Il est loin le temps où la Californie avait demandé et
obtenu du gouvernement fédéral une limitation drastique de l’émigration
chinoise aux Etats-Unis.
Même si le fameux quartier de Chinatown à San Francisco
demeure un des emblèmes de la ville, la méfiance a duré longtemps.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui, d’autant que les
populations asiatiques sont celles qui s’intègrent le mieux dans le melting-pot
américain.
Et puis, l’Empire du Milieu n’est plus en déliquescence
comme à la fin du XIX° siècle et au début du XX° mais est redevenu un des
principaux acteurs dans une mondialisation qui touche tous les secteurs.
Voilà pourquoi, un emblème, cette fois-ci de Los Angeles,
Hollywood, fait les yeux doux aux Chinois, qu’ils soient producteurs,
financiers, spectateurs et, bien évidemment, dirigeants politiques.
Car le marché du cinéma en Chine est un eldorado que Pékin préserve
encore largement pour sa propre industrie cinématographique en édictant des
interdictions et des réglementations uniquement à l’encontre des films
étrangers et évidemment américains.
Sans oublier que les films occidentaux, dont les films venus
des Etats-Unis, vantent un peu trop la liberté et la démocratie pour espérer
plaire aux caciques du Parti communiste et à leurs sbires de la censure.
Du coup, le quota des films étrangers pouvant être projetés
dans les salles chinoises est extrêmement bas, au mépris de toutes les règles
de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
On peut tenter de le contourner en faisant de la coproduction
avec des Chinois qui, évidemment, empochent, au passage, beaucoup d’argent.
En faisant cela on peut même trouver des financements
additionnels.
Résultat, les Chinois ainsi que la Chine sont de plus en
plus présents dans les films américains et sont désormais présentés sous un
jour positif.
Un récent reportage du Los Angeles Times révèle même qu’un
film, une fois le tournage terminé, a été complété avec des scènes et une
histoire secondaire tournée en Chine avec des Chinois afin de contenter un
investisseur chinois, d’en trouver éventuellement d’autres et d’avoir la
possibilité d’être diffusé en Chine.
Le projet de rajout a finalement capoté à cause d’une ONG
spécialisée dans les droits de l’homme au grand dam de la maison de production
américaine.
Cette histoire illustre bien la manière dont Hollywood
traite le marché chinois.
Au-delà de la prochaine coproduction de Disney avec des Chinois
pour le troisième opus de la saga «Iron man» dont on a beaucoup parlé dans les
médias, les Américains acceptent toutes les coupes «politiques» de la censure
chinoise afin de pouvoir pénétrer ce gigantesque marché.
Ce fut le cas pour le même Disney à propos d’un des épisodes
de «Pirates des Caraïbes» où les scènes dans lesquelles apparaissait un pirate
chinois à l’air trop méchant furent supprimées…
Plus grave, l’industrie du cinéma américaine et ceux qui y
travaillent semblent avoir mis en place une certaine autocensure ainsi qu’une
grille de présentation de la Chine et des Chinois excessivement positive,
évitant évidemment toute critique du système politique ou toute mention des
problèmes sociaux afin de ne pas déplaire aux autorités du pays.
Par ricochet, les spectateurs du monde entier qui voient ces
films américains, se retrouvent avec, si ce n’est de la propagande prochinoise,
une promotion de la Chine qui, en plus bride ou travestit des œuvres sensées
être artistiques.
Bon, bien sûr, Hollywood n’a jamais été un endroit d’une
grande pureté morale lorsqu’il s’agit d’affaires de gros sous.
La façon de traiter la Chine nous rappelle que les bonnes
vieilles recettes y sont toujours appliquées …
Alexandre Vatimbella
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