Depuis qu’il est le premier ministre de la Chine, Wen Jiabao a toujours essayé d’avoir, dans les limites d’un parti unique autoritaire, une parole libre et sans langue de bois, tout au moins en matière économique mais pas seulement.
Même s’il défend les grands fondamentaux de la politique économique, financière et sociale de la Chine, il a toujours pointé les risques de dérapage de celle-ci et s’est évertué à demander que des réformes soient mises en place le plus rapidement possible.
Alors qu’il va quitter la tête du pouvoir, en même temps que son compère Hu Jintao, à la fin de l’année, il vient de renouveler ses appels à prendre les mesures nécessaires. D’abord, lors de l’ouverture de la session annuelle du parlement chinois puis lors de sa clôture, cette semaine.
Il a ainsi plaidé pour une réforme politique qui s’attaque aux problèmes immenses qui attendent l’économie et qui permettent aussi de mettre en place une politique sociale plus juste. «Il est nécessaire non seulement de réformer l'économie mais également de réformer la politique, en particulier de réformer le Parti et le système de leadership de l'Etat», a-t-il déclaré.
Selon lui, la Chine souffre aujourd’hui, entre autres, d’«une distribution des revenus injuste», d’une «perte de crédibilité» et de «corruption». Et si ceux-ci et «d’autres problèmes» ne sont pas pris à bras le corps, il a estimé que «les résultats auxquels nous sommes parvenus pourraient partir en fumée. Une tragédie historique comme la Révolution culturelle pourrait se reproduire. Chaque membre du Parti et chaque cadre devraient ressentir un sentiment d'urgence».
Reste à savoir si la voix de Wen Jiabao est encore écoutée, sachant que son discours décalé par rapport à la ligne officielle n’a jamais été suivi des grandes mesures qu’il préconise depuis des années, avant même qu’il y ait un risque de voir la croissance se tasser.
Alexis Levé
© 2012 LesNouveauxMondes.org