C’est mécanique. Quand un pays a un déficit de naissance de filles, il va en chercher ailleurs. Pacifiquement ou militairement. Légalement ou illégalement. C’est le cas de la Chine mais pas seulement.
L’Histoire nous informe que les pays en manque de femmes ont été des pays plus agressifs et plus belliqueux. D’une part, parce qu’il faut bien canaliser tous ces hommes qui ne trouvent pas de femmes (autrefois on les enrôlait dans l’armée). D’autre part, parce qu’ils vont chercher en dehors de leurs frontières, souvent chez leurs voisins, les femmes qui leurs manquent.
L’explosion de la criminalité dans ce domaine en Chine n’est donc pas une surprise. Mais elle est, évidemment, extrêmement préoccupante. Ainsi, comme le note avec une pointe d’euphémisme toute bureaucratique, Chen Shiqu, le directeur du bureau de répression du trafic d'êtres humains du ministère de la sécurité publique, «le nombre de femmes étrangères amenées clandestinement en Chine est sans aucun doute en hausse».
Et de préciser que «les victimes sont souvent vendues dans les régions rurales chinoises comme épouses de villageois locaux, ou contraintes à offrir des services sexuels dans des maisons de passe clandestines des régions côtières ou frontalières de la Chine, notamment dans les provinces du Guangdong et du Guangxi, ainsi qu'au Yunnan.
Selon le quotidien China Daily qui a mené l’enquête, le prix d'une femme varie entre 2 350 euros et 5 870 euros selon leur apparence, leur âge et leur nationalité.
Malheureusement, il faut s’attendre à ce que ce trafic s’intensifie dans les années à venir. Et le pire, c’est qu’il s’agit sans doute de la solution la moins mauvaise qui permettra de préserver pour la paix dans la région et dans le monde…
A noter que le même problème touche l’Inde mais que les deux géants asiatiques ne sont plus les seuls à se trouver dans cette situation explosive à terme.
Ainsi, selon Christophe Guilmoto, démographe au Centre population et développement, interrogé par l’AFP, l’élimination prénatale des filles se déroulent désormais - et grâce aux techniques permettant de connaître le fœtus de l’embryon de plus en plus sophistiquées - dans des pays comme la Géorgie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie, l'Albanie, le Kosovo, le Monténégro et la Macédoine. Et le chercheur prédit que tous les pays du Moyen-Orient seront touchés dans les années à venir!
Voilà bien une question qui mérite qu’elle soit prise en compte au niveau mondial.
Alexandre Vatimbella
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