L’Inde va-t-elle enfin autoriser les hypermarchés européens et américains sur son territoire? Oui, si la loi présentée bientôt au Parlement est votée.
L’Inde a lutté des années durant afin d’interdire, au mépris de toutes les règles de concurrence, l’accès à son marché intérieur à la grande distribution étrangère. Elle a failli céder plusieurs fois mais quand il y a eu infléchissements, ils sont demeurés limités (autorisation des centrales d’achat, co-entreprises avec actionnaires majoritaires indiens, etc.).
Il faut dire qu’une partie significative la base électorale de tous les partis n’est pas favorable à cette libéralisation du commerce de détail. Constituée de petits commerçants et de tous ceux dont les activités professionnelles gravitent autour du tissu de petits magasins d’alimentation à travers le pays, elle lutte contre l’implantation des grandes surfaces qui pourraient, à terme, entraîner leur disparition.
Mais l’Inde a aussi un besoin urgent de se moderniser et de permettre à sa classe moyenne de plus en plus revendicative et, surtout, aux plus pauvres de trouver des produits pas chers, notamment dans l’alimentation tout en assurant une forte croissance de l’économie afin de sortir la grande majorité de sa population du sous-développement.
Or, le pays est confronté depuis toujours à un grave dilemme. Quant la croissance est faible, l’inflation est peu élevée. Quant la croissance est forte, les prix grimpent immédiatement.
Dès lors, les pouvoirs publics jonglent, avec des résultats mitigés, entre des mesures de soutien et de relance de l’activité et des mesures afin de tenter de contrôler l’inflation. Ce qui grève le développement du pays, notamment par rapport à son voisin, la Chine.
Du coup, l’ouverture de son commerce de détail pourrait résoudre cette quadrature du cercle particulière à l’Inde et qui gangrène son économie et sa politique.
Les entreprises et les milieux d’affaires ne s’y sont pas trompés en saluant cette loi pendant que l’opposition (mais aussi des députés de la majorité) montait au créneau pour la dénoncer, tout comme, évidemment, les représentants des petits commerçants.
Si elle est adoptée, on devrait voir dans les mois et les années qui viennent des enseignes comme Carrefour ou Wal Mart essaimer partout en Inde.
Louis-Jean de Hesselin
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