Alors que le pouvoir politique va
connaître dans les semaines à venir un changement d’hommes à défaut d’un
changement diamétral de cap ou, même, de réelle nouveauté dans la gouvernance
du pays, la politique industrielle de la Chine devrait, elle, demeurer exactement
la même comme l’a indiqué Jean-Paul Tchang, le rédacteur en chef de la Lettre
de la Chine lors d’une conférence «Relève politique et enjeux industriels».
Car celle-ci fait consensus
auprès des dirigeants chinois, au-delà des «conservateurs» et des «réformateurs»
ou d’autres courants qui traversent le Parti communiste chinois.
Cela ne veut pas dire, néanmoins,
que cette politique industrielle, longtemps ignorée par de nombreux
observateurs qui en niaient l’existence même, ne fasse pas discussion sur sa
nécessaire adaptation afin de lui permettre de demeurer l’atout principal de l’économie
chinoise.
En effet, jusqu’à présent, si la
Chine a bien été «l’usine du monde» de ces dernières décennies, elle doit faire
les réformes nécessaires afin que son secteur industriel qui représente encore
plus de 40% de son PIB, tire encore sa croissance alors que les environnements
interne et externe se modifient.
Ainsi, pour Laurent Malvezin,
éditeur de la Lettre de la Chine, le pays n’a pas réussi et ne sera pas capable
de le faire dans l’immédiat, de transformer son économie tournée vers l’exportation
par un modèle privilégiant la consommation intérieure.
Dès lors, la stratégie
industrielle chinoise va être, dans les années qui viennent, une expansion à l’international
avec le rachat de plus en plus d’entreprises étrangères et, notamment,
européennes et américaines.
Par ailleurs, selon Jean-Paul
Tchang, l’industrie chinoise souffre de deux grandes faiblesses: le manque de
matières premières sur le territoire chinois et sa faible plus-value aux
produits conçus et fabriqués ailleurs et seulement assemblés en Chine.
Quant aux difficultés actuelles
de l’économie mondiale ainsi que de ses répercussions sur la Chine et la baisse
de la croissance de celle-ci qui en résulte, Jean-Paul Tchang estime que les
autorités politiques vont injecter quelques 1000 milliards de dollars dans les
trois années qui viennent pour soutenir l’activité avec des lancements d’entreprises
et la création de nouveaux pôles industriels disséminés un peu partout dans le
pays, sans oublier les fameuses dépenses en infrastructures.
Une certaine fuite en avant mais
il semble que le pouvoir chinois ne soit pas capable, en l’état, de repenser sa
stratégie de développement et celle de son secteur industriel.
Alexandre Vatimbella
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