Le débat qui divise les sinologues
actuellement est celui de l’avenir de la Chine au cours des décennies à venir.
Pour certains, il est rempli de
menaces et les failles de la société chinoise ainsi que de l’économie du pays
sont trop profondes pour qu’une crise soit évitée malgré la vigilance du Parti
communiste et, surtout, à cause de l’incapacité de ce dernier à changer les
paradigmes de son modèle afin de s’adapter à son nouveau statut de grande
puissance.
Pour d’autres, au contraire, la
Chine et son développement spécifique (capitalisme sans démocratie) sont
capables de faire face aux défis qui vont se présenter et de damer le pion aux
Etats-Unis dans les décennies à venir.
On a retrouvé les deux camps lors
d’une réunion organisée récemment par le CEPII (Centre d’études prospectives et
d’information internationales) à l’occasion de la sortie d’un livre de
prospective sur la Chine dans les vingt ans à venir de l’économiste Michel
Aglietta (en collaboration avec l’universitaire chinoise Guo Bai; «La voie
chinoise, capitalisme et empire» / Editions Odile Jacob).
Celui-ci, qui fait partie des «prochinois»
est en effet particulièrement optimiste sur la capacité du régime chinois à s’adapter
et à traiter ses nombreuses faiblesses pour en sortir renforcé, même s’il ne
nie pas les énormes difficultés auquel il va être confronté.
Il a reçu le soutien appuyé de
Jean-Louis Beffa, ancien PDG de Saint-Gobain, qui ne tarit pas d’éloges sur les
dirigeants chinois et qui estime même que le «modèle de Shanghai» (capitalisme
d’Etat sans démocratie et avec protectionnisme de son marché intérieur) est
désormais meilleur que le «consensus de Washington» (économie libérale et
démocratie).
Leurs envolées lyriques en la
matière ont malgré tout trouvé de nombreux contempteurs qui ont rappelé que la
Chine n’était pas à l’abri d’une implosion due, entre autres, à un secteur
financier opaque qui a multiplié les prêts insolvables, à une montée des
problèmes sociaux, à une incapacité de l’économie à se tourner vers son marché
intérieur et à une montée orchestrée par le Parti communiste d’un nationalisme
dur qui inquiète ses voisin ainsi que le monde entier.
Alexandre Vatimbella
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