Les annonces sur les mauvaises
récoltes aux quatre coins de la planète se multiplient. Que ce soit aux
Etats-Unis où une sécheresse jamais vue depuis cinquante-six ans frappe très
durement une grande majorité d’Etats. Que ce soit en Inde où les pluies de la
dernière mousson n’ont pas été à la hauteur escomptée alors que, tout comme en
Amérique, les stocks sont au plus bas. Que ce soit en Russie ou en Ukraine où
les récoltes de blé sont décevantes. Que ce soit en Europe et notamment en
France où le mauvais temps de la fin du printemps et de la première partie de
l’été a été très dommageable pour certains fruits et légumes ainsi que pour les
pommes de terre, entre autres.
Même si cela va impacter ces pays
et leurs populations respectives (plus d’exportations et des prix à la hausse
des denrées alimentaires aux Etats-Unis, par exemple), ce sont bien sûr les
plus pauvres qui vont une nouvelle fois souffrir parce qu’ils n’auront pas les
moyens de s’aligner sur les plus riches pour se fournir en nourriture et qu’il
y en aura pas assez pour tout le monde pour manger à sa faim, c’est-à-dire avec
des rations suffisantes.
Déjà, les médias parlent du
spectre des émeutes de la faim qui se déroulèrent en 2007 et 2008 dans
plusieurs pays du monde, notamment en Afrique et dans le Maghreb et qui, pour
certains, ont été les prémisses de ce Printemps arabe qui fut à l’origine de la
chute des régimes autocratiques en Tunisie puis en Libye ainsi qu’en Egypte et
peut-être demain en Syrie.
Les conséquences au niveau de la
mondialisation risquent donc d’être d’une grande importance.
La plus préoccupante est
évidemment la détresse des populations notamment dans les pays en développement
mais aussi dans les pays émergents comme en Inde.
Il y aura aussi la baisse des revenus
des agriculteurs qui pourraient dans certains cas les conduire à un endettement
insupportable, voire à une précarisation durable.
Si ces phénomènes climatiques
doivent se reproduire dans les années à venir du fait du réchauffement de la
terre (qu’il soit ou non lié à l’activité de l’homme, celui-ci est une
évidence), il va falloir s’adapter et vite.
Mais il va aussi falloir
réfléchir à notre modèle de développement et à cette idée qu’une économie est d’autant
plus forte qu’elle a une population importante, que ce soit pour travailler ou
consommer.
Ainsi, le débat a récemment été
relancé en Chine sur la politique de l’enfant unique mise en place pour éviter
la croissance exponentielle de la population.
On sait que le nombre de Chinois âgés
de plus de soixante ans va exploser dans les années à venir et il va falloir
payer leurs retraites et les remplacer dans leurs emplois.
Deux possibilités s’offrent aux
autorités de Pékin: soit demander à leurs compatriotes de constituer des
familles nombreuses, soit ouvrir les portes à l’immigration venue des autres
pays d’Asie mais aussi d’Afrique.
La dernière éventualité n’est pas
à l’ordre du jour dans un pays qui n’apprécie guère l’étranger en général,
notamment celui qui s’installe chez lui.
Cependant, la première pourrait
être lourde de conséquences.
La Chine est déjà en surrégime et
elle a besoin, pour offrir un minimum décent à toute sa population de plus en
plus de matières premières (il n’y a guère de semaine sans l’annonce d’une
explosion de sa demande dans tel ou tel secteur), de plus en plus de richesses,
ce qui n’est guère possible sans une révolution technologique qui n’a pas
encore eu lieu, en particulier dans le domaine énergétique, ou sans piocher
dans le pot mondial une plus grande partie des réserves de la planète.
Et encore, cela ne sera sans
doute pas suffisant.
Les responsables chinois, quand
ils veulent vraiment parler des problèmes essentiels de leur pays sans langue
de bois, estiment qu’ils sont capables actuellement de vraiment sortir
durablement de la pauvreté 500 millions de personnes.
Faites le calcul, il en reste 800
millions qui auront beaucoup plus de mal à obtenir une part équitable du gâteau
ou une part tout court.
Si l’on y rajoute, en plus, une
nouvelle génération nombreuse, les problèmes ne feront que s’accumuler avec des
répercussions dans le monde entier, évidemment.
Le génie de l’homme, parait-il, a
été de trouver des solutions avant l’effondrement final plusieurs fois
programmé et annoncé par des déclinologues et autres prophètes de malheur.
C’est que ce que beaucoup
attendent de la science et de la technologie pour contrer le réchauffement
climatique et pour trouver une place décente à une population mondiale plus
importante.
Mais, loin de jouer le malthusien
rabat-joie, je rappelle que l’on sait aussi, depuis nombre de travaux d’historiens,
que les civilisations peuvent disparaître, parfois à cause de leurs propres
erreurs.
A bonne entendeur…
Alexandre Vatimbella
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