, tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ou qui ne sont pas assez bons, selon leurs critères criminels pour demeurer en vie.
Non, je parle de tous ces partis extrémistes et de leurs leaders qui retrouvent de la voie dans les pays autoritaires et dictatoriaux mais aussi et surtout qui gagnent du terrain dans les pays démocratiques.
Voici une liste qui n’est malheureusement pas exhaustive.
La France, avec le Front national dirigé par Marine Le Pen et la droite dure de l’UMP sans oublier le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Les Etats-Unis avec le Tea Party où officie un certain Ted Cruz, sénateur du Texas, nouveau héraut aux côtés d’autres personnages glauques de l’extrême-droite américaine; la Grande Bretagne avec le parti populiste antieuropéen de l’UKIP; la Grèce avec le parti néo-nazi de l’Aube Dorée; la Russie avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine; la Tunisie avec le parti islamiste Ennahda; la Chine avec le Parti communiste où s’opère un retour en force glaçant de l’idéologie maoïste de sinistre mémoire grâce à son nouveau secrétaire général, Xi Jinping; Israël avec le populiste d’extrême-droite Netanyahu.
Juste quelques exemples donc car l’on pourrait largement étendre la liste.
Le désarroi des populations face aux difficultés, face à la crise économique, face à un monde qu’elles considèrent d’autant plus dangereux qu’elles ne le comprennent pas (ou qu’elles refusent de comprendre) semble une nouvelle fois les attirer vers les partis extrémistes et leurs idées simplistes, comme si les leçons de l’histoire, encore une fois, n’avaient pas été comprises (et bien expliquées…).
Bien sûr, on ne peut encore parler d’un retour d’Hitler, de Staline voire même de Mao et de quelques autres monstres qui peuplent les poubelles de l’histoire.
Mais l’on sait bien que les ans patinent les dictateurs et leurs visions criminelles grâce à l’oubli coupables des nations qui transforment ceux-ci en personnages historiques où leurs actions criminelles sont atténuées par leur mélange avec d’autres.
Ainsi la construction d’autoroutes devient un pendant aux chambres à gaz, l’industrie lourde à des famines meurtrières provoquées et au goulag tandis que le massacre d’étudiants ainsi que l’emprisonnement de tous ceux qui demandent la démocratie sont justifiés par une croissance fulgurante de l’économie.
Au sortir de la Deuxième guerre mondiale, la plupart des pays démocratiques ont adopté, face à l’ignominie des actes de l’extrême-droite fasciste et nazie ainsi qu’au péril réel de l’extrême-gauche communiste, n’en déplaise aux historiens révisionnistes des années 1960, une «centriste attitude» avec des partis modérés et consensuels qui ont gagné les élections et ont gouverné avec modération.
Il ne s’agissait pas toujours de partis centristes et encore moins de Centrisme.
Mais l’on avait compris, alors, que face aux ennemis de la démocratie, l’on devait rechercher le consensus afin d’assoir les valeurs humanistes.
Or, tout ceci aurait pu être adopté avant même que le deuxième conflit mondial n’éclate.
Des hommes comme Aristide Briand s’y employèrent, en vain.
Cela aurait évité la mort de 50 millions de personnes.
Aujourd’hui, personne ne sait si nous sommes à l’aube de conflits mondiaux. Mais les guerres régionales et locales font toujours rage aux quatre coins de la planète.
Pendant ce temps, dans les pays en paix, monte une agressivité attisée par quelques dangereux pousses-au-crime qui tentent de capitaliser sur le mécontentement des populations.
Il est donc urgent que cette «centriste attitude» soit à nouveau pratiquée par la majorité des partis dans les pays démocratiques où un front humaniste, que j’ai appelé de mes vœux, se mettent en place et que ces mêmes pays démocratiques fassent pression sur les régimes autoritaires pour que ceux-ci se rendent compte qu’ils n’ont rien à gagner dans la violence et l’agressivité, notamment vis-à-vis de leur peuples.
Tout cela est une question de responsabilité, notion au cœur même de toute gouvernance, quelle soit locale, régionale ou mondiale.
Or, actuellement, c’est bien l’irresponsabilité qui domine la classe politique mondiale qui n’a pas appris grand-chose de l’histoire afin de prendre la bonne direction, celle qui assure le respect, la liberté, le tolérance et la solidarité, celle de la voie du juste équilibre afin de montrer aux peuples de la planète que la haine, le ressentiment, le repli sur soi, les boucs émissaires et la violence n’ont jamais été de bonnes réponses pour vivre en paix.
Faudra-t-il que l’on perde cette dernière, comme d’habitude, pour se rappeler qu’elle n’a pas de prix?!
Alexandre Vatimbella
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dimanche 6 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Chine: Xi Jinping se rêve en nouveau Mao

Peu après son élection comme nouveau secrétaire général du Parti communiste, de nombreux observateurs chinois avaient prévenus les étrangers: non seulement Xi Jinping n’a jamais été un démocrate mais il sera encore plus un communiste borné que ses prédécesseurs.
Beaucoup y ont vu une exagération.
Au vu de ce qui s’est passé ces derniers mois, ils avaient totalement raison. Malheureusement.
Comme le rappelait récemment le journaliste Jeremy Page dans le Wall Street Journal, en visite à Wuhan, la capitale de la province du Hubei, Xi Jinping «s’est rendu dans une villa au bord du lac où Mao Zedong passait ses étés dans les années 1950» et «a déclaré que cette villa devrait devenir un centre pour l’éducation des jeunes sur le patriotisme et la révolution».
Une semaine auparavant, il avait déclaré que «notre nation rouge ne changera jamais de couleur». Cela avait le mérite d’être clair.
Sans oublier son appel à combattre l’extension des «sept problèmes sérieux» qui gangrènent selon lui la Chine comme «les valeurs universelles, la liberté de la presse, la société civile et l’indépendance de la justice» ainsi que le «constitutionnalisme» qui voudrait que le Parti communiste obéisse à la loi!
Fermez le ban…
Tout cela a permis aux leaders de l’aile gauche de ce même parti de déclarer qu’il fallait se ranger derrière Xi car il reprenait l’ensemble de leurs préoccupations comme l’a écrit l’économiste Zang Hongliang.
Et tout cela n’était qu’une mise en bouche.
Depuis, un tout nouveau portrait de Mao orne la place Tien An Men, des autocritiques demandées aux responsables ont fleuris dans les journaux officiels et à la télévision comme aux plus belles heures de la révolution cutlurelle, les arrestations de ceux qui «propagent des rumeurs» se sont multipliées, une phraséologie que ne renierait pas le Grand timonier est à nouveau à la mode chez les fonctionnaires de la propagande.
Oubliés les centaines de millions de morts dont il est directement responsable, ses erreurs économiques criminelles, sa vision désastreuse du pays et de l’histoire, Mao est donc de retour grâce à Xi Jinping.
Et pourtant, avec la chute de Bo Xilai, reconnu coupable le 22 septembre dernier de «détournements de fonds, corruption et abus de pouvoir», qui était celui qui l’avait remis au goût du jour quand il dirigeait la ville-province de Chongqing et l’arrivée de Xi Jinping dont le père avait été martyrisé lors de la révolution culturelle, on pensait que ce serait le mouvement inverse, celui de la «démaoïsation» qui serait de mise.
On avait donc tout faux!
Non seulement Xi Jinping n’a pas pris cette occasion pour démontrer que Mao devait être jeté aux poubelles de l’histoire mais il l’a réhabilité pour mener une campagne contre la corruption, accusation qui, dans un régime totalitaire, est souvent utilisée contre ceux qui ne sont pas d’accord avec vous.
Cependant, le Chine d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle de Mao et les Chinois n’ont certainement pas l’intention de se laisser «remaoïser» sans rien dire même si la campagne contre la corruption est sans doute bienvenue dans une population qui en subit les conséquences depuis des décennies.
Mais le tour de vis autoritaire que veut prendre Xi Jinping est peut-être une façon de se prémunir contre les difficultés économiques et sociales que le pays risque de traverser dans les années qui viennent même si une embellie de l’économie semble se dessiner récemment.
Car tous les dangers qui guettent cette dernière sont toujours là comme une machine productive pas assez moderne et tournée toujours en grande partie vers l’exportation, les dettes pharamineuses des provinces et une économie boostée par les dépenses publiques et non par l’innovation (qui nécessite une société civile largement autonome et régit par des règles démocratiques) ainsi que par un dumping alliant protectionnisme et subventions à l’exportation, le tout totalement contraire aux accords internationaux signés par la Chine.
Tout régime autoritaire a comme premier réflexe, devant les difficultés qui s’annoncent, de verrouiller ce qu’il peut au lieu de se réformer pour accepter l’évolution inéluctable de la société, retardant ainsi la démocratisation et ses bienfaits.
Si cela se termine parfois mal pour lui, malheureusement, parfois aussi cela produit de la violence dont est victime la population et peut amener un pays à devenir agressif sur la scène mondiale.
Dans ce cadre, les appels répétés et inquiétants de Xi Jinping à renforcer l’armée chinoise et ses capacités ne doivent donc pas être pris à la légère.
Alors que l’on a espéré un temps que Xi pourrait être un Gorbatchev chinois, il pourrait bien être un Brejnev… Ou, plus inquiétant, simplement un nouveau Mao.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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mardi 1 octobre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis: de l’affaiblissement d’Obama et de son possible rebond

La crise syrienne ne sera sans doute pas un des meilleurs souvenirs de Barack Obama lorsqu’il aura quitté la Maison blanche.
De même que les multiples blocages politiciens des républicains extrémistes, incapables de faire passer l’intérêt de leur pays avant celui des intérêts des plus riches et, surtout, de leur haine du premier président afro-américain.
Le «shutdown» («fermeture») de l’administration qui vient d’en résulter à
Washington avec le refus des élus républicains du Congrès de voter les fonds nécessaires au fonctionnement des services publics (sauf s’ils avaient pu détruire en contrepartie la loi sur l’assurance santé, la fameuse «Obamacare») en est une nouvelle et désolante preuve avec la prise en otage de toute une nation par une frange extrémiste, celle du Tea Party.
Mais alors que les opposants d’Obama pointent sa faiblesse à propos de la crise syrienne (ainsi que d’avoir remis en selle la Russie sur la scène internationale du fait de son indécision) voire du bras de fer avec l’Iran et son intention de se doter de l’arme atomique en ayant discuté avec le nouveau président du pays, Rohani, voilà que ces mêmes opposants l’accusent d’intransigeance et de dureté dans la crise du shutdown!
Comprenne qui pourra.
Toutes ces crises provoquées ou non par les ennemis des Etats-Unis et les adversaires de Barack Obama font dire à certains observateurs que le président des Etats-Unis est définitivement affaibli et que le reste de sa présidence risque d’être celle d’un canard boiteux (lame duck) bien avant l’heure.
Il semble évident à première vue que c’est le cas.
Néanmoins, ce serait oublié un peu vite que l’hôte de la Maison blanche a encore plus de trois ans de mandat et que ses affaiblissements supposés d’aujourd’hui, sont peut-être ses forces de demain comme l’estiment plusieurs experts.
Bien sûr, il se peut qu’Obama échoue face à la hargne des républicains et à la volonté des adversaires de la démocratie de travailler à tout faire pour empêcher le monde d’être plus sûr.
Mais il se peut également qu’il réussisse, que sa loi sur l’assurance santé permette réellement à des millions d’Américains, et pas seulement à ceux qui ne sont pas assurés, de pouvoir se protéger contre la maladie à un coût acceptable tout en évitant – et il faut rappeler avec force qu’il s’agit d’un des objectifs prioritaires de cette loi – que le système n’implose pas à cause de coûts prohibitifs comme cela est prédit par les spécialistes qui savent que seule une régulation peut l’éviter et qui est contenue dans «Obamacare».
De même, il est possible qu’après avoir mis fin aux conflits en Irak (illégitime) et en Afghanistan (légitime), il réussisse à renouer un vrai dialogue constructif et suivi de décisions concrètes avec l’Iran.
Sans oublier une nouvelle phase de paix entre Israël et les Palestiniens, tout en trouvant une solution acceptable au conflit en Syrie où un dictateur sanguinaire tue son peuple pendant que des groupes terroristes aussi violents tentent de prendre le contrôle du pays pour en faire une base de combat contre l’Occident.
Quant aux rapports avec la Chine, le «pivot» de sa politique étrangère vers l’Asie pour aider les voisins inquiets de la montée en puissance de l’agressivité de l’Empire du milieu permettra peut-être de stabiliser une région qui court à grande vitesse vers des périodes et des séquences de tensions extrêmes.
De son côté, l’économie sera peut-être repartie sur un rythme de croisière qui permettra au chômage de baisser fortement et de faire entrer les Etats-Unis mais aussi le monde dans une nouvelle ère de développement.
Enfin, l’urgence de mettre en route une vraie politique environnementale qui était un des objectifs de son premier mandat pourra peut-être se réaliser avec la lente prise de conscience des Américains qu’il faut agir, prise de conscience dont l’Administration Obama est en partie responsable.
On ne parle même pas des possibilités de faire passer une loi sur l’immigration indispensable pour donner un nouveau souffle à un pays qui a réussi grâce à l’arrivée et l’assimilation de millions et de millions de personnes et sur celle, morale, concernant un meilleur contrôle des armes à feu.
Si Barack Obama parvient à réaliser la moitié de ce que l’on vient de parler, alors son affaiblissement actuel n’aura été qu’un trompe-l’œil d’une politique résolument tournée vers la réforme et le consensus.
Une politique centriste qui, comme il convient de le rappeler sans cesse, a des ennemis déterminés de chaque côté de l’échiquier politique et chez tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.
Quoiqu’il en soit, que l’on ne s’y trompe pas, Barack Obama ne navigue pas à vue mais a des objectifs précis, une méthode de gouvernement pour y parvenir structurée et une grande volonté.
Et on le constatera si les Américains lui donnent à nouveau une majorité à la Chambre des représentants en 2014 lors des élections de mi-mandat, ce qui est loin d’être une vue de l’esprit tant les républicains lassent la population avec leur guerre stérile et incessante à son encontre.
Alexandre Vatimbella
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mercredi 25 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis-Europe – Convergences des opinions publiques sur la nécessité de liens transatlantiques

Comme chaque année le German Marshall Fund publie son étude sur l’état de l’opinion publique des deux côtés de l’Atlantique (*).
Comme l’explique les auteurs du rapport, «comme les années précédentes, des majorités des deux côtés de l’Atlantique ont des vues favorables l’une de l’autre et voient d’une manière positive un fort leadership de l’Union européenne et des Etats-Unis dans les affaires du monde. Les personnes interrogées tant aux Etats-Unis qu’en Europe sont d’accord pour estimer que ni la Chine, ni la Russie ne doivent avoir ce leadership et que la Chine représente une menace économique pour la communauté transatlantique».
Concernant cette dernière, les Américains estiment même qu’elle est une menace militaire pour le monde et leur pays alors que d’autres grands pays émergents comme l’Inde, l’Indonésie ou le Brésil sont plutôt vus comme des opportunités économiques.
En outre, «des majorités aux Etats-Unis et en Europe expriment une nouvelle fois leur conviction dans l’utilité de l’OTAN, estimant que l’importance de l’organisation transatlantique vient plutôt de ce qu’elle est la réunion d’une communauté de démocraties plutôt que dans son rôle de partage d’un fardeau ou dans celui de protection contre les menaces militaires».
55% des citoyens de l’Union européenne disent qu’il faut que les Etats-Unis exercent un fort leadership dans les affaires du monde et 70% d’entre eux ont une vision positive des Etats-Unis.
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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(*) Transatlantic trends 2013 / German Marshall Fund of the United States

mardi 24 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Emergents: le rattrapage sur les pays avancés devraient être beaucoup plus lent

Lors de la présentation de la dernière livraison de l’ouvrage sur l’économie mondiale du CEPII (*), les économistes du think tank ont fait le point sur la croissance des grands pays émergents.
Selon eux, elle devrait être nettement moins forte ces prochaines années, notamment dans les pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et plus particulièrement en Chine et en Inde.
Du coup, le rattrapage de leurs économies sur celles des pays avancés devrait être beaucoup plus lent.
De même, si les turbulences actuelles de leurs marchés financiers impactent les économies émergentes, les difficultés viennent aussi et surtout de leurs problèmes structurels, de l’Inde au Brésil, de la Chine à la Turquie.
Et Christophe Destais et Sophie Piton de prévenir: «le ralentissement sera d’autant plus difficile à gérer que, après dix années de croissance exceptionnelle et dans un contexte de mutation économique rapide, les revendications sociales sont pressantes».
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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(*) L’économie mondiale 2014 – CEPII / ouvrage collectif sous la direction de Benjamin Carton et Agnès Chevalier / La Découverte

lundi 23 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Thierry de Montbrial: la revanche des Etats-nations face à la mondialisation

Bien sûr, ils n’avaient jamais abdiqué leurs pouvoirs et leurs souverainetés mais au cours des premières années du XXI° siècle on avait cru à une percée définitive de la coopération mondialisée avec des organismes internationaux qui semblaient devenir des assemblées décisionnelles de la gouvernance mondiale comme, par exemple, l’OMC ou le FMI sans parler, après 2008, du G20 qui devait ainsi devenir le nouveau gouvernement mondial.
Mais, en cette année 2013, la realpolitik semble avoir balayé tout cela avec le fiasco de ces grandes messes mondialisées incapables de prendre de véritables décisions et le retour en force des Etats-nations dans le cadre de relations bilatérales et multilatérales dont ils demeurent les acteurs décisionnaires principaux comme l’estime Thierry de Montbrial dans le nouveau rapport Ramsès de l’IFRI (*).
Ainsi, le directeur de l’IFRI affirme qu’«il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que les Etats continuent d’exister, qu’ils tendent même à s’affirmer davantage, et que les valeurs du nationalisme (ou du patriotisme!) se portent au mieux, pour le meilleur ou pour le pire».
Et ce n’est pas pour lui déplaire, lui qui pense qu’«il faut en finir avec la vision naïve d’une mondialisation qui aurait rendu le monde ‘plat’».
Car les Etats forts sont ceux qui peuvent s’opposer à un monde où l’instabilité est de règle, notamment par les actions violentes des mouvements terroristes, en particulier au Moyen Orient (mais aussi largement en Afrique et en Asie) où règne encore un «monde préwestphalien», c’est-à-dire qu’«on ne peut souvent comprendre les situations qu’«en prenant acte de ce que les réseaux traditionnels, clairement distincts des Etats et beaucoup plus anciens qu’eux (familles, tribus, ethnies, etc.) l’emportent sur les cadres plaqués à l’occasion des discontinuités de l’histoire».
Fort de ce constat, Thierry de Montbrial approuve largement la vision russe du conflit syrien d’une lutte entre un pouvoir laïc dirigé par le clan Assad (qui protège notamment la minorité chrétienne du pays) et des forces islamistes menées essentiellement par Al Qeida qui veulent instaurer un régime religieux radical.
Non pas que le régime d’Assad représente le bien mais que, dans une vision de realpolitik évoquée plus haut, il est le rempart à quelque chose d’encore pire que lui, pour la stabilité de la région et du monde comme il l’a expliqué lors de la conférence de présentation du rapport.
Même en matière économique, le directeur de l’IFRI affirme que le nationalisme est plus fort que la mondialisation et pas seulement dans des pays comme la Chine: «avec l’idéologie de la mondialisation libérale s’est développé le mythe des entreprises transnationales flottant en quelque sorte en dehors des Etats».
Tout au contraire, selon lui, «l’un des critères de puissance d’un Etat est le nombre et l’importance des entreprises ayant la nationalité de cet Etat».
Et de poursuivre: «ce sont les Etats les plus forts qui sont les mieux placés pour défendre leurs intérêts nationaux dans le domaine des entreprises, en utilisant toutes les ressources de leurs réseaux, y compris dans leurs prolongements étrangers».
Au vu de la situation de la planète, la vision de Thierry de Montbrial semble loin d’être incongrue…
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence
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(*) Ramsès 2014 – Les jeunes vers l’explosion? / Direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges / Dunod / 32 €

dimanche 22 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Les multiples politiques chinoises des Etats-Unis

Que ce soit au sein de l’Administration ou au sein du Congrès, il n’existe pas de vision commune sur la Chine selon James Przystup du Center for Strategic Research de Washington et ancien du département d’Etat.
Lors d’une conférence organisée par l’Asia Centre et le German Marshall Fund à Paris, il a expliqué qu’«il n’y a pas une politique chinoise des Etats-Unis mais autant de politiques qu’il y a d’élus au Congrès. Au niveau de l’Administration, tout dépend à qui vous vous adressez. Pour le département d’Etat, la Chine est un challenge. Pour le Pentagone, c’est un adversaire. Pour le Département du commerce, c’est une opportunité. Pour le département du Trésor, c’est une manne financière qu’il ne faut pas froisser. Et dans vingt ans, pour moi, ce sera toujours la même chose!»
Alexandre Vatimbella avec la rédaction de l’agence

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mardi 10 septembre 2013

ACTU-MONDIALISATION. Etats-Unis et crise syrienne: les limites de la «méthode Obama»?

Elu en grande partie pour mettre un terme aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, Barack Obama, en recevant son prix Nobel quelques semaines après son élection, avait expliqué qu’il ne s’interdisait pas de faire la guerre si cela s’avérait nécessaire pour le bien de son pays.
De même, en arrivant au pouvoir, il avait pris tout le monde par surprise en remettant à l’honneur le travail législatif en faisant en sorte, lors de la loi sur l’assurance-santé, de laisser au Congrès une large autonomie pour décider de son contenu, ce qui avait généré un débat citoyen dans tout le pays.
La crise syrienne vient nous rappeler ces deux importants piliers de la «méthode Obama»: l’action, en l’occurrence ici militaire, doit, non seulement être juste et morale, mais être bénéfique aux intérêts américains; la discussion au sein du Congrès mais également dans toute la population doit être de mise pour toute décision importante.
En ce qui concerne ce dernier point, c’est, dans le cas qui nous intéresse ici, à la fois une grande victoire et une grande défaite pour la démocratie!
Il s’agit d’une victoire pour la démocratie américaine puisque celle-ci délibère au grand jour sur la nécessité de frappes contre la Syrie.
Dans le même temps, c’est également une défaite de la démocratie qui montre sa faiblesse et son indécision face à ses ennemis ainsi que face aux victimes de ces derniers.
La contradiction du système démocratique entre ses principes de fonctionnement et sa défense face aux menaces extérieures est posée dans toute sa dimension.
Personne ne peut regretter le débat démocratique qui a saisi les Etats-Unis quand Obama a décidé de laisser les élus choisir ou non l’action militaire pour punir la Syrie mais personne, non plus, ne peut se satisfaire de l’indécision dans laquelle cela a mis le gouvernement de Washington.
La délectation avec laquelle Vladimir Poutine a rejoué les plus belles partitions de la guerre froide le montre aisément.
Quant à ceux qui reprochent à Barack Obama cette voie qu’il aurait choisie par faiblesse et incohérence de sa vision du monde, ils ont oublié qu’il a toujours été pour une démocratie délibérative et qu’il l’a toujours promue même dans les pires moments de sa présidence.
Bien sûr, que ses compatriotes refusent de punir le dictateur syrien et son régime pour ses crimes abominables vis-à-vis de ses civils ne peut être une victoire des valeurs véhiculées par la démocratie.
Pour autant, dans le même temps, c’est bien le fonctionnement de la démocratie qui en sort grandi…
Quant à la guerre juste et morale qui sert les intérêts des Etats-Unis, deux points importants.
D’une part, la défaite du régime autocratique syrien ne serait pas une victoire pour les Américains – et n’a jamais été considérée comme telle à Washington – puisque la plus grande probabilité serait aujourd’hui que les fondamentalistes islamistes s’emparent alors du pays ou d’une grande partie de celui-ci et mènent des attaques terroristes conte l’Occident après avoir massacré les chrétiens syriens.
Mais la victoire de Bachar El-Assad serait une défaite pour les Américains qui, en tant que leader du monde démocratique, n’auraient pu empêcher un dictateur d’utiliser à sa guise et sans aucune sanction des armes interdites par la communauté internationale contre des civils et, en particulier, des enfants.
Certains pensent que Barack Obama a refilé la patate chaude aux sénateurs et représentants américains tout en faisant valoir son point de vue mais en espérant qu’il n’aurait pas à mener une action militaire afin de ne pas devoir choisir entre deux mauvaises solutions et ne pas être responsable de l’option choisie.
De ce point de vue, les déclarations de son secrétaire d’Etat, John Kerry, sur la seule façon qui rendrait les frappes inutiles, la destruction de toutes les armes chimiques syriennes après qu’elles aient été confiées à la communauté internationale, est vue, non comme un malheureux lapsus lors d’une conférence de presse, mais comme un moyen malin de se désengager sans trop d’humiliation alors même que le Congrès ne sait pas, non plus, trop quoi faire avec ladite patate...
Sans aller jusqu’à créditer l’administration américaine de tant de machiavélisme, il est vrai que si la crise se résolvait par cette réelle destruction, les Etats-Unis n’en seraient pas les perdants malgré le fait que les frappes militaires, au départ, n’avaient aucun rapport avec l’élimination de ces armes mais était une punition pour les avoir utilisées…
Quoiqu’il en soit, la crise syrienne montre à l’évidence que les dictatures sont plus fortes que les démocraties dans les bras de fer internationaux car elles n’ont pas à prendre en compte leurs fameuses opinions publiques, ce qu’Hitler avait bien compris et que les accords de Munich avaient entériné en 1938.
Cependant, on ne peut critiquer le fait que les règles démocratiques fonctionnent.
Tout au plus, on peut et on doit regretter que les peuples ne soient pas assez informés des réalités du monde et des conséquences d’un refus d’intervenir pour des motifs aussi importants.
Car après Munich, il y a eu la Deuxième guerre mondiale et tous ceux qui croyaient qu’il suffisait de détourner les yeux pour sauver leur peau en ont été pour leurs frais…
Quant à la «méthode Obama», elle sera jugée par l’Histoire sur ses résultats à long terme que ce soit en politique intérieure et en politique étrangère.
En revanche, que ce soit en 2008 lors de sa première élection ou en 2012 lors de sa réélection, on ne peut pas dire qu’il a pris les Américains en traître.
Cette démocratie délibérative dont il a appris le maniement quand il était travailleur social dans les quartiers pauvres de Chicago et qu’il devait trouver des solutions dans une atmosphère de violence endémique, est bien son mode de fonctionnement.
La mettre à l’honneur dans un pays où l’on parle depuis la président de Nixon dans les années 1970 de «présidence impériale» est une bonne chose dans une démocratie mature.
Malheureusement, elle suppose une majorité de citoyens également matures et là, rien n’est moins sûr…
Alexandre Vatimbella

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mardi 3 septembre 2013

L’EDITORIAL D'ALEXANDRE VATIMBELLA. La démocratie est un combat

Faut-il ou non intervenir en Syrie? Comment se comporter face à l’autocrate Poutine et au régime communiste chinois? Quelle est la meilleure façon de protéger la liberté?
Autant de questions qui se sont entrechoquées ces derniers mois que ce soit avec les combats en Syrie, les affrontements en Egypte, les fuites sur les pratiques de la NSA aux Etats-Unis, les provocations russes contre les gays et le soutien du régime aux dictateurs de tous poils sur fond de reprise en main intérieure, le tour de vis chinois depuis l’arrivée de Xi Jinping qui se réfère à Marx et, surtout, à Mao en lui rendant des hommages appuyés et répétés, souhaitant marcher dans ses pas.
Les démocraties sont donc, une fois de plus, devant des dilemmes importants.
Le président syrien, comme son père avant lui, tue ses concitoyens avec du gaz sarin, les Frères musulmans et l’armée égyptienne rivalisent d’intolérance, les écoutes américaines mettent en émoi une partie du monde qui place la liberté au-dessus de la sécurité, les agissements du président russe nous rappelle tous les jours qu’il a été formé par le KGB dont on pouvait comparer les pratiques lors de la guerre froide à la tristement célèbre Gestapo et les sombres prédictions des défenseurs chinois de la démocratie sur la personne du nouveau maître de l’Empire du milieu se révèlent malheureusement trop vraies.
Que faire?
Se faire tuer pour sauver des enfants syriens? Laisser une dictature quelle qu’elle soit se mettre en place en Egypte? Accepter de perdre de la liberté pour de la sécurité sans être sûr que le deal est exactement celui-là? Continuer à faire comme si Poutine et Xi étaient des gens charmants et fréquentables pendant que leurs opposants soient pourchassés et emprisonnés?
Les réponses ne sont pas simples et, surtout, ne doivent pas être simplistes.
Prenons l’exemple syrien. Se lancer dans une guerre totale avec le clan Assad tête baissée serait aussi stupide que de ne rien dire et faire en se lavant les mains de massacres horribles et inacceptables.
Pourquoi?
Parce que, dans le premier cas, intervenir alors que  la chute d’Assad aurait de grandes chances de permettre aux intégristes islamistes de mettre le pays sous leur coupe et à en faire une base de l’extrémisme et du terrorisme, faisant en quelque sorte d’avoir sauver les enfants syriens pour que nos enfants soient éventuellement tuer dans de futurs attentats.
Et, dans le deuxième cas, il est impossible pour toute communauté ayant une conscience de fermer les yeux en prétendant qu’un dictateur a le droit de tuer son peuple, notamment ses enfants, sans vergogne, sans devoir rendre des comptes mais aussi sans porter un coup à l’image de la démocratie, incapable de réagir face à des comportements qui la provoquent dans son essence même.
Ce dilemme est celui de Barack Obama aujourd’hui. Mais il est celui de toute la communauté internationale, en tout cas de celle qui revendique des valeurs humanistes.
Même cas de figure ou presque en Egypte où il faut se demander si une organisation, les Frères musulmans, qui s’est battue pendant des décennies contre les valeurs démocratiques et ne les a endossées que parce qu’elle a gagné les élections – et dont la pratique démocratique a laissé à désirer pendant son passage au pouvoir – vaut mieux qu’une armée qui n’a guère prouvé son attachement à ces mêmes valeurs.
Quant à savoir si nous devons adresser la parole à Poutine et à Xi, la realpolitik répond oui à coup sûr. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dire ce que nous pensons de leurs agissements et de tenter toutes les pressions pour les mettre en échec? A voir certains responsables politiques occidentaux faire allégeance à ces deux hommes et à leurs régimes donnent parfois des nausées.
Comme le montre crûment les révélations d’Edward Snowden sur les pratiques de l’agence de renseignements américaine, la NSA, l’éminente question de savoir où se situe le curseur entre défense de la démocratie, défense des démocraties et intérêt des démocraties n’a pas de solution évidente.
Pour autant, les précédents devraient inciter à ne pas baisser la garde.
Ainsi, elle s’est déjà posée lors de la montée en puissance du fascisme et du nazisme entre les deux guerres mondiales puis lors de la guerre froide avec le bloc soviétique avec les résultats que l’on sait.
Le renoncement face à l’Allemagne nous a plongés dans une guerre à 50 millions de morts alors que l’on aurait pu agir contre Hitler quand il en était encore temps.
L’affrontement avec les Russes s’est révélé problématique jusqu’à l’implosion de l’URSS, exsangue par ses dépenses militaires démesurées et incapable d’apporter le bien-être à sa population.
Avec, à la clé, des camps de concentration dans les deux pays.
Le régime en place à Moscou – comme à Pékin d’ailleurs – est encore largement dominé par une idéologie qui diabolise la liberté qualifiée d’«occidentale».
Xi Jinping, le nouveau maître du Parti communiste chinois ne parle que de maoïsme, de renforcement de l’armée et des valeurs occidentales erronées et dangereuses mettant en avant un «rêve chinois» qui risque de devenir le cauchemar des démocraties.
Le ralentissement préoccupant de la croissance chinoise sur fond de corruption, de pollution catastrophique et de menaces de toutes sortes sur le régime va sans aucun doute renforcer, au moins dans un premier temps, les tendances autoritaires de celui-ci.
Les prisons sont à nouveau pleines d’opposants, internet est de plus en plus contrôlé et censuré, le peuple est invité à se faire moins critique et à suivre la ligne officielle.
Tout ceci nous amène à cette vérité basique, pure et dure: la démocratie a été, est et restera à jamais un combat quotidien contre des forces qui, de tous les côtés ainsi que de l’intérieur même, travaillent à la rogner, à la dénaturer et, in fine à l’abattre.
La démocratie américaine est née d’une guerre de libération. Ce sont des révolutions qui ont accouché des valeurs démocratiques françaises. Même le système démocratique britannique a nécessité après la Grande Charte de 1215, une lutte au cours des siècles pour s’établir.
Ceux qui renoncent à vouloir mener ce combat condamnent la démocratie, d’abord à s’affaiblir puis à disparaître.
Ils font le jeu des ennemis des valeurs et des principes démocratiques.
Peut-être que les peuples qui goûtent à un régime démocratique, certes imparfait mais envié par tous ceux qui en sont privés, ne veulent pas ou plus se battre pour le protéger et le faire exister.
Peut-être qu’ils préfèrent leur sécurité ou tout simplement leur confort quotidien à leur liberté.
Peut-être qu’ils préfèreraient vivre esclaves que mourir libres.
Les sondages, généralement, disent le contraire.
Alors, mettons nos actes en accord avec nos paroles: défendons la démocratie avant qu’on nous défende de le faire.

Alexandre Vatimbella

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