Yahoo! va mal et licencie pendant que Facebook se porte comme un charme et rachète Instagram pour un milliard de dollars alors que la valorisation boursière de la société de Mark Zuckerberg pourrait être de 100 milliards de dollars lors de sa prochaine introduction en bourse.
La toute première vedette de la toile en grande difficulté, à la recherche d’un nouveau modèle de développement, pendant que la nouvelle pavoise et bouscule tout sur son chemin, voilà qui illustre bien cette fameuse et nécessaire destruction créatrice mise en lumière par Joseph Schumpeter où l’innovation permet à la nouveauté de supplanter l’ancien obsolète et de produire de la croissance économique.
Mais que les amoureux de Yahoo! se rassurent, le portail internet et ses multiples déclinaisons ne sont pas encore menacés de disparition (ou de rachat par les Chinois) malgré l’adoption d’un plan draconien d’économies de 375 millions de dollars qui vient de mettre au chômage 2.000 de ses employés. Yahoo a encore de beaux restes et pourrait très bien renaître de ses cendres même si son moteur de recherche est aujourd’hui supplanté largement par Google mais aussi par Bing de Microsoft.
Comme l’explique Scott Thompson, son nouveau PDG, «nous voulons créer un nouveau Yahoo! plus petit, plus agile, plus rentable et mieux équipé pour innover aussi vite que ce que nos clients et notre industrie demande».
A l’opposé, la santé insolente de Facebook pourrait n’être que de la poudre aux yeux rappelant fâcheusement la première bulle internet à la fin des années 1990 qui implosa en mars 2000 et provoqua un krach boursier aux répercussions mondiales.
Surtout, son acquisition d’Instagram laisse sceptique. Cette petite société d’une dizaine de personnes créée en 2010 par deux étudiants de l’université californienne de Stanford, n’a, en effet, aucun chiffre d’affaire car aucun client payant. Sa seule activité est de proposer gratuitement une application pour partager des photos que l’on peut rendre «vintage», sur les réseaux sociaux…
Mais les spécialistes estiment que les trente millions de personnes qui ont déjà téléchargé cette «app» sur leur iPhone (la version Androïd vient de sortir) démontrent qu’il s’agit bien d’un mouvement de fond sur le net et donc d’un investissement intelligent de la part de Facebook pour les années à venir. Même Barack Obama a utilisé Instagram pour publier des photos sur son compte Twitter…
Pour Mark Zuckerberg, «c’est la première fois que Facebook fait l’acquisition d’une entreprise avec tant d’utilisateurs. Maintenant, nous allons pouvoir travailler encore plus étroitement avec l’équipe d’Instagram qui offre les meilleures expériences pour partager de belles images prises sur les appareils mobiles».
Reste que le prix d’un milliard de dollars laisse rêveur d’autant que la valorisation d’Instagram n’était que de 500 millions de dollars, un montant déjà astronomique par rapport à la réalité de son activité.
L’avenir dira si Zuckerberg a eu le nez creux ou s’il n’a réussi qu’à faire de deux jeunes étudiants de nouveaux riches, vraiment très riches… un peu comme lui!
Alexandre Vatimbella
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