Comme l’écrit Bruce Drake du Pew Research Center, «du fait
que la compétition économique et géopolitique s’intensifie entre les Etats-Unis
et la Chine, les Américains et les Chinois ont durci leurs vues à propos des
uns et des autres».
Ainsi, les dernières enquêtes d’opinions reflètent cette
montée en puissance d’une méfiance entre les deux peuples.
Dans l’étude annuelle du German Marshall Fund, les
Américains sont, derrière les Français (!), ceux qui estiment le plus que la
Chine représente une menace économique (59%), plutôt qu’une opportunité (30%).
De même, ils voient majoritairement (51%) la Chine comme une
menace militaire.
Il est également intéressant de noter que les Américains
estiment qu’ils ne partagent pas les mêmes intérêts (47% contre 46%) avec la
Chine pour pouvoir coopérer ensemble sur les problèmes internationaux.
A noter qu’ils sont 46% contre 45% à affirmer que les deux
pays partagent des valeurs communes afin de coopérer internationalement.
Pour autant, et cela vient en contradiction avec la volonté
de Barack Obama de réorienter la politique étrangère des Etats-Unis en priorité
vers l’Asie, 55% des Américains disent que l’Union européenne est plus
importante que l’Asie (un renversement de 17 points en un an) et que les pays
européens sont plus importants pour leurs intérêts vitaux que ceux d’Asie (54%
contre 29%).
Cela est confirmé par un sondage du Pew Research Center qui
montrent que 65% des Américains font peu ou pas du tout confiance à la Chine et
que 66% d’entre eux estiment qu’elle est un concurrent, 15% un ennemi et 16%,
seulement, un partenaire.
Les Chinois ne sont pas en reste avec leur vision des
Etats-Unis.
Ainsi, 48% voient ces derniers de manière défavorable et
seulement 43% favorablement, un retournement de situation puisque en 2010 les
chiffres respectifs étaient 37% et 58%.
Dans le même esprit, de 2010 à 2012, les Chinois qui avaient
confiance en Obama sont passés de 52% à 38% et ceux qui n’ont pas confiance de
30% à 41%.
En outre, la relation avec les Etats-Unis est désormais vue
comme de coopération par 39% des Chinois contre 68% en 2010 (une chute de 29
points) et d’hostilité par 26% (contre 8% seulement en 2010).
Du côté américain, on est passé, en un peu plus d’un an,
d’une volonté de renforcer les relations avec la Chine (53% en mars 2011 contre
40% pour une plus grande agressivité) à celle d’être plus agressif vis-à-vis
d’elle (49% en octobre 2012 contre 42% pour le renforcement des relations).
Evidemment, ces mauvais chiffres ne sont pas de bon augure
pour le futur des relations entre les deux pays d’autant que les sujets de
friction se multiplient, que ce soit sur le terrain géoéconomique,
géopolitique, militaire, diplomatique et des valeurs politiques.
La récente réélection de Barack Obama est pourtant une bonne
nouvelle pour les relations américano-chinoises car les démocrates sont
nettement moins virulents que les républicains.
En revanche, les nouveaux dirigeants désignés par le dernier
congrès du Parti communiste chinois n’ont guère le profil de réformateurs et de
personnalités ouvertes aux discussions et aux compromis.
Néanmoins, première et deuxième puissances économiques (mais
aussi depuis peu les Etats-Unis sont devenus le premier client de la Chine qui
est toujours le pays qui détient le plus de dette publique américaine), les
deux pays sont obligés de s’entendre ou, en tout cas, de trouver des ententes
afin d’éviter une dégradation de leurs relations qui pourraient avoir de graves
conséquences sur les équilibres mondiaux et sur la globalisation.
Alexandre Vatimbella
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