En cette période électorale aux
Etats-Unis mais également de changement de direction en Chine, les tensions
sont fortes entre les deux pays.
Des tensions qui sont exacerbées
par l’agressivité, depuis deux ans, des autorités chinoises vis-à-vis de
beaucoup d’autres pays dans le monde et plus particulièrement sur leurs voisins
proches sur tout et n’importe quoi mais, essentiellement sur des différends
territoriaux qui ont l’avantage de pouvoir servir d’exutoire à une population
privée de son droit à la liberté d’expression, majoritairement nationaliste ainsi
que traditionnellement hostile aux étrangers.
Les actuels événements entre la
Chine et le Japon (mais aussi entre la Chine et le Vietnam, les Philippines, l’Inde,
etc.) à propos de quelques îlots revendiqués par les deux pays sont, à ce
propos, emblématiques (voir notre article sur le sujet).
Cette menace guerrière de la
Chine n’est qu’une des facettes de la menace globale que la puissance asiatique
fait peser sur le monde.
Il y a également la menace
économique mais aussi la menace environnementale.
Quand on parle de la menace
économique, cela recouvre à la fois le commerce international, les conséquences
des pratiques économico-financières, les problèmes des matières premières et le
type de développement suivi par la Chine.
On comprend que celle-ci veuille
se développer d’autant qu’une grande partie de sa population est encore pauvre,
voire très pauvre.
Néanmoins la communauté mondiale
ne peut accepter que cela se fasse à son détriment.
Le contournement des règles
commerciales et financières ou la volonté de ne pas se préoccuper des
conséquences écologiques pour booster le plus possible sa croissance afin d’éviter
au pouvoir communiste en place de perdre sa légitimité face au peuple, tout
autant, que l’agressivité diplomatique et militaire, ne peuvent laisser les
autres pays sans réaction et au premier rang desquels, les Etats-Unis
Face à cette menace, les Américains
ont décidé après une opération main tendue sans grand résultat de signifier aux
Chinois qu’ils ne se laisseraient pas faire.
Relatant un dialogue tendu entre
Barack Obama, le président américain, et Hu Jintao, le président chinois, en
novembre 2010, le New York Times (*) estime qu’il fut «un tournant dans la
relation complexe du président (américain) avec la Chine, un voyage qui avait
commercé avec espoir et accommodement mais qui est tombé dans la désillusion
après que Pékin commença à montrer ses muscles sur les questions commerciales
et militaires, prouvant être un partenaire agressif sur nombre de problèmes mondiaux».
Renforcement militaire en Mer de
Chine, plaintes devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce), politique diplomatique
volontariste vis-à-vis des alliés traditionnels (Japon, Thaïlande, Corée du Sud,
par exemple) mais aussi des nouveaux (Inde, Vietnam) et des possibles
(Birmanie), critiques de la politique monétaire chinoise, sont autant de signes
parmi d’autres que Washington a réagi à l’impérialisme chinois qui se dessine
ici ou là sous couvert d’un softpower prônant une harmonie confucianiste promu
par le Parti communiste chinois ces dernières années et auquel plus personne ne
croit désormais.
Bien entendu, les Etats-Unis
avancent en terrain quelque peu miné.
D’une part, parce que la Chine
est son plus gros créancier (même si celle-ci n’a aucun intérêt à jouer
là-dessus car elle pourrait perdre une grande partie de ses réserves de
change).
D’autre part, parce qu’une grave
crise entre les deux pays pourraient avoir des conséquences désastreuses sur la
mondialisation au moment où les Américains et les Européens traversent des
turbulences économiques (mais qui impacterait grandement la Chine également).
Malgré tout, il semble que nous
soyons loin, dorénavant, d’un partenariat entre la Chine et les Etats-Unis, ce
fameux G2 qui aurait gouverné le monde entre deux puissances responsables et
sachant que leur entente était bonne pour elles et le monde entier.
Néanmoins, on ne peut pas dire,
non plus, que nous sommes entrés dans une ère d’affrontement paroxystique entre
Pékin et Washington.
D’abord parce qu’aucun des deux
pays ne peut se le permettre, ni n’a les moyens de cet affrontement et n’en
retira pas forcément un avantage.
Ensuite parce que la puissance
militaire chinoise est toute virtuelle pour l’instant. Les experts en la
matière, malgré le nombre de soldats, malgré la modernisation des matériels et
le récent lancement du premier porte-avions «made in China», estiment pour la
plupart que ses capacités sont loin d’être démontrées.
Reste que la concurrence ne va
certainement pas s’amenuiser car les deux pays ont une position à défendre: les
Etats-Unis, celle de première puissance mondiale, la Chine, celle du retour à
son «rang légitime», de sa puissance et de sa capacité de plus en plus grande à
influencer le monde.
La seule inconnue, cependant, et
elle est de taille, consiste à apprécier la sagesse d’un pouvoir autoritaire
quand il se sent, sans pour autant que cela reflète la réalité, à la fois,
assez fort vis-à-vis de l’extérieur et, en même temps, menacé de l’intérieur.
Ici, l’histoire ne donne guère de motifs d’optimisme…
Alexandre Vatimbella
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