Jusqu’à présent, les cinéphiles chinois ne pouvaient voir qu’une vingtaine de films américains par an. Non pas qu’ils n’aimaient pas les productions hollywoodiennes, ni que les producteurs américains ne s’intéressaient pas au marché chinois, bien au contraire. Celui-ci est considéré comme une sorte d’Eldorado avec ses deux milliards de dollars de chiffre d’affaire en 2011… Tout simplement, la Chine avait imposé des quotas très stricts au motif de protéger son industrie cinématographique (sans oublier que la distribution devait obligatoirement passer par la compagnie publique chinoise).
Si cette raison était en partie vraie, il y avait également, de la part du pouvoir communiste, la peur de la subversion démocratique véhiculée par de nombreux films américains (mais aussi occidentaux).
Ainsi, la Chine, non seulement, violait les accords de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) mais était une terre de prédilection de copies pirates à grande échelle, d’abord pour contenter les millions de Chinois qui voulaient voir les productions «made in USA».
D’ailleurs, après une plainte en 2007, l’OMC avait condamné la Chine en 2009 pour ces pratiques discriminatoires.
Une situation qui énervait particulièrement Hollywood, dont le lobby est très puissant aux Etats-Unis, mais aussi les autorités politiques. L’administration Obama s’était montrée particulièrement irritée à de nombreuses reprises contre ces mesures totalement discriminatoires.
Du coup, la décision de Pékin d’assouplir cette règle, en marge de la visite d’une semaine de Xi Jinping, le vice-président chinois et futur chef de l’Etat, a été saluée comme il se doit par Washington et l’industrie cinématographique américaine.
Cependant l’accord n’est pas aussi exceptionnel que les réactions dithyrambiques américaines le laissent penser. S’il prévoit une plus grande pénétration des films américains sur cinq ans, ce n’est qu’une augmentation de leur nombre de 50%, ce qui est, certes, une avancée mais qui ne permet pas à ceux-ci d’être distribués très largement, ni indépendamment, en outre, puisqu’ils continueront à être essentiellement distribué par la compagnie publique. Sans oublier que la dîme prélevée par Pékin est exorbitante, même si elle est revue à la baisse. Et certaines productions au contenu trop «politiquement incorrect» pour le pouvoir communiste resteront toujours à la frontière de l’Empire du Milieu…
Alexandre Vatimbella
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