Changement de direction politique, baisse de la croissance, problèmes structurels économiques et financiers, climat social difficile, la Chine est en train de réfléchir à voix haute (ce qui est une nouveauté) à son avenir que beaucoup de ses dirigeants jugent inquiétant si rien n’est fait pour changer la donne actuelle.
Pas un jour sans que les médias officiels ne citent un haut responsable qui est intervenu pour mettre en garde sur les défis qui se présentent au pays.
C’est Wen Jiabao qui, le premier et comme d’habitude, a sonné le tocsin. Pour sa dernière année en tant que premier ministre, il multiplie les déclarations plus ou moins alarmistes sur l’état de la société, que ce soit au niveau économique, financier, social mais aussi politique.
Sa dernière intervention a été pour s’inquiéter des entreprises d’Etat qui sont souvent des mastodontes absolument pas rentables (mais qui permettent de créer de nombreux emplois) et qui empêchent le secteur privé de jouer réellement son rôle dans la modernisation de l’appareil productif, essentiel pour que la Chine continue à progresser.
Li Keqiang, le vice-premier ministre et futur successeur du premier nommé, lui a emboîté le pas en plaidant pour une transformation du mode de croissance et une restructuration de l’économie.
De son côté, le ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, Yin Weimin, a déclaré, selon l’agence de presse officielle Xinhua, que «La Chine est confrontée à d'importants défis sur le plan de l'emploi en 2012, en raison d'un grand nombre de demandeurs d'emploi et d'un marché du travail déséquilibré».
Et la liste de telles prises de position est encore longue.
Rappelons, par ailleurs, que le gouvernement chinois a récemment approuvé un rapport de la Banque mondiale qui estime que d’importantes réformes sont nécessaires afin de permettre au pays de poursuivre son développement dans de bonnes conditions et sans crise majeure. Un document rédigé avec un think tank chinois et qui avait reçu le soutien de la plupart des plus hauts dirigeants du pays dont le vice-président Xi Jinping qui est le futur numéro un puisqu’il succédera cette année à Hu Jintao au poste de président de la république.
Néanmoins, y a-t-il un nouveau Den Xiaoping qui sera capable d’insuffler le vent nouveau nécessaire pour donner un vrai coup de pied dans la fourmilière en bousculant les situations établies, en luttant efficacement contre une corruption de plus en plus endémique et en mettant au pas une bureaucratie politique et économique qui fait de la résistance acharnée contre les atteintes à ses privilèges exorbitants?
Le futur numéro un chinois, Xi Jinpimg, sera-t-il capable de chausser les bottes du père de la révolution chinoise qui, après celle de Mao qui unifia le pays sur fond de pauvreté et de massacres, lui permit de retrouver un rang plus conforme à son histoire? Une démocratisation du pays n’est-elle pas une nécessité pour libérer les forces créatrices dont a si besoin la société chinoise?
La réponse à ces questions déterminera une part importante du futur d’une Chine moins sûre qu’auparavant de l’inéluctabilité de son avenir radieux.
Alexandre Vatimbella
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