Les Actualités sur www.ecoinfosmonde.com

mercredi 11 janvier 2012

MONDIALISATION-GEOECONOMIE-GEOPOLITIQUE. L’eau sera un enjeu majeur - sinon le majeur - du XXI° siècle


Comme le rappelle dans l’avant-propos, Alain Bauer, «l’eau est le seul élément totalement indispensable à la vie avec l’oxygène», question de bien poser le débat de cet ouvrage, «Eaux et conflictualités» (*) qui reprend les actes d’un colloque fort intéressant organisé en décembre 2010 par le Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (Csfrs), organisé par le spécialiste Franck Galland.
Ce dernier rappelle toute l’importance de la question de l’eau et de son accès en citant un expert américain, Peter Schwartz pour qui, «des confrontations militaires sont plus susceptibles d’être désormais déclenchées par un besoin désespéré de ressources naturelles, comme l’énergie, la nourriture et l’eau, que par des conflits autour de l’idéologie, de la religion ou de l’honneur national».
Parmi les contributions, on trouve celle de Loïc Fauchon, le président du Conseil mondial de l’eau, qui explique que «le temps de l’eau facile est révolu». Du coup, il faut trouver les solutions pour garantir un accès à celle-ci à toutes les populations de la planète, sachant que, selon les chiffres des Nations unies, 884 millions de personnes n’ont pas accès à une eau potable et salubre, 2,6 milliards n’ont pas accès à des services d’assainissement de base et près de 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année du fait de maladies d’origine «hydrique».
D’autant que, le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution dans laquelle elle affirme que «le droit à l’eau potable et à l’assainissement est un droit fondamental, essentiel à la pleine jouissance de la vie et à l’exercice de tous les droits de l’homme».
L’ouvrage donne ainsi de nombreuses pistes pour s’attaquer avec succès à ce défi énorme, de la coopération internationale pour distribuer l’eau équitablement quand cela est possible entre pays voisins au dessalement d’eau de mer qui est de moins en moins onéreux en passant par le recyclage des eaux usées ou une gestion plus rationnelle des réserves d’eau.
Comme le dit Loïc Fauchon, «nous n’avons plus le droit, où que ce soit dans le monde, de gaspiller l’eau, de mal la gérer, de mal la ‘gouverner’». Car si les intervenants se veulent optimistes en refusant de croire à la multiplication des fameuses «guerres de l’eau» que l’on annoncent un peu partout dans le monde au cours de ce siècle, ils n’en écartent néanmoins pas la possible survenance tout en notant que celles-ci pourraient être également des guerres civiles ou des «émeutes de la soif». Mais, jusqu’à présent, remarquent-ils, la concertation a permis d’éviter que plusieurs crises aigues se transforment en conflits militaires sans pour autant avoir résolu les questions au fond.
Surtout, si rien n’est fait le pire surviendra car, ainsi que nous commencions cet article, l’eau est indispensable à la vie… Et c’est en pratiquant l’«hydrosolidarité» mais aussi en faisant «évoluer les comportements vers des usages plus raisonnés de l’eau», comme l’explique Antoine Férot, Pdg de Veolia environnement, que l’on évitera la violence.

Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org

(*) Eaux et Conflictualités, sous la direction de Franck Galland, Ed Choiseul, 2012, 15 €