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mardi 25 septembre 2012

L’EDITORIAL D’ALEXANDRE VATIMBELLA. La menace chinoise et les Etats-Unis


En cette période électorale aux Etats-Unis mais également de changement de direction en Chine, les tensions sont fortes entre les deux pays.
Des tensions qui sont exacerbées par l’agressivité, depuis deux ans, des autorités chinoises vis-à-vis de beaucoup d’autres pays dans le monde et plus particulièrement sur leurs voisins proches sur tout et n’importe quoi mais, essentiellement sur des différends territoriaux qui ont l’avantage de pouvoir servir d’exutoire à une population privée de son droit à la liberté d’expression, majoritairement nationaliste ainsi que traditionnellement hostile aux étrangers.
Les actuels événements entre la Chine et le Japon (mais aussi entre la Chine et le Vietnam, les Philippines, l’Inde, etc.) à propos de quelques îlots revendiqués par les deux pays sont, à ce propos, emblématiques (voir notre article sur le sujet).
Cette menace guerrière de la Chine n’est qu’une des facettes de la menace globale que la puissance asiatique fait peser sur le monde.
Il y a également la menace économique mais aussi la menace environnementale.
Quand on parle de la menace économique, cela recouvre à la fois le commerce international, les conséquences des pratiques économico-financières, les problèmes des matières premières et le type de développement suivi par la Chine.
On comprend que celle-ci veuille se développer d’autant qu’une grande partie de sa population est encore pauvre, voire très pauvre.
Néanmoins la communauté mondiale ne peut accepter que cela se fasse à son détriment.
Le contournement des règles commerciales et financières ou la volonté de ne pas se préoccuper des conséquences écologiques pour booster le plus possible sa croissance afin d’éviter au pouvoir communiste en place de perdre sa légitimité face au peuple, tout autant, que l’agressivité diplomatique et militaire, ne peuvent laisser les autres pays sans réaction et au premier rang desquels, les Etats-Unis
Face à cette menace, les Américains ont décidé après une opération main tendue sans grand résultat de signifier aux Chinois qu’ils ne se laisseraient pas faire.
Relatant un dialogue tendu entre Barack Obama, le président américain, et Hu Jintao, le président chinois, en novembre 2010, le New York Times (*) estime qu’il fut «un tournant dans la relation complexe du président (américain) avec la Chine, un voyage qui avait commercé avec espoir et accommodement mais qui est tombé dans la désillusion après que Pékin commença à montrer ses muscles sur les questions commerciales et militaires, prouvant être un partenaire agressif sur nombre de problèmes mondiaux».
Renforcement militaire en Mer de Chine, plaintes devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce), politique diplomatique volontariste vis-à-vis des alliés traditionnels (Japon, Thaïlande, Corée du Sud, par exemple) mais aussi des nouveaux (Inde, Vietnam) et des possibles (Birmanie), critiques de la politique monétaire chinoise, sont autant de signes parmi d’autres que Washington a réagi à l’impérialisme chinois qui se dessine ici ou là sous couvert d’un softpower prônant une harmonie confucianiste promu par le Parti communiste chinois ces dernières années et auquel plus personne ne croit désormais.
Bien entendu, les Etats-Unis avancent en terrain quelque peu miné.
D’une part, parce que la Chine est son plus gros créancier (même si celle-ci n’a aucun intérêt à jouer là-dessus car elle pourrait perdre une grande partie de ses réserves de change).
D’autre part, parce qu’une grave crise entre les deux pays pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la mondialisation au moment où les Américains et les Européens traversent des turbulences économiques (mais qui impacterait grandement la Chine également).
Malgré tout, il semble que nous soyons loin, dorénavant, d’un partenariat entre la Chine et les Etats-Unis, ce fameux G2 qui aurait gouverné le monde entre deux puissances responsables et sachant que leur entente était bonne pour elles et le monde entier.
Néanmoins, on ne peut pas dire, non plus, que nous sommes entrés dans une ère d’affrontement paroxystique entre Pékin et Washington.
D’abord parce qu’aucun des deux pays ne peut se le permettre, ni n’a les moyens de cet affrontement et n’en retira pas forcément un avantage.
Ensuite parce que la puissance militaire chinoise est toute virtuelle pour l’instant. Les experts en la matière, malgré le nombre de soldats, malgré la modernisation des matériels et le récent lancement du premier porte-avions «made in China», estiment pour la plupart que ses capacités sont loin d’être démontrées.
Reste que la concurrence ne va certainement pas s’amenuiser car les deux pays ont une position à défendre: les Etats-Unis, celle de première puissance mondiale, la Chine, celle du retour à son «rang légitime», de sa puissance et de sa capacité de plus en plus grande à influencer le monde.
La seule inconnue, cependant, et elle est de taille, consiste à apprécier la sagesse d’un pouvoir autoritaire quand il se sent, sans pour autant que cela reflète la réalité, à la fois, assez fort vis-à-vis de l’extérieur et, en même temps, menacé de l’intérieur. Ici, l’histoire ne donne guère de motifs d’optimisme…
Alexandre Vatimbella
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