Le CEPII (Centre d’études
prospectives et d’informations internationales) publie son traditionnel et
annuel livre sur l’économie mondiale (*) au moment où celle-ci est dans
l’incertitude et ses responsables dans l’inquiétude.
Comme l’explique deux des auteurs
de cet ouvrage collectif, Agnès, Bénassy-Quéré – directrice du CEPII – et Agnès
Chevalier, «la faiblesse de la croissance américaine et le ralentissement des
pays émergents laissent l’économie sans moteur».
Et celui-ci ne risque pas d’être
l’Europe où la croissance est proche de zéro (et celle de la zone euro en
récession).
D’autant que les dernières
prévisions de l’OCDE pour 2013 ne sont pas bonnes avec une récession en vue en
France mais aussi en Allemagne.
Dès lors, les auteurs ne sont
guère optimistes à l’image d’Agnès Chevalier: «cinq ans après le début de la
crise financière, l’incertitude sur la politique budgétaire américaine et le
ralentissement dans les pays émergents s’ajoutent à la spirale infernale qui
emporte la zone euro pour assombrir les perspectives de l’économie mondiale».
Concernant plus spécifiquement
les deux grandes puissances mondiales, les Etats-Unis et la Chine, les visions de
leur avenir par les économistes du centre d’études sont assez différentes comme
on peut aisément le comprendre.
Pour l’Amérique, Christophe
Destais estime que la future administration, issue des élections présidentielles
et législatives du 6 novembre prochain), devra gérer des «grands défis
économiques qui l’attendent: mise en œuvre d’une politique budgétaire de long
terme qui rassure les créanciers sans que l’ajustement ne pèse trop sur une
conjoncture fragile, rendre l’économie américaine plus riche en emplois mais
aussi – certainement – mettre en place les filets de sécurité qui lui
permettent de vivre avec un volet plus important de chômeurs, contribuer à la
stabilisation, voire au redressement des comptes extérieurs et à la
réindustrialisation du pays, enfin, assainir vraiment les pratiques du secteur
financier».
Le tout dans un environnement
politique polarisé que l’échéance électorale ne règlera pas selon les sondages,
avec des démocrates et des républicains qui ne semblent pas capables de trouver
les compromis nécessaires par la faute d’une radicalisation parfois extrême des
élus du Parti républicain.
En revanche, Michel Aglietta,
même s’il pointe les déséquilibres et les faiblesses de la Chine, n’en fait pas
moins un descriptif de son développement en 2030 très largement positif alors
que de sombres nuages pèsent actuellement sur l’économie du pays, sur la
capacité de Pékin à créer un véritable marché intérieure et à se désintoxiquer
de ses exportations et, surtout, sur sa capacité gérer un système financier
plombé par des dépenses d’infrastructures par l’Etat central pour soutenir la
croissance et par un endettement énorme des gouvernement locaux (pour soutenir
l’emploi mais aussi dû à la corruption) par le biais de structures incapables
de faire face à leurs engagements.
Mais il est vrai, et c’est le
pari de l’économiste du CEPII, que les Chinois ont encore la possibilité d’infléchir
leur avenir grâce à de très nombreux atouts et retrouver leur rang perdu au
cours du XIX° siècle de première puissance économique mondiale.
Quoiqu’il en soit, les défis pour
tous les pays de la planète sont immenses comme nous le rappelle fort justement
et à propos cet ouvrage toujours aussi intéressant.
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org
- L’Economie mondiale 2013,
CEPII, Editions La Découverte