C’est presque «historique». Le gouvernement chinois a brisé le tabou de la «croissance à au moins 8%». Depuis les années 1980, Pékin a décidé d’ériger en dogme le taux de 8% de progression minimum du PIB chaque année. Pourquoi? Tout simplement parce que Deng Xiaoping, le dirigeant emblématique du décollage économique du pays, l’avait ordonné après avoir demandé à ses conseillers de lui donner un chiffre qui n’a jamais été «scientifique» comme le raconte le Parti communiste chinois ou la plupart des commentateurs (soi-disant ce serait le niveau qui permettrait à la croissance chinoise de créer assez d’emplois pour éviter une crise sociale). Sans oublier que le chiffre 8 en Chine porte bonheur…
Et bien, pour 2012, la Chine, par la voix très officielle de son premier ministre, se base sur une croissance de 7,5%. Wen Jiabao l’a annoncé aujourd’hui lors d’un discours de politique générale.
Ces dernières semaines, pourtant, beaucoup d’instituts ou d’experts chinois étaient montés au créneau pour faire des prévisions toutes au-dessus ou égales à ces fameux 8%, manière d’être dans la ligne officielle.
Pour expliquer cette révision à la baisse, le premier ministre a indiqué qu’il s’agissait d’une volonté politique qui avait été décidée par le dernier plan quinquennal qui souhaitait mettre en place une croissance plus soutenable ainsi que pour éviter une surchauffe de l’économie. Mais il s’agit aussi et surtout de prendre en compte le ralentissement de l’économie chinoise sur fond de crise mondiale plus ou moins larvée due, entre autres, aux problèmes de la zone euro, l’Union européenne étant le premier client des entreprises chinoises.
Il se peut, évidemment, comme cela a été le cas les années précédentes, que les prévisions soient démenties par les faits (la croissance chinoise a souvent été réévaluée par rapport aux prévisions puis aux premiers chiffres publiés). Reste qu’il faut également rappeler que les statistiques chinoises souffrent toujours d’un manque de crédibilité (les gouvernements locaux, par exemple, trafiquent allégrement les chiffres pour des raisons politiques et de promotions personnelles), ce qui ne les empêche pourtant pas d’être utilisées par tous les économistes comme des données sûres et précises.
Alexandre Vatimbella
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