Ce qui a dominé dans le monde au
cours des dix derniers jours a été, évidemment, les élections aux Etats-Unis et
la désignation des dirigeants en Chine, les deux premières puissances mondiales.
Ironiquement, on pourrait dire que
le plus grand changement a certainement été la réélection de Barack Obama à la
présidence que le renouvèlement en profondeur des dirigeants Parti communiste
chinois! Une sorte de «on en prend d’autres et on recommence comme avant»…
Evidemment, cette analyse
superficielle est on ne peut plus minimale et seul l’avenir nous dira si le
changement viendra d’outre-Atlantique ou de l’autre bout du continent eurasien.
Il se peut que Xi Jinping, le
nouveau numéro un chinois (président de la république et secrétaire général du
parti) et son acolyte Li Keqiang, se révèlent, dans les mois ou les années à
venir comme des réformateurs qui vont faire changer un système socio-politico-économique
de la Chine qui en a bien besoin pour permettre au pays de prendre le nouvel
élan dont il a besoin pour ne pas sombrer dans ses contradictions de plus en
plus fortes.
De l’autre côté, Barack Obama qui
revient requinqué après une campagne dure et l’obstruction systématique des
républicains au Congrès, bénéficie de quelques cartes intéressantes pour mettre
en place son agenda qui tient en une phrase, «aider les classes moyennes et les
petites entreprises pour relever les Etats-Unis».
Mais, rien de ne dit qu’il en
sera capable et que le «political as usual» ne barrera pas ses ambitions d’une
Amérique enfin dans la dynamique du XXI° siècle.
Quoi qu’il en soit, le nouveau
monde dirigé par ce G2 hypothétique Etats-Unis-Chine changera même si les deux
premières puissances économiques mondiales ne changeaient pas.
Il changera parce que l’Asie est
en train de se transformer et parce que l’Europe est en train d’essayer de se
sauver. Cette transformation et ce sauvetage vont, de toute façon, impacter
fortement la mondialisation dans le court et le moyen terme.
Sans oublier les turbulences du
Moyen Orient qui auront des répercussions géopolitiques et géoéconomiques
importantes.
Une des révolutions qui se
préparent vient de faire l’actualité avec la publication d’un rapport de l’Agence
internationale de l’énergie, même si l’on en parle depuis maintenant deux ans
au moins, le passage des Etats-Unis d’importateur de pétrole et de gaz à celui
de pays autosuffisant en la matière, puis d’exportateur grâce à l’extraction de
ceux-ci dans les roches par fragmentation.
Les experts ont du mal à analyser
les implications de cette nouvelle donne énergétique qui fera que la première
puissance mondiale n’aura plus besoin stratégiquement de se déployer aux quatre
coins du monde afin d’assurer ses approvisionnements en la matière.
Bien sûr, les Etats-Unis ne vont
pas quitter la scène mondiale pour autant. Ils ont compris depuis longtemps que
la première puissance mondiale ne pouvait demeurer dans un splendide isolement
si elle veut marquer de son empreinte la planète, ce qui est une obligation
pour demeurer la nation dominante.
Mais on peut imaginer que ses
priorités ne seront plus les mêmes. Que la réorientation de sa politique
étrangère vers l’Asie, entamée voici quelques décennies, sera encore plus forte
au détriment du monde arabe et, même, de l’Europe (même s’il ne faut pas
oublier qu’une communauté occidentale entre les deux bords de l’Atlantique est
une réalité plus grande que ce que pensent souvent certains commentateurs).
La Chine, elle, ne sera pas
autosuffisante en matière énergétique, loin de là, même si elle met le turbo
pour développer son parc nucléaire ou si elle entreprend, elle aussi,
d’utiliser la technique de la fragmentation.
Du coup, elle va devoir se faire
de plus en plus présente chez les pays producteurs, ce qui ne va pas manquer de
créer des tensions avec les Etats-Unis mais aussi avec l’Europe, sans oublier
les grands pays émergents au premier rang desquels l’Inde qui est exactement
dans la même situation énergétique que sa grande rivale asiatique.
En ce qui concerne l’Europe, on a
appris cette semaine que la zone euro est à nouveau en récession après le repli
de son PIB au cours de deux trimestres consécutifs.
La tâche s’annonce difficile pour
les Européens mais pas impossible. Tout le monde sait que la sortie de la crise
passe par une dose plus importante de fédéralisme dans l’Union européenne, que
ce soit avec les 27 Etats qui la composent ou avec ceux qui veulent aller plus
loin ensemble.
Car une union à deux vitesses
devient de plus en plus évidente si l’on veut que l’Europe s’en sorte et
demeure un des lieux de pouvoir et de puissance dans la mondialisation.
Dans quel monde seront-nous dans
quatre ans quand Barack Obama terminera son deuxième mandat ou dans dix ans
quand ce sera au tour de Xi Jinping de laisser sa place?
Certainement dans celui où les
interconnexions, qu’on le veuille ou non, que l’on soit un défenseur ou un
adversaire de la mondialisation, seront encore plus importantes et plus
intriquées qu’aujourd’hui car le mouvement d’ouverture malgré les difficultés,
malgré les soubresauts, malgré les oppositions est une nécessité pour tous.
Pour autant, cela ne veut pas
dire une mondialisation débridée et sans règles.
Celle-là est peut-être le plus
grand danger d’un monde plus pacifiée et plus collaboratif. Personne n’en veut
mais personne ne semble vouloir encore faire les efforts nécessaires pour
l’empêcher d’émerger…
Alexandre Vatimbella
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