La dernière livraison de La Nouvelle Revue de Géopolitique (qui s’impose, au fil des numéros, comme un nouveau lieu de réflexion de qualité sur les questions internationales), rappelle fort opportunément que la mondialisation est un combat(*).
Mais un double combat. D’abord, celui qui consiste à la réguler en mettant en place des règles qui font défaut et à inventer un embryon de gouvernance mondiale qui, malgré les G20 et autres sommets, n’a aucune réalité aujourd’hui.
Ensuite, il y a le combat dans l’arène économique et politique. Car la mondialisation est tout sauf une paisible confrontation économique où le jeu serait aujourd’hui gagnant-gagnant. Si tant est, d’ailleurs, qu’il puisse l’être un jour puisque les ressources naturelles de la terre rendent impossible, actuellement, un monde de six milliards d’individus égaux en terme de bien-être et de revenus et que, en matière de commerce international, par exemple, pour qu’il y ait des «gagnants» (qui ont une balance commerciale excédentaire), il faut qu’il y ait des «perdants» (avec une balance commerciale déficitaire).
Cependant, la dure réalité de la mondialisation – qui n’est que la dure réalité, désormais «interconnectée» et «multipolaire», du monde – ne doit pas nous exonérer de tenter d’inventer des utopies pour que celles-ci, un jour, puissent servir de modèles à cette gouvernance mondiale partagée que toute personne raisonnable souhaite si elle est respectueuse et démocratique.
A ce propos on lira l’article d’Olivier Kempf «Emergence, d’une convergence économique à une divergence politique» pour se rappeler du combat qui fait rage dans l’arène, ceux qui le nient en seront les grands perdants, et, en contrepoint, on lira celui de Steve Coulon «Le nouvel équilibre mondial et les pays émergents» pour espérer que le combat pour une mondialisation humaniste voit le jour le plus rapidement possible. De quoi être ainsi un rêveur réaliste ou un pragmatiste utopique…
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org
(*) La Nouvelle Revue de Géopolitique numéro 3, janvier-mars 2012, 10€ (dossier spécial: «Les émergents vont s’imposer»)