La Nouvelle Revue Géopolitique consacre un article sur l’utilisation des médias par les adversaires de l’Occident pour le décrédibiliser et le délégitimer. Avec succès.
La propagande a toujours avancé sous le masque de l’information. Elle est une arme dont ont usé et abusé les adversaires des démocraties occidentales pour les déstabiliser et pour délégitimer leurs combats.
A l’ère de la médiatisation mondialisée, elle s’est insinuée partout, gangrène les médias grâce à une plus grande sophistication dans les techniques de communication et à une capacité de désinformation accrue ainsi que par l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux.
Comme le rappelle l’article de Christian Harbulot, «Les démocraties occidentales face à la guerre de l’information» dans le dernier numéro de la Nouvelle Revue de Géopolitique dirigée par Jeremy Ghez, elle a remporté de belles victoires, de l’Algérie au Vietnam en passant par l’Afghanistan auxquels il faut ajouter des conflits comme celui du Rwanda.
Le Vietnam est d’ailleurs un cas d’école. Tout comme en Algérie, et encore plus, l’armée occidentale présente, en l’occurrence celle des Etats-Unis a remporté, sur le terrain, une victoire écrasante mais elle a perdu la bataille des médias. Du coup, dans l’histoire de l’Humanité, la guerre du Vietnam est une défaite de l’Amérique tout comme la guerre d’Algérie est une défaite de la France.
Cela pose la question de l’information et surtout de la désinformation véhiculées par les médias, notamment occidentaux. Car c’est bien là que se joue principalement l’affrontement. Tout simplement parce que l’Occident a dominé le monde (et continue à le dominer en termes militaires et économiques) et qu’il est doté d’une presse libre, donc capable de dire ce que les autorités ne veulent pas que l’on dise et d’être influencée par des campagnes de communication bien menées.
Mais la guerre de l’information n’est pas monolithique. Elle est même multi-domaines. Elle se joue sur le plan militaire, sur le plan politique et sur le plan économique. Si les mêmes outils sont utilisés, les finalités ne sont pas toujours les mêmes, ce que ne pointe pas suffisamment l’article.
De même, il faut distinguer celle qui se joue en temps de guerre et celle qui se déroule en temps de paix. La première consiste à décrédibiliser l’ennemi ou ses alliés pour les déstabiliser et, en sens inverse, pour légitimer un combat. La deuxième consiste à gagner l’estime des peuples en se posant en défenseur de la vérité mais aussi de tous les opprimés du monde. Dans le premier cas, on trouve la guerre du Vietnam et dans le second la guerre froide menée par l’Union soviétique.
Pour Christian Harbulot, «la matrice de la guerre de l’information née de la révolution russe est fondée sur la recherche systématique de l’avantage décisif en termes de légitimité». Il ajoute, «cette matrice a enfermé les démocraties occidentales dans des discours justificatifs».
Un système démocratique demeure plus perméable à cette offensive que des régimes autoritaires voire des dictatures où l’information est contrôlée et censurée dès qu’elle n’est pas «politiquement correct». Pour autant, Christian Harbulot estime que les Occidentaux ont réagi, notamment les Etats-Unis qui «ont développé des guerres de l’information à vocation géopolitique». Il cite les révolutions non-violentes qui ont eu lieu au début des années 2000, en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizstan.
Le défi est à la hauteur de la tâche. D’autant que, selon Christian Harbulot, avec qui on partage le constat, «on peut perdre une guerre parce qu’un camp a eu l’intelligence d’instrumentaliser les journalistes de l’autre camp».
Alexandre Vatimbella
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La Nouvelle Revue Géopolitique, octobre-décembre 2011, 10€