Les Américains produisent de plus en plus de pétrole et de gaz alors qu’ils en consomment de moins en moins. Du coup, ils vont redevenir bientôt, non seulement autosuffisants, mais exportateurs de pétrole et de gaz.
Ils ont réduit leurs importations de pétrole du Golfe persique de 20% en trois ans. Et ils sont déjà exportateurs nets de produits raffinés depuis 2011. Une première depuis soixante-trois ans et la présidence d’Harry Truman!
Merci aux forages en haute mer et à l’extraction de gaz et de pétrole dans des endroits où il était trop difficile et/ou trop coûteux de le faire auparavant. La montée inexorable des prix ces dernières décennies, couplée avec l’innovation technologique permettent désormais d’entre faire un business rentable
Et, aux Etats-Unis, quand un business est rentable, il ne reste pas longtemps sans les entrepreneurs adéquats pour le prendre en main. A côté des compagnies traditionnelles, de nouveaux venus ont profité de l’occasion pour s’enrichir et devenir milliardaire.
Le plus important est que cette manne pourrait permettre au pays de retrouver une forte croissance dans les années à venir. Mais aussi une nouvelle indépendance dans ses choix diplomatiques.
Comme l’explique Michael A. Levi, un expert sur les questions énergétiques et environnementales, au New York Times, «il est évident que les décideurs en matière de politique de sécurité nationale estimeront qu’ils ont plus de flexibilité et verront le monde d’un œil différent si les Etats-Unis importent beaucoup moins de pétrole».
Pour l’homme de la rue, peu de choses ont, pour l’instant, changé. Le prix du gallon d’essence ne cesse d’augmenter, ce qui est une cause nationale dans un pays où celle-ci est absolument incontournable pour se déplacer, de faire ses courses jusqu’à partir en vacances sans oublier aller au travail ou emmener ses enfants à l’école.
Pourtant, tout va dans le sens d’une réduction continue de la consommation. Que ce soit parce que les Américains prennent moins leur voiture ou que leurs habitations sont mieux isolées. Que ce soit parce que, dans les années à venir, l’on fera de plus en plus ses courses sur internet sans se déplacer dans un magasin ou parce que tous les véhicules continueront à être moins gourmands en carburants.
La politique énergétique suivie en matière d’accroissement de la production intérieure a été initiée par George W Bush et continuée par Barack Obama. Une des raisons de ce passage de témoin qui n’avait rien d’évident et qui a été plus aisé que l’on aurait pu le penser, est que l’actuel président a du battre en retraite sur sa volonté de mettre en place une économie «verte», ne parvenant pas à imposer son plan ambitieux d’énergies propres et renouvelables au Congrès pour réduire la pollution mais aussi pour créer des millions d’emplois.
Mais, politiquement, il était aussi et surtout difficile de demander aux Américains de nouveaux sacrifices, particulièrement dans le domaine des prix de l’énergie au moment où ils étaient touchés par les conséquences de la grave crise économique et financière de 2008.
Cela ne veut pas dire que les problèmes environnementaux ont soudainement disparu, loin de là. D’autant que ces nouveaux forages et ces nouvelles techniques d’extraction sont accusés d’être particulièrement polluant et néfaste écologiquement parlant.
Par exemple, l’utilisation de grandes quantités d’eau qui permettent que briser les roches par la méthode du «fracking», où se trouvent emprisonné une partie de l’or noir est très critiquée même si l’industrie pétrolière a déjà fait des progrès en diminuant les volumes prélevés.
Ainsi, s’il n’est plus question de limiter l’exploitation de ces nouveaux gisements, les Etats-Unis seront bien obligé, comme l’explique Jay Hakes qui travailla au Département (ministère) de l’énergie sous la présidence de Bill Clinton, de travailler «en prenant en compte les problèmes environnementaux, ce qui est un défi manifeste».
La transition en être «vieilles» sources d’énergie et nouvelles pourrait donc se réaliser beaucoup plus en douceur. Et l’erreur stratégique à ne surtout pas commettre serait de la remettre à plus tard…
Alexandre Vatimbella