Dans un article publié dans le
dernier numéro de la revue Futuribles (*), l’économiste Jacques Bichot revient
sur la distinction élaborée par un de ses illustres confrères, Jacques Rueff,
sur les «vrais» et les «faux» droits.
Pour les expliquer, il écrit que
«la distinction que l’on fait de plus en plus couramment entre un déficit et un
endettement ‘sains’, destinés à des investissements capables de générer à
l’avenir des recettes fiscales suffisantes pour assurer le service de la dette,
et un déficit et un endettement irresponsables, engendrés par des dépenses de
fonctionnement ou de transfert, ou encore par des investissements non
rentables, correspond aux concepts de vraies dettes et de fausses dettes chez
Jacques Rueff».
Ainsi, une fausse dette engendre
de faux droits. Puisqu’elle ne pourra être recouvrée en partie ou en totalité
par ses créanciers, ceux-ci possèdent en réalité en partie ou en totalité des
droits sur le montant de celle-ci qui n’existent pas, un débiteur déficient ne
pouvant, in fine, ne payer que ce qu’il possède.
Et Jacques Bichot d’appliquer
cette distinction au fonctionnement de la globalisation actuelle:
«concrètement, les pouvoirs publics occidentaux émettent des fausses créances
en grande quantité, ce qui leur permet de distribuer ou d’encourager la
distribution de revenus nettement supérieurs à la production occidentale; ces
revenus servent à payer des importations en provenance des pays émergents les
plus compétitifs, dont la balance commerciale est fortement excédentaire; et
les institutions financières de ces pays convertissent en dollar US et euros en
titres des Trésors américains et européens. La monétisation des fausses dettes
des Etats n’a pas besoin d’être totale, ni a fortiori d’être réalisée
uniquement ou principalement par les banques centrales, pour qu’elles se
diffusent au niveau planétaire».
Il est vrai que ce système a
fonctionné de nombreuses années et continue à fonctionner largement. Mais la
volonté de réduire les déficits publics et les déséquilibres de leurs balances
commerciales ont amené les pays européens et les Etats-Unis a adopté des
politiques plus rigoureuses, d’où des baisses de la croissance dans les grands
pays émergents.
La grande question est de savoir
s’il peut sortir de ces ajustements nécessaires un nouveau paradigme pour une
globalisation plus vertueuse et produisant de la croissance suffisante.
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org
(*) Futuribles, octobre 2012,
numéro 389, 14 €